La définition du moment exacte de la mort a récemment fait objet de discussions.
De Nicolas Hoffmann*
En effet, nombre d’entre nous y compris médecins, roulent toujours sur l’idée que notre cerveau ne survit au maximum que trente secondes après la fin des battements du cœur, la mort consistant, elle, dans la fin absolument rédhibitoire de l’apport d’oxygène suite à l’arrêt du cœur, lorsque ses battements ne sont pas relancés ou que l’organe refuse de réagir à ce relancement moyennant choc physique sur la poitrine, massage cardiaque externe ou chocs électriques par défibrillateur, ces engins qu’on trouve actuellement de plus en plus répandus et signalés dans les lieux publics tels que gares, aéroports etc.
Or c’est grâce aux Pr. Dreier et alteri qu’il est définitivement acquis que le processus de mort des cellules cérébrales n’est ni instantané ni bref, mais s’étire, selon les individus, sur une longueur de temps de trois à presque dix minutes.En effet, nombre d’entre nous y compris médecins, roulent toujours sur l’idée que notre cerveau ne survit au maximum que trente secondes après la fin des battements du cœur, la mort consistant, elle, dans la fin absolument rédhibitoire de l’apport d’oxygène suite à l’arrêt du cœur, lorsque ses battements ne sont pas relancés ou que l’organe refuse de réagir à ce relancement moyennant choc physique sur la poitrine, massage cardiaque externe ou chocs électriques par défibrillateur, ces engins qu’on trouve actuellement de plus en plus répandus et signalés dans les lieux publics tels que gares, aéroports etc.
Or c’est grâce aux Pr. Dreier et alteri qu’il est définitivement acquis que le processus de mort des cellules cérébrales n’est ni instantané ni bref, mais s’étire, selon les individus, sur une longueur de temps de trois à presque dix minutes.C’est aussi ce processus qui expliquerait les „near death experiences“ (expériences au voisinage de la mort), comme on nomme ces ressentis éprouvés, vus et entendus juste au moment de commencer à trépasser, par de nombreux mourants revenus de justesse de leur presque-décès par arrêt cardiaque et qui ont eu la chance d’être réanimées grâce aux techniques de relancement du cœur mentionnées ci-dessus, mourants qui ont alors littéralement vu défiler leur vie devant eux de façon ultra-rapide, tout en ayant l’impression de s’engager dans un tunnel menant vers une lumière blanche éblouissante, phénomènes que les médecins interprètent comme hallucinations pré-mortem, et lesquelles au demeurant ne sont d’ailleurs jamais décrites comme désagréables par les rescapés.
Selon J. Dreier cette vague grandissante de dépolarisation (= suppression, je l’ai dit, de l’activité électrique des neurones) prend de plus en plus d’ampleur à partir d’une ou plusieurs régions localisées plus ou moins étendues, en se propageant vers une ou plusieurs régions proches, et de celles-ci à d’autres régions proches et ainsi de suite, jusqu’à ce que in fine elle s’écroule, et avec elle le cerveau, pour mourir définitivement, ce qui signifie la fin de l’activité des cellules cérébrales, id est la mort du cerveau.
Thermodynamiques complexes
Je passe sur les phénomènes biochimiques et thermodynamiques complexes de ce processus se répercutant, je l’ai dit, obligatoirement sur la composition du milieu inter-cellulaire rendu toxique (et particulièrement sur les changements de l’entalphie, concept de la seconde loi de la thermo-dynamique et qu’on trouvera expliqués sur Wikipedia), de manière à aboutir au niveau neuronal à un mécanisme de défense de dernier ressort qui réside dans une épargne d’énergie désespérée, comparable à une véritable entrée en hibernation et bien sûr de durée limitée dans le temps, à moins qu’un nouvel apport d’oxygène salvateur n’y remédie, et si le délai n’a pas été excessif ne fasse rebondir les cellules neuronales comme si de rien n’ avait été.Maintenant un mot des techniques originales et des dispositifs astucieux avec lesquels l’équipe Dreier est arrivée à ces résultats. Au lieu de se cantonner aux expériences animales notamment chez le rat, ils se sont intéressés à une dizaine de cas humains de pathologies cérébrales gravissimes dont les lésions étaient dès le départ au-delà de toutes ressources: de gros traumatismes accidentels, des hémorragies intracérébrales massives par rupture d’anévrysme, et des ictus, ces „coups d’apoplexie“ comme on les appelait autrefois, par obstruction vasculaire in situ ou par embolie et dont aucun cas de figure n’autorisait le moindre espoir de guérison.
Or ils n’ont pas enregistré chez ces patients, objets naturellement de soins palliatifs, l’activité des neurones par électroencéphalogramme (EEG) au moyen d’électrodes fixés sur le cuir chevelu, donc à l’extérieur du crâne comme c’est l’habitude de le faire (ainsi que la loi le dispose d’ailleurs aussi en cas de don d’organe à transplanter, don éventuellement proposé par les dispositions de fin de vie d’un patient généreux et donateur potentiel), mais dans la boîte crânienne même sous la dure-mère, la plus externe et la plus solide parmi les trois enveloppes intra-boîte du cerveau, et même à l’intérieur du parenchyme cérébral, en plaçant leurs électrodes en rangs groupés au voisinage immédiat des zones lésées.
