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De l’enfer à l’enfer?

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Toute maison doit être commune

Singulier contraste que ce paysage tranquille, serein, campagnard et ces images de mort, de boue, de sang si bien retracées à Douaumont, témoignages d’un monde et d’une sauvagerie humaine que l’on aimerait croire à jamais disparus. … Cent ans.

Les jeunes de l’époque voulaient combattre, les uns pour faire la guerre, drogués au nationalisme, au fanatisme, aux thèses impérialistes; les autres pour défendre leur pays. Aucun d’entre eux n’était lacrymal comme on l’est beaucoup aujourd’hui, mais bien vite il fallait du courage à tous pour affronter l’enfer sur terre.

En quelque 300 jours, 162.000 Français furent tués et 143.000 Allemands. Verdun a sauvé Paris et des villages entiers rasés. L’empire allemand voulait la guerre et cette dernière ne fut pas un concours de circonstances comme cela a été dit bien longtemps. Il voulait épandre, s’élargir vers l’Est où d’ailleurs le régime se livrait à des exactions effrayantes dans les régions occupées. Déjà, oui, l’armée parlait de la „Sonderart“ de la population juive en Pologne, en Russie, prémisse de l’Holocauste qui allait suivre. Les 14.000 prisonniers de guerre musulmans, combattant aux côtés de la France, devraient eux subir un lavage de cerveaux afin de faire le djihad contre les Alliés. Vocabulaire qui lui aussi a une drôle de résonance aujourd’hui.

Un monde en désordre; évanescence des pouvoirs en place, des empires (austro-hongrois, ottoman). En 1914, l’Allemagne mettait tout en œuvre pour compromettre la Russie comme en témoigne un télégramme du chancelier von Bethmann à l’empereur Guillaume II le 26 juin 1914. A Berlin, on rêvait de la Crimée … et on planifiait l’expédition d’Afghanistan … Double échec!

Cent ans seulement. Un siècle. Et deux guerres mondiales, des dictatures de l’Italie à l’Espagne
et au Portugal, des guerres d’Indochine, d’Inde, d’Afghanistan, d’Israël, de Palestine, du Liban, d’Iraq, de Syrie, du Soudan, de Libye, l’apartheid longtemps tolérée, l’Afrique mutilée, l’Amérique du Sud laissée aux mains de sanguinaires tyrans.
L’Europe ne fut pas aussi glorieuse qu’elle ne se présente depuis que Charles de Gaulle y a œuvré avec Konrad Adenauer à lui faire retrouver son honneur perdu; la réconciliation franco-allemande marquant le départ de la construction de cette „Maison commune“ qu’est devenue l’Union européenne.

Mais l’est-elle vraiment?

Tout doucement, on s’aperçoit que l’on n’aurait peut-être pas dû mettre en vitrine un Robert Schuman dont la biographie est bien moins nette qu’il n’y paraissait. L’accélération de l’histoire récente montre également que les fondements de la „Maison“ sont branlants par gros vents. La crise des réfugiés, la crise de la zone euro, la crise du chômage, la crise bancaire ont fait réapparaître des démons que l’on croyait vaincus: l’intérêt individuel, le repli, la peur qui débouche sur le nationalisme, l’appel aux frontières protectrices et protectionnistes, l’extrémisme de droite et la radicalisation à la gauche des gauches.

En marchant dans les pas du général de Gaulle et du chancelier Adenauer, ceux du président Mitterrand et du chancelier Kohl, François Hollande et Angela Merkel ont tous deux laissé percer une inquiétude. Il sera de leur responsabilité, ainsi que de tous les responsables politiques européens, d’infléchir le cap de l’Union européenne. Pour que celle-ci, qui reste la plus pacifique création du XXe siècle, reste un havre de paix et une source d’inspiration pour tous les peuples. Dans l’intérêt des enfants de la planète Terre.