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Egoïsmes nationaux

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L’Euro dont personne ne veut sortir

Il y a Euro et euro. L’un est populaire, l’autre l’est moins. Mais les deux, à leur manière, donnent un semblant d’unité aux Européens. Dans le portefeuille pour l’un et pour l’autre toutefois, car ne nous leurrons pas, le championnat d’Europe de football, rebaptisé Euro 2016 par l’UEFA, est aussi une affaire de grands sous. Et là s’arrêtent leurs similitudes.

Car de l’un, maint pays voudrait sortir ou fait tout pour ne pas y entrer, alors que pour l’autre on sacrifierait femme et enfants pour en être. Regardez la Grande-Bretagne. Elle est à deux doigts du Brexit, ne veut voir la monnaie unique même pas en peinture, mais envoie d’un seul coup trois de ses équipes nationales dans la compétition. L’Angleterre, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles. Ne manque que l’Ecosse qui, elle, plus européenne que les autres, restera pourtant à la maison.

Plaisanterie à part, comment se fait-il que l’enthousiasme populaire pour l’Europe du football ne déteigne pas sur d’autres terrains? Personne, même pas le plus nationaliste des nationalistes, n’aurait l’idée d’organiser un référendum sur la sortie de son pays de l’euro du foot. Ni même le xénophobe Farage et son UKIP pour qui, pourtant, l’Europe représente la quintessence de tous les maux de la Grande-Bretagne.
S’il fallait une preuve de l’opportunisme populiste, elle est bien là. Les populistes purs et durs caressent toujours, sans se soucier des contradictions dans lesquelles ils se fourrent, les gens dans le sens du poil. Ils plongent leur nauséabond thermomètre dans le corps des peuples et ajustent le tir politique selon l’humeur du moment.

Le pire dans tout cela, c’est que ça marche. Ce qui en dit long sur l’état de traumatisme dans lequel se trouvent les citoyens de l’Union. On les verra donc probablement dans les tribunes des matchs, les Le Pen, Orban, Szydlo, Hofer, Farage et Cie. A coup sûr leurs militants et sympathisants se retrouveront-ils dans les stades à gueuler avec la foule, où, à défaut, devant leurs téléviseurs. Sans que leur vienne l’idée que l’Europe que tant ils vouent aux gémonies, c’est aussi ça.

Mais peut-être que la contradiction n’en est pas vraiment une. Car, si l’on y regarde de plus près, ce qui se passera en France dans les semaines à venir, ce n’est pas vraiment une grande fête européenne. Faisons abstraction de l’état d’urgence qui continue de sévir dans l’Hexagone et des peurs des Français devant une attaque terroriste toujours possible. Faisons également abstraction des mouvements de grève qui s’invitent dans le championnat. Ce que les nationalistes et les populistes applaudiront à partir de demain, quand la France et la Roumanie ouvriront la joute, ce n’est pas tant ce qui unit les citoyens européens, sinon ce qui les divise.

Ce qui est censé être un grand rassemblement continental n’est-il pas en fin de compte que la somme des égoïsmes nationaux où chacun y va pour fustiger l’autre? C’est une Europe où chaque nation ne pense qu’à elle même qui sera dans toutes les têtes. Et en cela, l’Euro 16 n’est que l’image de ce qui se passe à Bruxelles où plutôt que de penser à la communauté, tout le monde n’est là que pour arracher des avantages pour son propre clocher.