Le monde a les yeux rivés sur l’Ukraine. L’Arménie, déjà en proie à une guerre contre l’Azerbaïdjan et la Turquie, est indirectement victime du champ de bataille ukrainien. Un génocide menace le Haut-Karabagh. L’alliance contre nature de l’UE et de la Turquie est riche en conséquences dévastatrices pour l’Arménie. Erdogan livre des armes à l’Azerbaïdjan. Femmes, enfants et personnes âgées arméniens sont ainsi massacrés. Comme du bétail.
Et nous, le monde occidental, nous regardons ailleurs, surtout sur l’Ukraine. Une aide n’exclut pas forcément une autre. Nous pouvons aider l’Ukraine et l’Arménie. Une prise de conscience du problème serait un début: il y a ce conflit au Karabagh. Les Arméniens sont coupés de l’approvisionnement alimentaire en raison de leur simple appartenance nationale et ethnique. Comme les Ukrainiens dans les années 1930. Il y a un risque d’holodomor en Arménie, un génocide par affamement ciblé de milliers de civils.
L’Arménie est trop pauvre en ressources naturelles et trop petite territorialement pour intéresser d’emblée l’UE. Mais les habitants de l’Europe peuvent regarder et pousser les politiques à agir. L’Arménie est maintenue sous perfusion par la Russie de Poutine. Or, le pays reçoit trop d’aide de Moscou pour mourir, trop peu pour survivre.
Il ne s’agit pas d’une surenchère entre pays en difficulté. L’Arménie a besoin de l’Europe. La presse et l’opinion publique critique pourraient faire un premier pas dans ce sens: mettre davantage l’accent sur le conflit. Le „corridor de Lachine“, qui relie le centre de l’Arménie à Stepanakert, est bloqué depuis quatre semaines. Les habitants du Haut-Karabagh souffrent de la faim: „Grocery stores have almost entirely run out of sugar, salt, wheat etc.“, peut-on lire le 4 janvier sur www.armenianweekly.com. Le 6 janvier, la BBC en a également parlé (www.bbc.com/news/world-europe-64174164.amp).
Sur le site www.armenpress.am, l’on peut consulter un article du 13 janvier relatif à une intervention arménienne auprès des Nations Unies. Le gouvernement arménien a déposé une demande auprès de l’ONU: „The Armenian Permanent Representative underscored the importance of resolute actions by the UN to prevent the humanitarian disaster and Azerbaijan’s despotic plans on subjecting the population of Nagorno Karabakh to ethnic cleansing.“ Il est donc à craindre que les habitants du Karabagh soient victimes d’une épuration ethnique. Et ce sous le couvert d’un blocage du corridor orchestré par l’Azerbaïdjan et la Turquie. Les Arméniens vivant au Karabagh doivent, dans cette optique cynique, être systématiquement affamés et contraints de quitter la région. Cela constitue une tentative de génocide et un crime de guerre. L’Europe et l’Occident tout entier ne doivent plus détourner leur regard.
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