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Injuste frustration

Injuste frustration
(Tageblatt)

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Pas si mal lotis que ça

Pauvres de nous Luxembourgeois qui auraient un gouvernement „Gambie“, qui seraient donc une annexe d’une république islamique africaine. Oui, tristes sires et dames que nous serions qui, du haut de notre piédestal de nantis, insulterions des hommes et des femmes dont le PIB par tête d’habitant est de 384,2 dollars contre 106.729 dollars chez nous.

Nous, c’est-à-dire des citoyens victimes d’un putsch, puisque disposant d’un gouvernement „illégitime“ …

Au fait: que fait-elle donc de si terrible, notre coalition bleu-rouge-verte? Il y eut des élections et dans la foulée, des accords de coopération entre partis! Plusieurs variantes furent possibles, l’une d’elles fut retenue en bonne et due forme. Elle laisse en hors-jeu le CSV, point à la ligne. Que ce dernier se montre choqué fut de bonne guerre, mais ce ne fut pas la Guerre ni un drame. Pierre Werner aurait dit à ses pairs, s’il avait vécu, qu’une cure de régénérescence leur ferait du bien. Il n’y a plus de M. Werner et donc le mélodrame se poursuit.

Pour le Luxembourg, l’arrivée du trio fut nouveau. Et tout ce qui est inconnu détonne, surprend, déconcerte, mais ne saurait être intrinsèquement mauvais. Certes, des non-routiniers des allées du pouvoir commettront des maladresses.

Il leur manque l’expérience, la maîtrise de la communication, le bon sens populaire (et souvent populiste) et les conseillers avisés leur font défaut. Leur fait défaut une certaine qualité d’écoute comme le savoir-faire face aux lobbyistes qui entendront se servir d’eux. Oui, on peut reprocher cela aux Bettel-Schneider-Braz. Est-ce grave de faire des erreurs de jeunesse? Ou est-ce salutaire, car revivifiant?

Le premier ministre ne serait pas un homme d’Etat, entend-on à longueur de journée. Peut-être. On ne naît pas homme d’Etat; on le devient. Même Pierre Werner fut un banal grand commis à ses débuts. Jacques Santer, si jovial fût-il, ne fut ni de Gaulle ni Churchill et le „chef“ en personne, Jean-Claude Juncker ne fut pas Zeus sur son Olympe. La fin de carrière en témoigne. Son successeur désigné Luc Frieden échoua à bien des égards et commit mille erreurs. Sans que Juncker ne s’avère capable de l’arrêter à temps! Signe de force, de supériorité? Que non. Quant à la shooting star actuelle du CSV, Claude Wiseler, où serait sa stature d’homme d’Etat?

Qu’on cesse donc de ridiculiser une équipe qui, peu à peu, fait ses preuves et gère le pays dans l’intérêt collectif, alors qu’elle est confrontée aux mêmes défis et grands courants que nos pays voisins européens dans lesquels la population souffre autrement que la nôtre. Des réformes sociétales ont été menées. Même imparfaites, elles vont faire rentrer de l’air frais par les fenêtres. Les finances publiques vont bien; les acquis sociaux sont préservés. Le dialogue social existe, quitte à ce que l’on puisse débattre sur l’échec relatif de la tripartite. Souvenons-nous: cette dernière n’a-t-elle pas été tuée du temps d’un gouvernement conduit par le CSV? Si, bien sûr. Quand est-ce que le patrimoine national – Cargolux, BIL, KBL – a-t-il été bradé? N’avons-nous pas failli devenir Qatar avant Gambie?

Il y aurait trop d’étrangers, trop d’immigrés … Qui a conclu, notamment pour des raisons religieuses, les premiers grands accords pour la main-d’œuvre étrangère? Un parti appelé CSV.

Et puis de toute façon chacun devra se résoudre à œuvrer pour une cohabitation nouvelle, nul ne réussissant plus jamais à arrêter les flux migratoires. Alors, Bettel et Cie, des incapables, des poids plume?

Non, une génération autre, avec ses plus-values et ses insuffisances, son désir d’aller de l’avant et ses impatiences.
Plutôt que se perdre dans d’inutiles discussions autour du SREL et d’autres dossiers de ce type, véritable perte de temps, le Luxembourg aurait besoin de réfléchir à son destin demain, mieux, après-demain. Ce qui exige de la finesse, de la créativité, du courage, de l’enthousiasme. Autant de qualités dont dispose le gouvernement en place, quitte à incommoder ceux qui s’accrochent aux recettes et méthodes d’antan. La coalition a besoin de temps, c’est tout. Qu’on arrête de lui donner constamment des leçons, qu’on cesse de la mettre sous pression sur tout et rien et qu’on en termine avec le mépris, l’arme favorite des faibles et des frustrés.