Mais d’ores et déjà, Marine le Pen a gagné son pari avec son équipe qui a préparé soigneusement et avec une rigueur d’une minutie sans pareille l’ascension de ce qu’elle appelle désormais avec une habileté dangereuse son „mouvement national“.
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Le choix des mots est pour le FN aussi important que celui de ses têtes de listes. Et en la matière, la fille est infiniment plus astucieuse que le papa. Tous ou presque font jeunes ou le sont. L’entourage proche de la présidente sort des meilleures écoles et universités. Ensemble ils jouent la carte de la proximité des électeurs, ayant bien compris que les élus des partis traditionnels ont décollé depuis belle lurette. Parce qu’ils ont compris qu’il s’est installé en France un sentiment de mal-être généralisé, ils ratissent large, d’où le vocabulaire populaire, les théories populistes, les arguments simplistes qui reprennent ceux de la rue.
Les classes moyennes sont frustrées? Alors vivement les baisses d’impôts. Les plus âgés ont peur? Pour eux, les messages sécuritaires, la „France aux Français“. Les familles désespèrent du chômage des jeunes? Finir l’immigration et les places „piquées“ par les étrangers. Oubliée la nécessité d’exporter, oublié l’emploi transfrontalier, oublié le fait qu’une France fermée serait vite un camp retranché à ciel ouvert, oublié celui qu’elle a contracté des obligations et engagements internationaux, oublié qu’elle commerce avec ses voisins de l’Union économique, oublié que le retour au franc serait un fiasco, etc., etc.
Chez Le Pen et Cie, on parle „peuple“ et on argue „peuple“. Que cela tienne la route ou pas. On tait même le fait qu’en vérité, un président de région dépend des budgets alloués par Paris, doit composer avec les autres régionaux de l’étape et surtout qu’il est avant tout le gestionnaire des écoles, transports et autres infrastructures plus qu’un politique de haut vol.
Le fait est que Marine la bleue vise plus haut, cible l’Elysée. Avec la complicité de la droite et de la gauche. Nicolas Sarkozy croit avoir une revanche à prendre. Sa cible identifiée est donc le PS, d’où sa décision d’affaiblir vaille que vaille des socialistes qui, vu le contexte, l’ont plutôt échappé belle au premier tour de l’élection régionale. Contrairement à Alain Juppé et à François Fillon, Sarkozy et son fan club féminin préféreraient une victoire extrémiste qu’un succès de gauche. Il faut dire que les socialistes et leur état-major faiblard l’aide à qui mieux mieux. Certes, ladite „rue de Solférino“ prétend barrer la route au clan Le Pen en retirant ses listes dans trois grandes régions. Comme s’il y avait, notamment en PACA, une réelle différence entre Christian Estrosi et Marion Maréchal-Le Pen. Au PS, on fait semblant d’ignorer que de Marseille à Menton, le terrain pour la victoire a été défriché depuis une dizaine d’années au moins, notamment par la droite classique qui a tant flirté avec les thèses extrémistes qu’elle a fini par oublier que généralement, les gens préfèrent l’original à la copie. Les divisions de la gauche locale auront été, elles, légendaires sur cette rive de la Méditerranée …
Dans le Grand Est, Jean-Pierre Masseret n’a pas cédé. Il sera candidat. Faut-il rappeler qu’à défaut de liste, il y a défaut d’élus? Or, en l’absence de représentation politique dans une quelconque assemblée, fût-ce sur les bancs de l’opposition, on n’infléchit rien, n’influence rien et on n’a accès à aucun dossier. Est-ce vraiment bon? A Paris, du côté du chic 5e arrondissement, les énarques ont sûrement médité la chose.
En attendant, les hauts grades du Front national rigolent. Ils doivent se réjouir des erreurs des tacticiens de gauche et de droite, apôtres et champions d’une politique d’austérité inventée dans des think tanks discrets. Politique qui frustre et inquiète les classes moyennes, confirme aux pauvres qu’ils le resteront et fait que les uns et les autres votent pour ce qu’ils croient être l’unique alternative.
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