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Tout a changé

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Evidemment, le monde a changé ce jour de janvier 2015 lorsque trois jeunes aux cerveaux bouffés par la drogue du fanatisme religieux ont froidement tué à Paris.

Oui, notre monde a été durablement bouleversé en cette sinistre soirée de novembre avec ce sang, ces corps meurtris, cet effroi sur les terrasses des cafés parisiens et dans la salle du Bataclan.
La lumière s’est assombrie, l’angoisse est devenue ambiante et l’incompréhension devant tant d’aveuglement, de brutalité sanguinaire et la joie de vivre nécessairement ternie.
A vingt ans, on est, on rêve, on escalade des montagnes – réelles ou virtuelles –, on construit des châteaux en Espagne. A vingt ans, on aide autrui, on s’engage pour ceux qui souffrent, on fait – aussi – des folies, on aime à la passion.
A vingt ans, on ne tue pas froidement, le regard sans humanité, le visage sans expression. On fait tout pour arrêter une guerre, jamais on ne la fait.

A vingt ans, on a de saines illusions, à moins que l’on ne soit pas outillé pour distinguer le bien du mal.
Les cinglés de janvier et les cinglés de novembre ne furent pas des fous de dieu. Ils étaient simplement fous, parce que faibles. Faibles au point de se laisser embrigader, démunis de force de caractère, handicapés mentaux au sens que leur entourage familial n’a pas su les préparer aux mille défis de la vie courante, la vie en société, la vie de ceux qui, un jour, ont été transplantés et n’ont jamais appris à trouver leur marque.

La pire remarque, en ces temps où les mots „intégration“ et „nationalité“ sont devenus aussi branchés que le mot „ubérisation“, que l’on puisse entendre de la bouche de quelqu’un qui a fui son pays, s’est donné un mal de chien pour obtenir une autre nationalité, se créer un nid dans un nouveau pays, de caser ses enfants dans les services paraétatiques, est la suivante: „Dans mon pays“.

Le pays dans lequel on vit, s’épanouit, travaille, construit, donc le pays qui vous accueille, vous fait sien, est votre pays. Ce qui n’empêche aucunement de se rappeler son pays „d’origine“, d’y passer des vacances, d’y garder des liens.
Les jeunes Français devenus les assassins de leurs compatriotes étaient des enfants de la République. République peut-être imparfaite, mais néanmoins à leur chevet en cas de besoin. Qui les a endoctrinés au point de leur faire croire que la mort est une finalité et non la vie, qu’un Eden de pardon et de vierges leur offrirait une deuxième chance?

L’échec des démocraties est là. Quand elles ne réussissent plus à faire éclore l’intelligence de leurs jeunes, à faire rayonner leur bonté, leur sens de la tolérance. L’échec des familles est flagrant quand celles-ci ne savent pas transmettre des valeurs, au premier rang desquelles le respect mutuel et le droit absolu de la liberté individuelle et collective.
Dire qu’aujourd’hui nous vivons en guerre, parce que des hommes sont convaincus que des livres dits saints seraient au-dessus des lois. Que deux pays, l’Arabie saoudite, une dictature, et l’Iran, une dictature, se livrent une guerre par d’autres guerres interposées au nom d’Allah. Chiites contre sunnites, sunnites contre chiites. Quelle farce grotesque!

Et nul, en Occident, ne parvient à arrêter cette barbarie, en raison d’un autre dieu: l’argent. Avec pareille philosophie, le monde sera fatalement une gigantesque vallée de larmes.

dfonck@tageblatt.lu