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FranceA „l’Elysée-sur-mer“, Macron prépare la surprise du chef

France / A „l’Elysée-sur-mer“, Macron prépare la surprise du chef
Fin juillet, Emmanuel Macron est parti en vacances au fort de Brégançon Photo: AFP

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Comme il en a pris l’habitude, et après un certain nombre de ses prédécesseurs, le président Macron passe ses (assez brefs) congés d’été au fort de Brégançon, résidence estivale des locataires de l’Elysée, qu’il a gagnée fin juillet. Des vacances venant clore une saison politique particulièrement chargée, et suivies d’une rentrée qui le sera probablement aussi.

Brégançon n’aura laissé indifférent aucun des présidents de la Ve République, dans un sens ou dans l’autre. De Gaulle et Mitterrand n’y auront passé chacun qu’une seule nuit, comme pour marquer à la fois que cette solide bâtisse édifiée sur un piton rocheux de la Côte d’Azur était bien une possession élyséenne, mais que personnellement ils préféraient, le premier sa chère vieille maison de Colombey-les-deux-Eglises, avec son vaste jardin, le second sa ferme de Latche, ceinte par l’odorante forêt landaise.

Nicolas et Carla Sarkozy, sans dédaigner le fort, préféraient la très jolie résidence de La Lanterne, au bord du parc du château de Versailles. Elle était à l’origine rattachée non à l’Elysée, mais à Matignon, à qui le nouveau chef de l’Etat l’avait en quelque sorte confisquée, et où Emmanuel Macron aime d’ailleurs aussi se réfugier dès qu’il le peut en dehors des vacances. Mais surtout, le ménage Sarkozy, quand il voulait retrouver les rives de la Méditerranée, disposait (et dispose toujours) de la magnifique villa de la belle-famille de l’ex-président, celle des Bruni-Tedeschi, au Cap Nègre.

Mais les Pompidou, les Giscard d’Estaing (VGE, fasciné, il est vrai, par les attributs du pouvoir les plus flatteurs, assurait y goûter „un bonheur parfait“) passèrent de nombreux séjours à Brégançon. De même que Bernadette et Jacques Chirac, même si ce dernier avouait „s’y ennuyer parfois“ – il usait même d’un verbe plus crû. Quant à François Hollande, il s’y était précipité avec sa compagne d’alors, Valérie Trierweiler, à l’été 2012, celui qui avait immédiatement suivi son élection.

„S’échapper et être libre“?

Et comme il avait promis d’être un „président normal“, il s’y rendit par le train et dans un équipage si ostensiblement semblable à celui de „M. et Mme Français-moyens-en-vacances“ – il ne manquait au couple présidentiel que l’épuisette, firent remarquer les mauvaises langues – que le Tout-Paris se gaussa; de sorte qu’il ne renouvela jamais l’expérience. Au motif, devait-il expliquer plus tard, que „Brégançon, c’est très bien, sauf que vous y êtes enfermé comme à l’Élysée. Or être en vacances, c’est pouvoir s’échapper et être libre“.

Mais un chef d’État, en tout cas lorsqu’il joue un rôle politique actif et même central, comme c’est le cas dans la Ve République, peut-il vraiment „s’échapper“? M. Macron aura tenté de concilier les deux, l’envie et la nécessité. Envie, bien compréhensible, de renouer avec une certaine liberté: n’est-on pas ici à Bormes-les-Mimosas, sur la côte du splendide département du Var? Et nécessité pourtant incontournable de rester aux commandes, en particulier lorsque la torpeur estivale ne s’applique aucunement à l’actualité internationale, africaine notamment.

Côté vacances, il y a la piscine hors-sol que le président a fait installer en 2018 (pour 34.000 euros, paraît-il), un peu de jet-ski dûment escorté par des membres du service de sécurité, quelques sorties accompagnées, elles, par les paparazzi … Grâce à qui l’on saura – information capitale – le parfum des glaces que le chef de l’Etat et son épouse sont allés déguster jeudi dernier au Lavandou, ou le menu commandé lors de la visite du couple présidentiel dans un restaurant de plage situé non loin du fort. „M. Macron était en mode détente sous la pinède“, précisera le patron, qui avait préalablement eu la visite du même service de sécurité.

Préparer la rentrée

Côté travail, Brégançon, c’est, dit-on, „l’Elysée-sur-mer“. Il y a d’abord les dépêches et appels divers arrivant quotidiennement de l’Elysée. Mais il y a aussi la préparation de la rentrée parlementaire, notamment, cette année, avec le projet de loi sur l’immigration et des élections sénatoriales de septembre qui ne se présentent pas bien pour la majorité. Et surtout, cette encore mystérieuse „initiative politique majeure“ que le chef de l’Etat a annoncée, et qui est censée „remettre autour de la table des représentants de tout l’arc républicain“: majorité et opposition, donc, mais sans les lepénistes et les mélenchonistes.

M. Macron compte bien surprendre ainsi son monde fin août, et faire oublier le piètre résultat de son „Conseil national de la refondation“ lancé en septembre 2022, qui a sombré depuis dans l’indifférence générale. „Il ne s’agira pas de créer des coalitions“, a précisé le chef de l’Etat, et „il ne sera d’ailleurs pas question pour les participants d’adhérer à tout“.

Sage précaution en effet; mais suffira-t-elle à la „surprise du chef“ pour donner enfin au second (et constitutionnellement dernier) quinquennat du titulaire actuel de la présidence le nouvel élan auquel il aspire?