Cela bien entendu du consentement des familles et de l’équipe médicale. Dont acte.Quid de Caenorhabditis elegans, le minuscule verre de terre mentionné d’entrée? C’est une équipe de l’université de Lancaster (RU) qui a trouvé chez lui quand il meurt, par simple microscopie en lumière ultraviolette, une vague mortifère partant de sa tête à sa queue de manière comparable à la vague de dépolarisation expansive qui aboutit au silence électrique terminal chez l’homme. Se pose la question, non tranchée, d’une extrapolation possible du phénomène aux êtres des autres règnes, tout en remontant éventuellement à LUCA, hypothèse pour laquelle il semblerait y avoir de petits indices, à confirmer ou infirmer.
Les biologistes ne sont pas près de voir finir leur peine, et le paradoxe épistémologique qui veut qu’une solution acquise ouvre la porte à une masse de nouvelles problématiques se confirme une fois de plus. Il reste donc du pain sur la planche, et bien sûr aussi pour les ordino-humanoïdés, si tant sera qu’ils prennent un jour notre relève.Enfin encore un souvenir personnel. Ayant participé il y a des années à un voyage de groupe en bus dans la région de Dresde, et m’étant éloigné des autres pour aller boire un café dans l’aire de repos de très grande superficie d’une halte d’autoroute et dont le débit de boisson rempli de monde se trouvait entre une à deux minutes de marche du point de parking du car, je vis une co-voyageuse infirmière accourir vers moi toute essoufflée pour me demander que je vienne vite secourir une dame qui selon elle venait juste de mourir dans le véhicule. Lividité cadavérique et arrêt cardiaque ne faisant aucun doute, après vérification, nous avons alors, elle et moi, afin que tout fût essayé malgré le temps assez long mis pour nous alerter, pratiqué en alternance dans le couloir central et à même le plancher, et cela pendant 18 longues minutes, un massage cardiaque externe rapide avec une respiration bouche à bouche tous les 10 à 20 coups de pression forte sur le bas du sternum (le bouche à bouche n’est plus requis actuellement, la respiration artificielle dans ce contexte étant depuis plusieurs années considérée superfétatoire).
La mort cérébrale prend son temps
Pas d’arrêt jusqu’à ce que l’ambulance de réanimation mandée dès le début arrive enfin et que le choc électrique par défibrillateur dans l’ambulance réactive les battements cardiaques. Trop tard hélas, car transportée en réanimation dans un grand hôpital universitaire de Dresde, la malheureuse y décéda quelques jours plus tard, n’étant à aucun moment sortie de son coma profond: la mort cérébrale avait effectivement eu suffisamment de temps pour faire son œuvre.
Pour ne pas conclure cette contribution sur une note d’affliction et afin que, nonobstant, nous continuions tous à trouver belles nos si courtes vies, je souhaite en guise d’encouragement rappeler ici aux lecteurs l’histoire de cet ancien ministre français des armées, d’ailleurs „démissionné“ sous le président Mitterrand pour un différent d’avis en conseil des ministres, et qui devint en 1998 victime d’un accident anesthésio-allergique au curare suivi d’arrêt cardiaque. Il fut réanimé pendant au moins 59 minutes par massage cardiaque externe et chocs électriques itératifs, plus administration d’oxygène plus je ne sais quoi encore, tout cela se passant par chance au sein du célèbre Hôpital militaire du Val de Grâce à Paris.
Ce politique, qui est toujours en vie et bien, fut même plus tard candidat à la présidence de la RF, en 2002 et en 2007. Il a donc eu la chance de retrouver et sa conscience et la pleine fonctionnalité de son organisme, et cela dure toujours, car les cellules de son cerveau ont intégralement récupéré, le seuil fatal de l’anoxie terminale n’ayant jamais été franchi chez lui.Je souhaiterais par conséquent inciter tous les jeunes à apprendre le plus tôt possible les gestes sauveurs du massage cardiaque externe, d’acquisition facile, et efficaces dans les situations dans lesquelles aucun défibrillateur n’est disponible.
Et tant mieux s’il l’est: il faut alors continuer sans interruption le massage, demander à une tierce personne de décrocher l’engin et le mettre en place en suivant à la lettre son mode d’application indiqué de façon brève et claire. Déclencher ensuite le choc électrique, puis vérifier son effet, ou l’absence d’effet, et alors refaire le geste avec une intensité supérieure etc. Ne pas oublier de demander à un badaud de requérir par cellulaire l’ambulance de réanimation. Pour conclure en cette période électorale question aux candidats: qu’est-ce qui s’oppose à l’enseignement obligatoire dès le primaire de cette technique salvatrice de vies? Réponse: Rien du tout, pour moi.
* L’auteur est interniste, directeur honoraire de la Commission européenne, et ancien chef de son service médical.
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