Ça sera une triste année pour la Luxemburgensia: Anise Koltz, la grande dame des lettres luxembourgeoises, nous quitte en ce 1er mars 2023 à l’âge de 94 ans. Première autrice luxembourgeoise à avoir publié un recueil dans la prestigieuse collection de poésie de Gallimard, seule écrivaine luxembourgeoise à avoir obtenu le Goncourt de la poésie Robert-Sabatier, Anise Koltz a dévoué sa vie à l’écriture et à la valorisation de la littérature et de la poésie.
Fondatrice des journées littéraires de Mondorf de concert avec son mari René Koltz, Nic Weber, Edmond Dune, journées qui ont vu défiler des écrivains illustres comme Thomas Bernhard ou encore Peter Handke et qui, s’inscrivant dans la lignée des journées franco-allemandes à Colpach, rendaient aussi hommage à son grand-oncle Emile, l’autrice a également œuvré, en 1996 à la création de l’Académie européenne de la poésie avec Alain Bosquet dont elle fut la présidente puis, à partir de 2008, la présidente honoraire.
Le tournant vers la langue française
Si Anise Koltz est connue avant tout comme la représentante la plus célèbre de la poésie francographe luxembourgeoise, elle fit ses premiers pas littéraires en langue allemande, langue qu’elle abandonna définitivement après que son mari, le médecin René Koltz, directeur du domaine thermal à Mondorf-les-Bains, succomba, en 1971, des suites des mauvais traitements que lui infligea l’occupant allemand pendant la Deuxième Guerre mondiale, se tournant dès lors, et jusqu’à la fin de sa vie, vers la langue française.
Sa poésie, méticuleuse, sobre, sans complaisance aucune, qui met les mots à l’épreuve d’un monde détraqué, est tout entière condensée dans une anthologie comme „Somnambule du jour“, publiée en 2015 chez Gallimard. Son regard lucide, son art, précis et juste, de manier les mots pour approcher le réel, manqueront.
Quelle grande Dame et quelle grande tristesse cette nouvelle. Vous resterez à jamais dans nos mémoires et dans nos coeurs