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De l’indispensable dialogue

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A l’international comme au national.

Lors de son discours politique dans le cadre du
1er mai, le président de l’OGBL a, évidemment, dressé la liste des doléances de son organisation, mais il a également salué les accords récents avec le gouvernement qu’il qualifie de réel progrès.

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu

Et s’il a fustigé le comportement du LCGB, toujours présent quand il peut se prévaloir devant une caméra ou un micro, il n’a pas précisé que le syndicat chrétien n’est qu’un des bras armés de la pieuvre chrétienne-sociale, ce mollusque considéré comme le plus intelligent de son espèce, ainsi que le prouvent les 2.000 ans d’histoire auxquels l’Eglise catholique a survécu.

Or, c’est justement sous le gouvernement Juncker que le dialogue social a été rompu, mettant ainsi fin à une méthode qui a bénéficié au pays tout entier, toutes catégories socio-professionnelles confondues.
On peut considérer qu’un compromis est boiteux. A l’inverse, on peut dire qu’il est un outil savant pour avancer sans que quiconque ne perde la face. Si, désormais, le président du plus grand syndicat a des mots très durs à l’encontre des représentants intraitables de l’UEL, si, depuis des mois, ces derniers tiennent des propos glaçants sur les syndicats, c’est que tout un pan de la culture sociale et économique du Luxembourg s’est effondré.

Qu’on le dise clairement: le comportement des dirigeants de l’UEL, de la Fedil ou d’autres émanations du patronat s’explique aisément. Ils sont eux aussi des salariés et leurs plus grands membres (c’est-à-dire les émissaires non-luxembourgeois d’entreprises et banques étrangères) leur demanderont bien entendu des comptes. Parce que le lobbying, qui a si bien marché du temps du tandem Juncker-Frieden des années durant, n’a pas fonctionné ce coup-ci.

Le durcissement côté patronal fut à l’origine du durcissement syndical. Cela est d’autant plus étonnant qu’en règle générale, le capital est à priori infiniment flexible et capable de s’adapter à toutes les situations.
Si tel n’est plus vrai au Luxembourg, c’est pour une raison bien précise. Du temps de l’Arbed, voire d’Arcelor, jamais un dirigeant n’aurait commis la maladresse de vouloir se passer du dialogue avec les partenaires sociaux. Aujourd’hui, des gens venus d’ailleurs avec un background très différent, croient pouvoir imposer leur point de vue tel qu’ils en ont l’habitude dans leurs pays respectifs sans s’apercevoir qu’ils perdent au change.

Cela a commencé à l’ABBL avec le président Contzen, si allemand, si haut en couleur et fort en thème qu’il a incommodé tout un pays. Il a fallu qu’il soit retraité pour qu’il apprenne à mieux connaître le Grand-Duché profond et retrouver, avec sa liberté, sa jovialité. Rommes, Henckes et les autres obéissent à des ordres, souvent d’ailleurs confus et contradictoires. S’ils voulaient revenir à la case départ, c’est-à-dire celle des négociations discrètes et conviviales tant sur le plan bilatéral que tripartite s’il y a lieu, la donne changerait du tout au tout.

Au national comme à l’international, la confrontation ne fait qu’exaspérer les passions et créer des tensions dangereuses. La confrontation patronat-syndicat rappelle celle qui oppose Erdogan et Poutine, tous deux mal jugés/maltraités par l’Europe. Alors qu’unis, ils seraient infiniment plus forts.

Danièle Fonck