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PreviewDernière étape avant le saut dans l’inconnu: la saison 23/24 aux Rotondes

Preview / Dernière étape avant le saut dans l’inconnu: la saison 23/24 aux Rotondes
Steph Meyers présente la nouvelle saison aux Rotondes (C) Tessy Troes

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Dernière année avant les transformations des Rotondes et leur „saut dans l’inconnu“, la saison 23/24 offrira son lot de belles découvertes. Profitant de l’occasion, le Tageblatt a aussi interrogé leur directeur Steph Meyers sur les défis que réserve ce renouveau encore incertain.

Alors que je m’attendais à vaillamment affronter à nouveau Yves Conrardy au badminton, discipline sportive que j’exècre autant que j’y suis exécrable, mais à une partie de laquelle je m’étais prêté lors de la conférence de presse des Rotondes de l’année dernière – avec le courage, le zèle et la dévotion qui me caractérisent quand il s’agit de recueillir des scoops pour mon lectorat –, quelle ne fut ma déception de constater que l’équipe de Steph Meyers avait troqué sa tenue de sport pour présenter, sans uniforme CFL toutefois, une nouvelle saison aux Rotondes 1, dont le cadre thématique fut inspiré par leur nouvelle expo Voie 15, qui présente un dispositif ferroviaire tout en bois blanc, sur lequel les visiteur·euses peuvent laisser leur trace artistique et dont l’inauguration de la phase deux (l’installation d’une locomotive avec trois vrais phares, qui continueront, la nuit venue, à phantomatiquement éclairer la galerie) aura lieu ce weekend avant que ce projet d’extension artistique de la Gare ne se prolonge sur le parvis des Rotondes.

En une journée où j’ai toutefois failli rater l’intégralité de mes rendez-vous à cause d’un réseau ferroviaire luxembourgeois dont il faut bien admettre que, les jours où il foire, il ne fait pas les choses à moitié, il fut pour ainsi dire symbolique que les Rotondes recoururent, après donc le setting sportif, à un dispositif ferroviaire pour présenter leur nouvelle saison, et que les différents membres de l’équipe – Laura Graser pour les arts vivants, Marc Hauser pour la programmation musique, Marc Scozzai pour les arts visuels, Yves Conrardy pour le socioculturel et Tom Karier pour les marchés – déroulèrent à la vitesse TGV, pour rester dans la métaphore ferroviaire.

Si la programmation reste comme toujours incomplète à ce stade de l’année, on peut toutefois déjà annoncer pas mal de trafic sur les voies ferroviaires culturelles: au-delà de compartiments arts vivants et „Congés annulés“ affichant complet, les autres wagons vous proposent leurs rendez-vous traditionnels, avec sept marchés, dont deux foires à disques; la Triennale Jeune Création et l’exposition sur les contes et animations mécaniques „Turn On“ dans le wagon arts visuels et, enfin, dans le wagon socioculturel, le Championnat luxembourgeois de Poetry Slam Slampionship ou encore la suite du cycle de conférences „Histoire culturelle du Luxembourg“, qui se focaliseront sur les arts du spectacle et la danse urbaine.

Surtout, si on a opté pour le blanc pour la brochure saisonnière, c’est à la fois pour „miroiter la nouvelle expo et pour évoquer un avenir qui sera un peu un saut dans l’inconnu“, nous confiait mardi Steph Meyers, le directeur des Rotondes – on vous expliquera pourquoi dans un instant, dans un souci de ne pas brûler les étapes de la conférence de presse (pour arriver de Luxembourg-Ville à Rodange, on ne passe pas non plus à Esch avant de s’être arrêté à Howald).

Pour les arts de la scène donc, la programmation est comme à son accoutumée accentuée sur le jeune, parfois le très jeune, puisque vous pourriez, pour certaines pièces, y amener vos enfants dès l’âge de six mois (il n’y a pas d’âge pour commencer l’éducation théâtrale), avec bien des productions qui s’adressent à tous les âges là où d’autres sont réservées à un public un tantinet plus âgé, comme „The Making of BERLIN“, production-phare de la saison, qui raconte la rencontre fortuite entre les artistes du groupe BERLIN et un homme âgé qui leur raconta sa carrière de régisseur de l’Opéra philharmonique de Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale et une représentation inachevée du „Crépuscule des Dieux” de Wagner – jusqu’à ce que des failles apparaissent dans le récit du vieil homme. Moins sombre, „Minuit“, la seule véritable création maison théâtrale, est une adaptation libre du „Viconte pourfendu” d’Italo Calvino en forme de concert dessiné.

