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Biennale di VeneziaL’incertitude de nos temps: L’ouverture du pavillon luxembourgeois à la 59e Biennale d’art de Venise

Biennale di Venezia / L’incertitude de nos temps: L’ouverture du pavillon luxembourgeois à la 59e Biennale d’art de Venise
Le milieu culturel – dont la ministre de la Culture Sam Tanson („déi gréng“), le curateur du Mudam Christophe Gallois, le directeur du CNA Paul Lesch, la nouvelle directrice du Mudam Bettina Steinbrügge et le premier conseiller Jo Kox – s’est réuni pour célébrer – sans pot – l’ouverture du pavillon luxembourgeois   Photo: Riccardo Banfi

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Trois ans – pandémie oblige – après l’installation monolithique et marquante de Marco Godinho, premier artiste luxembourgeois à investir la Sale D’Armi, c’est l’artiste Tina Gillen qui expose dans l’Arsenale pour un travail à la fois immersif et cinématographique, poétique et écocritique.

Comme la Sale d’Armi servait, au 15e siècle, de dépôt d’armes – son nom l’indique par ailleurs très bien –, l’artiste Tina Gillen est partie, pour „Faraway So Close“, de l’idée de faire de cette salle un dépôt d’une nature plus artistique – à savoir d’une salle de dépôt de son œuvre, raison pour laquelle l’artiste voulait, au départ, concevoir son exposition comme fluctuante, métamorphique, allant jusqu’à envisager la possibilité de les déplacer, ses tableaux. Même si cette idée est demeurée virtuelle, l’impression de flâner à travers une sorte d’entrepôt reste, et il incombe au spectateur de donner sens à l’agencement des tableaux, de créer des liens, des continuités, des échos.

Comme Bettina Steinbrügge, la nouvelle directrice du Mudam, le souligne, Tina Gillen s’évertue, depuis 25 ans de création artistique, à penser le lien au monde qui nous entoure et que nous habitons – une problématique qui, de nos jours, ramène inévitablement à des questionnements écologiques, celles-ci constituent une sorte de note de fonds de l’exposition, assombrissant l’éclat poétique, la précision lumineuse des tableaux.

L’artiste interroge l’intervention humaine dans les paysages qu’il habite – et leur pouvoir potentiellement ravageur
L’artiste interroge l’intervention humaine dans les paysages qu’il habite – et leur pouvoir potentiellement ravageur Photo: Jeff Schinker

„Comme il fait assez sombre dans cette salle, la première œuvre à laquelle j’ai pensé était ce grand soleil censé conférer une certaine luminosité, une certaine chaleur à la salle.“ A côté de ce tableau imposant, d’autres sont plus immédiatement écocritiques, comme ce pylône électrique capturé en détail, qui fait signe vers „la façon dont nous exploitons les paysages dans lesquels nous vivons“, comme l’exprime l’artiste lors de sa conversation avec Christophe Gallois, le curateur responsable des expositions au Mudam.

L’exposition ne se contente pas d’un simple agencement de (très grands) tableaux – la scénographie y joue un rôle considérable, et le spectateur qui s’y immerge devient partie intégrante d’un parcours qui ressemble un peu à une promenade dans un décor cinématographique.

Des paysages fragmentés

L’artiste lors de sa conversation avec Christophe Gallois
L’artiste lors de sa conversation avec Christophe Gallois Photo: Riccardo Banfi

Au centre de ces tableaux qui sont autant de propositions ou de négociations de la manière dont nous habitons des lieux, dont nous les investissons, les dominons, les utilisons et les détruisons aussi, des fois, une œuvre sculpturale retient l’attention.

L’installation „Refugio“, sorte de petite cabine où le spectateur, qu’il soit épuisé à force d’avoir arpenté l’Arsenale et qu’il éprouve le besoin de digérer la surenchère d’œuvres artistiques contemplées ou qu’il ait simplement besoin de se recueillir, voire de converser en toute tranquillité sur ce qu’il vient de voir, peut s’installer comme autour d’une cheminée symbolique.

L’œuvre est une sorte d’adaptation sculpturale d’une autre œuvre, d’un hypotexte pour ainsi dire: en 2018, Tina Gillen réalisa „Shelter“, où l’on voit une petite cabane isolée de tout contexte, l’environnement ayant été effacé, la cabane flottant dans un espace indéterminé, incertain, irréel.

Cette cabane est inspirée par une maisonnette au bord de mer que l’artiste voyait à la côte d’Opale, au nord de la France, une maisonnette où, aux dires de l’artiste, il n’y avait jamais personne, de sorte qu’elle se serait mise à s’imaginer comment et ce que cela voudrait dire d’y vivre. Pour l’artiste, ce refuge peut à la fois être un „espace créatif“, où l’on peut s’imaginer un auteur ou une autrice au travail, et un espace contemplatif: Tina Gillen le considère un peu comme le „poumon“ du pavillon, un espace de respiration au milieu de ces paysages fracturés, déchirés par l’intervention humaine – une intervention que le travail de Tina Gillen interroge sans pour autant le critiquer de façon trop évidente, manichéenne.

„Refugio“, l’installation sculpturale au milieu du pavillon
„Refugio“, l’installation sculpturale au milieu du pavillon Photo: Florian Kleinefenn

Et la Russie?

Alors qu’on pensait le pavillon russe fermé, ce qui ressemblait à une performance artistique très provoc a créé une polémique devant ce pavillon, quelques minutes avant la clôture des journées d’ouverture: un jeune homme s’est positionné devant le pavillon et, pendant des minutes, répétait „Heil Hitler“ en saluant le pavillon. La police a fini par escorter le jeune homme sous les huées du public. Un compte rendu plus détaillé des pavillons et expositions sera publié lors de la semaine prochaine dans le Tageblatt.