Ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça – un concert qui affiche complet à la Rockhal. La cour devant la Rockhal fut pleine à craquer des éternels aficionados de concerts, faisant la file devant le stand de burgers, se mettant dans le bain avec une pinte de bière, papotant allègrement, avant de passer aux choses sérieuses – le concert des Gorillaz marquant le retour de Damon Albarn au Luxembourg à peine trois mois après son passage en solo à la Philharmonie, le jour même de l’inauguration d’Esch22.
Pour le concert de ce projet de groupe virtuel, créé en 1998 par le chanteur de Blur et le dessinateur Jamie Hewlett, l’on pouvait s’attendre à un show visuellement impressionnant, le groupe (plus si) virtuel ayant toujours mis l’accent sur des clips qui racontaient la vie et les déboires de leurs quatre membres fictionnels – ce que le concert à la Rockhal confirmait, l’attention du public étant comme constamment partagée entre les musiciens sur scène et les clips, bien barrés, qui oscillaient entre narration et mise en ambiance.
Le tout, hélas, fut assez stérile dans l’ensemble, les quelque treize musiciens s’adonnant à un concert un peu statique, qui cocha toutes les cases – aucun titre connu ne fut oublié, et c’est lors de l’inévitable encore qu’on nous livrait les très attendus „Stylo“, „Feel Good Inc.“ et „Clint Eastwood“; le show fut efficace, les visuels impressionnants – mais ne réussit à décoller véritablement que vers la fin, quand des titres comme „Kids With Guns“ ou „Plastic Beach“ résonnaient avec l’actualité et que Damon Albarn, en t-shirt rose et casquette, délaissa les apostrophes au public interchangeables pour se livrer à une performance qui gagnait alors en intensité.
La faute en était peut-être aussi due à la difficile transition du groupe virtuel au groupe réel – si les Gorillaz fonctionnent aussi bien en studio, c’est parce qu’ils y laissent les portes grandes ouvertes et que les musiciens les plus divers y viennent prêter leurs voix, ce qui faisait de leur dernier album, „Song Machine, Season One: Strange Timez“, un disque haut en couleurs et bigarré, auquel avaient participé des légendes comme Robert Smith, Beck, St Vincent ou Elton John.
Or, en live, impossible de faire en sorte que ces musiciens, qui imprégnaient de leurs voix et de leur talent ce disque, viennent partager la scène. D’où le fait qu’on ait joué assez peu de morceaux de ce dernier album. D’où aussi le fait, comme en témoignait par exemple „Strange Timez“, deuxième titre du show, pour lequel la voix de Robert Smith était préenregistrée, que certains titres manquaient un peu de panache. Enfin, côté son, comme il fallait s’y attendre, c’était, là encore, propre sans être vraiment immersif, comme cela a souvent été le cas dans la grande salle de la Rockhal.
Malheureusement, avec le retour des foules, il y a aussi le retour des gens qui ne savent pas comment se comporter pendant un concert. La preuve en fut livrée par un gus de plus de deux mètres, le genre de mec à la face de brute qui cache mal un caractère imbuvable. Comme toute sa tribu l’accompagnait et que tous faisaient plus de deux mètres, je lui avais poliment demandé, avant le début du spectacle, si on pouvait se mettre devant eux, où il y restait de la place et où on n’encombrerait nullement leur vision, haut perchés qu’ils l’étaient. Le mec acquiesçait tout en remarquant qu’on aurait peut-être dû se pointer plus tôt, comme si les emplacements, lors d’un concert, n’étaient pas constamment soumis à des fluctuations du fait que les gens partaient et revenaient après des excursions au bar ou aux toilettes.
Quand un ami en fit une, d’excursion, et qu’il retourna avec une tournée, le mec refusa tout net de le laisser passer, faisant barrage en l’insultant, ce qui nous fit rejoindre notre ami derrière le rideau de fer constitué par une famille de géants terriblement imbus d’eux-mêmes et agressifs, me faisant penser au fait que pas mal de salles de concerts et de festivals ont maintenant adapté une politique visant à endiguer et pénaliser de tels comportements violents ou, bien pire, des harcèlements – au Tempelhof Sounds à Berlin, il y avait un mot-clé à crier en cas d’agression et des agents sur le terrain intervenaient – et que le Luxembourg avait, une fois encore, du retard en la matière (les „House Rules“ de la Rockhal restant, par exemple, extrêmement vagues à ce sujet).
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können