De quoi ne pas vouloir partir en vacances: la nouvelle programmation des „Congés annulés“
De quoi ne pas vouloir partir en vacances: la nouvelle programmation des „Congés annulés“ (C) Eric Engel

Voies fermées pour cause de travaux?

Pour les „Congés annulés“, il y a, une fois encore, de quoi vous faire grincer des dents si vous aviez prévu de partir du 28 juillet au 23 août, puisqu’on vous proposera quelque 42 groupes et 28 DJs, dont on vous recommande de ne surtout pas rater A Place to Bury Strangers, The Murder Capital, Les Savy Fav ou encore Death and Vanilla, mais aussi de faire confiance à Marc Hauser et à Nicolas Przeor, toujours à l’affût de ce qu’il y a de nouveau et d’excitant dans des genres aussi différents que le punk hardcore (Ditz), le rock indé à connotations folk psychédélique (King Hannah), le post-punk/new-wave (Gwendoline) ou encore l’électro (Niels Orens). Ça sera aussi l’occasion de vous laisser tenter de revoir des groupes locaux que vous avez sans doute déjà vus récemment (TUYS, Francis of Delirium, The Cookie Jar Complot, Them Lights) et d’en (re)découvrir d’autres qui se sont formés assez récemment (ENGLBERT, qui profitera de l’occasion pour publier un E.P.) ou qu’on n’a pas trop vus ces derniers temps (Napoleon Gold, Autumn Sweater).

Mais revenons, si vous êtes encore là, à ce saut dans l’inconnu dont parlait Steph Meyers. Alors que les autres journalistes étaient partis, écrasés par la chaleur et une programmation culturelle trop faste pour ces temps estivaux légers, je bravai la météo et m’installai sur une banquette du quai 15 avec Steph pour en savoir un peu plus sur cet avenir incertain, dû notamment aux travaux de rénovation des Rotondes 2.

„Il y a une seule certitude: cette saison, on la fera jusqu’à la fin. A partir de là, on ne sait pas pendant combien de mois on pourra encore utiliser normalement le site. Il se peut qu’on puisse l’utiliser pendant certains moments, qu’on devra y reconceptualiser des événements, les planifier à d’autres endroits. C’est difficile parce qu’on a l’habitude de planifier bien plus en amont, pour des groupes ou des compagnies qui tournent. On est donc face à un double défi: comment planifier les saisons prochaines sans savoir où on pourra faire jouer nos événements, tout en nous demandant quelle orientation donner aux Rotondes une fois le nouveau site terminé, qui devra être en phase avec un monde et un public qui changent de plus en plus rapidement – notamment depuis l’avènement des réseaux sociaux et, récemment, l’I.A.”

Il y a, enfin, le passage des Rotondes au statut d’établissement public, transformation statuaire que Kultur | lx vient d’accomplir, qui attend aussi le TNL et qui force le directeur de planifier différemment les choses, Meyers devant présenter un budget pluriannuel sur quatre ans, ce qu’il n’a pas l’habitude de faire. „L’État a dû se montrer content sur au moins un point, puisque j’ai dit que sur les trois prochains années, je ne comptais recruter aucune personne en plus – d’abord parce l’équipe actuelle est complète, qu’elle fonctionne, qu’elle est soudée et que chacun est impliqué dans le projet Rotondes et ses évolutions, ses mutations – et ensuite parce que, quand ces transformations seront achevées, il nous faudra probablement recruter beaucoup d’un coup.”

Mais de toute façon, qui sait ce qu’il y aura dans quatre ans. „Peut-être qu’on sera en guerre avec la Russie ou qu’on sera obligé de ne plus programmer que le Lac des cygnes partout“, qui sait, ajoute-t-il avec un sourire malicieux (et un peu triste).