Nichée dans le Trièves, au pied du massif du Vercors, dans un écrin naturel d’une cinquantaine d’hectares qui forment un centre écologique unique en son genre (lieu de visite idéal pour cet été!), la maison d’édition française Terre Vivante propose au lecteur une abondante production éditoriale pour jardiner bio, habiter écologique, manger bien et sainement, se soigner au naturel, et pas seulement.
Une écologie pratique et en actes, c’est le credo de cette maison fondée il y a 40 ans autour d’un projet de magazine bimestriel de jardinage bio, 4 saisons, „le seul magazine qui a des jardins“, devenu aujourd’hui „la“ référence du jardiner bio. 300 titres au catalogue plus tard, la maison ne cesse d’innover avec un site internet, qui fourmille de ressources, de références et de conseils aux amateurs de jardinage, de cuisine ou de construction écologique, mais aussi avec de nouvelles collections comme „Champs d’action“, qui accompagne et éclaire l’évolution de nos modes de vie, à travers des textes engagés, à visée pédagogique et positive. Des Jardins solidaires à L’Entreprise responsable et vivante, des Carnets de WWOOFing à La Permaculture au quotidien, en passant par L’Exode urbain, particulièrement d’actualité en période de crise sanitaire, l’idée est toujours de donner du fond à des questions de société et de fournir des outils pour comprendre, s’améliorer (soi-même, les autres), partager, avancer.
Question phénomène de société, le vélo, depuis quelques années, se pose là. Pas un programme politique qui ne mentionne, avant l’élection, le nombre de kilomètres de pistes cyclables qui sera construit si … Et pourtant, les choses n’avancent pas toujours à bonne vitesse, notamment en France, où les villes – et les petites ne sont pas les mieux placées côté mobilité douce – peinent à repousser la voiture sur le bord de la chaussée pour laisser la place aux „vélotafeurs“ et autres adeptes urbains de la petite reine en milieu hostile. Réenchantons le vélo, proclame le livre de Priscilla Parard, qui vient de paraître aux éditions Terre Vivante, une bonne manière d’œuvrer collectivement en faveur d’une „mobilité libre et joyeuse“ …
Le secret? L’idée de rouler à la fois pour soi (pédaler pour se relier à soi, à l’autre et à la nature) et pour la planète, puisqu’il va sans dire que le vélo ne participe pas aux émissions à effet de serre provoquées par les moyens de transport, avec en tête du palmarès de la mobilité polluante, la voiture thermique. Faut-il alors engager une „vélorution“, comme le proposent un certain nombre de cyclistes engagés (velorution.org)? C’est probable.
Sur la base de témoignages enthousiastes et de contributions bienveillantes, le petit livre de Priscilla Parard fait le tour de la question en toute bonne humeur, évoquant aussi bien ces „vélotafeurs“, qui choisissent la bicyclette pour aller au travail par tous les temps, que les grands voyageurs, tout en égratignant au passage la mode des vélos à assistance électrique, „dont la fabrication et le traitement des batteries en fin de vie sont polluantes et énergivores.“ A vos pédales, camarades, „le vélo, c’est la joie!“
Une fois posée la bicyclette, reste à filer au jardin pour voir si l’herbe pousse, et les légumes avec elle! Telle est la vie moderne, où il faut de plus en plus s’employer à cultiver notre jardin, au sens propre comme au sens figuré du terme. Avant de se lancer, un peu d’information est souhaitable. Sur ce point, Terre Vivante vous propose bien plus d’ouvrages pratiques que vous ne pouvez l’imaginer. Du moindre effort aux acharnés de la permaculture, tout y est fait pour jardiner bien et bio.
Mais pour commencer, un peu de fact-checking ne nuit pas, même au fond du potager. Fake News au jardin, le petit livre plein de malice et d’intérêt d’Aino Adriaens, c’est la certitude de déjouer, tout en s’amusant, un certain nombre d’idées reçues sur les plantes et les animaux que les générations antérieures ont disséminées dans notre cerveau crédule.
Les moustiques pullulent dans la mare („Eh bien détrompez-vous!“); ils préfèrent le sang sucré (pas du tout, c’est la chaleur de votre corps qui les fait saliver); le nombre de points d’une coccinelle indique son âge (difficile, parce qu’elles vivent tout au plus une année … Certains vont tomber de haut!); les chauves-souris s’accrochent dans les cheveux (à quoi servirait alors leur sonar ultra-performant?); le lierre étouffe les arbres et abîme les murs (rien à voir avec le gui, qui est une plante parasite) … La liste est longue, les découvertes sonnantes et trébuchantes, le style et les dessins très réussis.
Les plus avertis des lecteurs passeront au chapitre „Eviter les confusions“, une sorte de niveau 2 des Fake News au jardin. On y apprendra comment distinguer les larves de hanneton et de cétoine (ça n’a pas l’air comme ça, mais c’est très utile quand on fait son compost), les syrphes des guêpes (plus facile d’en saisir l’intérêt), les corbeaux et les corneilles (dans les deux cas, évitez de sortir votre fusil!), et encore beaucoup d’autres animaux et de plantes … Une fois refermé l’ouvrage, on pourra enfin briller au jardin, le dernier endroit à la mode pour faire société.
Laurent Bonzon
Priscilla Parard
„Réenchantons le vélo
Pour une mobilité libre et joyeuse“
Terre Vivante, collection „Champs d’action“, 2021
96 p., 10 €
Aino Adriaens
„Fake News au jardin
Pourfendre les idées reçues, éviter les confusions“
Terre Vivante / La Salamandre, 2021
144 p., 15 €
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