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KlangweltenLe rock langoureux d’un Julian Casablancas: le retour des Strokes

Klangwelten / Le rock langoureux d’un Julian Casablancas: le retour des Strokes
The Strokes – The New Abnormal

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Avec „The New Abnormal“, The Strokes ressortent un nouvel album après sept ans.

On reconnaît la voix légèrement nasale du chanteur des Strokes, Julian Casablancas, au premier phonème qu’il entonne, sur le premier titre „The Adults Are Talking“ du nouvel album du groupe, „The New Abnormal“, sorti le 10 avril 2020, chez Cult et RCA Records.

Ce nouvel album, sixième album studio des Strokes, et premier album en sept ans, après le décevant „Comedown Machine“ (2013), et leur première sortie depuis le „Future Present Past“ EP (2016), a été produit par le semi-légendaire Rick Rubin (qui a produit d’AC/DC à System of a Down et les Red Hot Chili Peppers un peu tous les grands noms du rock des derniers vingt ans) et enregistré en grande partie dans son studio Shangri-La à Malibu, en Californie.

Les rumeurs sur la composition et l’enregistrement de cet album ont commencé à fuser en 2019 et début 2020, lorsque le groupe a interprété différents titres du nouvel album lors de quelques rares concerts, notamment à un rassemblement pour Bernie Sanders à Durham, dans le New Hampshire, en février 2020, aux côtés de l’imbattable Alexandria Ocasio-Cortez, ensuite, les chansons „At the Door“, „Brooklyn Bridge to Chorus“ et „Bad Decisions“ – cette dernière détonne surtout par l’utilisation d’éléments et de mélodies vocales du refrain de „Dancing with Myself“ (1980) de „Generation X“, le premier groupe de Billy Idol – sont sorties en singles avant la sortie de l’album.

Ce procédé est d’ailleurs réutilisé dans le titre „Eternal Summer“, qui reprend la mélodie vocale du refrain de „The Ghost in You“ (1984) des Psychedelic Furs. The Strokes reconnaissent les crédits d’écriture des interprètes originaux, faisant donc de ces chansons des références peu subtiles, ce qui fait parfaitement partie de leur patte, à la fois en ce qui concerne les références à leurs influences musicales, que les autoréférences à leur propre style – dans le vidéoclip officiel de „Bad Decisions“, ils inventent l’histoire d’une sorte d’émission de télé où on peut appeler pour commander et acquérir des sosies grandeur nature des différents musiciens du groupe.

Il est clair que „The New Abnormal“ est un retour à la forme pour le groupe – on reconnaît immédiatement le style de riffs de guitare en duel des albums précédents – mais, avec le risque d’entamer la ritournelle connue du „ils étaient mieux à leurs débuts“, on ne peut s’empêcher de regretter leur côté garage rock un brin plus sauvage, qu’ils ont ici échangé, par exemple dans des chansons comme „Eternal Summer“, contre un son nouvelle vague mélangée à l’électronique, avec des synthés et des rythmes pop ou disco ringards des années 70 ou 80.

C’est un album au rythme lent, trainant, avec de nombreuses ballades, comme „Not the Same Anymore“ ou „Why Are Sundays So Depressing“, qu’on peut presque considérer comme une chanson onomatopoétique, dans le sens qu’elle transmet exactement l’émotion sonore que révèle le titre, même s’il faut admirer le petit solo au deuxième tiers de la chanson, quand elle accélère un peu le tempo.

Mais le grand plus de cet album est quand même la maturité et l’assurance du chant de Julian Casablancas. Le chanteur, avec son habituel look entre vagabond et hipster à l’indienne des rich kids de l’East Village, dont on avait parfois du mal à comprendre les paroles, tant il ne desserrait pas les dents, livre une performance admirable, un chant clair, varié et maîtrisé, à la fois dans les notes graves et dans son falsetto, ce qui fait de titres comme „Not the Same Anymore“ et „The Adults Are Talking“ de vrais petits bijoux qui ne cessent pas de faire déhancher langoureusement, même après les avoir entendus plusieurs fois.  

A découvrir: The Adults Are Talking, Not the Same Anymore

Note: 7/10