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Bonjour, Monsieur Kerry

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Une amitié intéressée

J’avoue humblement que j’aime bien John Kerry. Non seulement parce qu’il est bel homme, non seulement parce qu’il fait partie de ce désormais petit club de gens qui osent s’affirmer francophiles parce que pour eux le français reste une langue majeure et la France un superbe pays, non seulement parce qu’il est de cette élite américaine du côté de Boston la pro-européenne, mais aussi parce qu’il est des hommes politiques qui ont gardé certaines convictions, comme par exemple, dans son cas, son opposition à la guerre du Vietnam.

Et il fut plus que regrettable qu’en 2004, candidat à l’élection présidentielle, il perdit contre le triste George W. Bush. Le visage des Etats-Unis en fut changé et l’histoire du Moyen-Orient et celle du monde s’en ressentent encore tristement aujourd’hui. Oui, j’admets que je le préfère à sa prédécesseure Hillary Rodham Clinton. Moins dépendant des lobbies du capital, déjà parce qu’il n’en a pas besoin, sûrement par conviction, il est un secrétaire d’Etat bien en nuances.
Pas question pour autant de fermer les yeux.

John Kerry, d’origine austro-hongroise (son grand-père est né Fritz Köhn et sa grand-mère née Ida Loewe, tous deux d’origine juive convertis au catholicisme), fils d’une mère scotto-américaine élevée en Bretagne où Kerry possède toujours la maison de Saint-Briac-sur-Mer, devrait être le meilleur avocat d’une Europe et particulièrement d’une Union européenne libre car indépendante. Lui le francophone, lui le germanophone aussi, lui le voyageur cultivé. Pourtant, plus que jamais, l’UE est sous contrôle. L’OTAN sert d’instrument à Washington pour garder son hégémonie en toutes choses et notamment économiques.

La Russie est l’ennemie

Le CETA et le TTIP en témoignent et ni Obama le démocrate, ni Kerry le démocrate ne dévient de leur chemin quand il s’agit de défendre l’intérêt majeur de la superpuissance. Sciemment l’UE est poussée à s’écarter de son cousin russe, les ex-satellites soviétiques étant instrumentalisés de sorte à faciliter la tâche. De Hongrie via Varsovie à l’icône artificiellement construite qu’est l’Ukraine via les pays baltes. La Russie est l’ennemie. Les géostratèges américains le veulent ainsi. Parce qu’elle est richissime et que ses ressources naturelles sont un trésor sur lequel les Etats-Unis veulent mettre la main tôt ou tard. Cet intérêt vital là, personne ne l’entravera. L’UE doit jouer le rôle qui lui est imparti; Washington veillera.

Au Moyen-Orient aussi, les conflits demeurent. Kerry n’a pas pu faire plier Netanyahou et le peuple palestinien demeure une double victime, d’Israël et du Hamas. L’Irak vit des drames autrement plus effroyables qu’à l’époque du terrible Saddam Hussein, la Syrie est détruite, l’Afghanistan est désormais sous la double menace que représentent les talibans et Daech. Le Pakistan est une bombe ambiante dont l’explosion n’est qu’une question de temps.
Non, même sous John Kerry, la politique étrangère américaine n’a pas varié sur les „essentials“ et ne changera pas. La raison est évidente. La politique n’est que le vecteur du pouvoir et celui-ci est économique. Le sort des peuples et des individus est tout au mieux secondaire.

John Kerry devrait au moins se prononcer clairement sur un sujet gravissime, à savoir la guerre en Irak. Car s’il est clair que Tony Blair mérite de paraître devant la Cour internationale de La Haye, George W. Bush le mérite autant. Or il se trouve que les Etats-Unis privilégient le transfert d’autrui devant les juges internationaux, sans reconnaître ce tribunal pour leurs propres politiques, militaires et citoyens …