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FranceMarlène Schiappa mise en cause pour la gestion de son „Fonds Marianne“

France / Marlène Schiappa mise en cause pour la gestion de son „Fonds Marianne“
La secrétaire d’Etat à l’Economie sociale et solidaire a dû s’expliquer hier devant une commission d’enquête du Sénat Photo: AFP/Bertrand Guay

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La secrétaire d’Etat à l’Economie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, a été entendue hier par une commission dʼenquête du Sénat cherchant à clarifier son rôle dans la gestion controversée du Fonds Marianne qu’elle avait lancé en avril 2021 lorsqu’elle était ministre déléguée à la Citoyenneté, pour lutter contre le séparatisme islamiste en France, et qui a distribué des subventions à quelques associations.

On était alors au lendemain de l’assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un extrémiste musulman, un assassinat qui avait provoqué un choc très profond dans l’Hexagone. Le Fonds en question, doté six mois plus tard par l’Etat de 2,5 millions d’euros, devait sélectionner les mouvements qui lui paraîtraient les mieux à même de diffuser le message républicain face à la violence islamiste, et les aider par des subventions, à charge pour les bénéficiaires de „défendre les valeurs de la République“ en apportant, sur les réseaux sociaux, des „contre-discours“ à celui de l’islam radical.

Mais deux ans plus tard, alors que Mme Schiappa a changé d’attributions gouvernementales, plusieurs voix se sont élevées dans les médias pour critiquer les conditions dans lesquelles cet argent public a ainsi été distribué et utilisé. D’après les enquêtes publiées fin mars 2023 par des journalistes de l’hebdomadaire … Marianne, justement, et de France 2, le principal destinataire du Fonds, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), a en effet bénéficié d’une dotation de 355.000 euros, qui aurait seulement alimenté un site Internet peu suivi, cela semble même être un euphémisme, et édité quelques publications au tirage confidentiel.

En outre, 120.000 euros auraient été consacrés à la rémunération de deux de ses dirigeants de l’époque, lesquels s’étaient tranquillement installés dans un bureau sis avenue Montaigne, l’une des plus chics – et chères, bien sûr – de la capitale. Le site Médiapart assure en outre que plusieurs personnalités de gauche ont été dénigrées dans des contenus mis en ligne par une autre structure financée par le Fonds Marianne, baptisée Reconstruire le commun, qui a obtenu, elle aussi, une fort coquette somme: 330.000 euros. Enfin, l’ancien directeur du cabinet de Mme Schiappa, Sébastien Jallet, assure que son ex-patronne est intervenue pour écarter du bénéfice de cette aide publique spécifique, en l’occurrence 100.000 euros, une importante association dont le nom n’a pas été officiellement rendu public, mais qui est très vraisemblablement SOS racisme.

La justice s’est saisie, le Sénat aussi

Ce printemps, le Fonds Marianne, outre la constitution d’enquête par le Sénat, a fait l’objet, de la part de plusieurs personnalités de l’opposition, dont la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, de plusieurs signalements à la justice. Le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour „soupçons de détournement de fonds publics, d’abus de confiance et de prise illégale d’intérêt“, différentes perquisitions ont eu lieu.

Ce qui est reproché à Marlène Schiappa, à ce stade, est sans doute plus l’invraisemblable désinvolture avec laquelle elle a présidé aux destinées de Fonds Marianne, qui était politiquement son enfant, que d’avoir personnellement bénéficié de ces subsides si généreusement prodigués sans contrôle à des personnalités que l’on présume amies de la secrétaire d’Etat. Elle-même s’est défendue hier devant les sénateurs d’une manière particulièrement maladroite, en soutenant qu’elle ne pouvait être tenue pour responsable des agissements de son cabinet, lequel semble avoir copieusement poussé ses pions dans cette affaire ni de son administration. Ce qui constitue tout de même une vision assez singulière du rôle d’un ministre.

Il est vrai que, remaniement gouvernemental imminent ou plus lointain, c’est là une fonction qu’elle pourrait bien ne plus exercer très longtemps encore. D’autant plus qu’à l’Elysée comme à Matignon, on avait déjà du mal à lui pardonner, parmi d’autres frasques médiatiques, l’interview assez peu vêtue qu’elle avait récemment accordée au mensuel dit „de charme“ Playboy. Comme si le charme en question n’opérait plus guère.