Endossant la forme du biopic classique, „Oppenheimer“ verrait donc Christopher Nolan abandonner, du moins en apparence et alors même qu’il se rapproche d’un de ses éternels sujet de prédilection – la physique quantique et son abolition concomitante d’une perception linéaire de la temporalité –, ses jeux de déconstruction formels, où l’histoire narrée est temporellement éclatée à travers sa mise en récit. Rappelons que Nolan s’était forgé une réputation de réalisateur atypique avec „Memento“, un long-métrage qui racontait son argument en deux temporalités distinctes, une perspective narrative reculant de la fin au début de l’histoire là où une deuxième, montrée quant à elle en noir et blanc, avançait de façon linéaire.
Il n’en est rien pourtant, puisque pour raconter la vie d’Oppenheimer (un très convaincant Cillian Murphy), Nolan a recours à pas moins de trois temporalités différentes, recourant même au noir et blanc de „Memento“ pour différencier entre ses strates temporelles, qui finiront par s’emmêler subtilement: un premier fil narratif, le plus linéaire des trois, raconte d’abord la jeunesse d’Oppenheimer, où celui-ci se rend en Allemagne pour faire ses études, son retour aux États-Unis, ses recherches scientifiques et fréquentations politiques gauchistes puis, une fois la Deuxième Guerre mondiale éclatée, la course-poursuite contre les nazis afin de les devancer dans leur tentative de développer des armes à tête nucléaire.
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