Vous vous souvenez de ces soirées chez un pote qui avait la console denier cri et le dernier jeu d’action qui allait avec – genre „Resident Evil“ ou „Time Crisis“. Vous attendiez que le pote vous passe la manette – mais vous étiez plusieurs amis, et puis c’était son jeu à lui, de sorte que vous passiez la plus grande partie de la soirée à voir votre ami massacrer du zombie ou des ennemis sans que vous puissiez mettre la main à la pâte.
Outre le fait de confirmer que Keanu Reeves est le seul acteur hollywoodien à qui on pardonne d’être très mauvais – mais il se fait défier en nullité, et de loin, par Bill Skarsgård, fabuleusement ringard en tant que marquis français qui ne sait ni parler français ni parler anglais avec un accent français, ce qui est pourtant à peu près tout ce que le réalisateur Chad Stahelski attendait de son personnage –, „John Wick 4“ sert principalement à rappeler en mémoire ces temps d’adolescence – sauf que dans ce film, la manette, vous ne l’aurez jamais.
Se passant plus ou moins agréablement de toute histoire – franchement, s’il y en a une, je l’ai oubliée, qui parle d’une société secrète avec des gars très loyaux qui s’automutilent comme des cons sans aucune raison –, „John Wick 4“ est une sorte de repompe de „Kill Bill“ dénué de son côté féministe, qui montre que la vengeance est un plat qui se mange brûlant et qui enchaîne des scènes de massacre spectaculairement chorégraphiées, ces scènes se suivant et se ressemblant pour déboucher finalement sur une sorte de réécriture du mythe de Sisyphe au pied des escaliers de la Sacré-Cœur.
Si c’est aussi con que jubilatoire, l’on regrette néanmoins que la surenchère, le film le pratique aussi dans sa durée et, surtout, qu’un personnage féminin annoncé en début comme une sorte de sidekick potentiel disparaisse à tout jamais. Là encore, le film a l’avantage d’être honnête et n’essaie même pas de feindre comme si le féminisme l’intéressait là où maint film d’action américain rajoute aujourd’hui des adjuvants féminins pour atteindre une sorte de pseudo-quota: chez John Wick, tout suinte la virilité mal placée, la testostérone et le règlement de compte entre gentlemen assassins.
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