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Macron cherche à corriger son image de „président des riches“

Macron cherche à corriger son image de „président des riches“

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Emmanuel Macron a dévoilé jeudi un plan très attendu de lutte contre la pauvreté, d’un montant de huit milliards d’euros sur quatre ans, en appelant à «ne pas oublier les derniers de cordée» de la société française. Néanmoins, le président français semble aussi chercher à donner des gages à l’électorat de gauche.

De notre correspondant Bernard Brigouleix, Paris

Le président français a présenté jeudi, dans un discours de plus d’une heure, son «Plan pauvreté», officiellement baptisé «Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté», dont les principales mesures concernent l’enfance et l’accès à l’emploi. Mais au-delà de cet ensemble de mesures, qui se résume souvent à la fusion et parfois l’amélioration d’aides déjà existantes, Emmanuel Macron cherche manifestement à briser son image de «président des riches» qui s’est imposée, à tort ou à raison, durant cette première année et demie d’exercice élyséen.Le président français a présenté jeudi, dans un discours de plus d’une heure, son «Plan pauvreté», officiellement baptisé «Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté», dont les principales mesures concernent l’enfance et l’accès à l’emploi. Mais au-delà de cet ensemble de mesures, qui se résume souvent à la fusion et parfois l’amélioration d’aides déjà existantes, Emmanuel Macron cherche manifestement à briser son image de «président des riches» qui s’est imposée, à tort ou à raison, durant cette première année et demie d’exercice élyséen.

Non que le sujet de la pauvreté dans l’Hexagone ne soit, en lui-même, des plus sérieux: quoiqu’elle constitue la deuxième puissance industrielle d’Europe derrière l’Allemagne, la France reste une terre d’inégalités sociales spectaculaires, même en dehors du problème spécifique posé par l’afflux d’immigrés.

Selon le très officiel Insee, elle comptait en 2016, dernière statistique connue, près de 9 millions de pauvres, soit 14 pour cent de la population et même 20 pour cent chez les moins de 18 ans. Le chef de l’Etat est donc fondé à chercher par ces mesures, fûssent-elles inégalement nouvelles, à «enrayer les inégalités de destin qui se perpétuent de génération en génération», a-t-il dit, et à permettre aux plus démunis de sortir de «ce déterminisme qui, dès l’enfance, détruit des trajectoires de vie».

Assaut de bonnes intentions

D’où, explique-t-on dans son entourage, ce plan qui devrait coûter huit milliards d’euros répartis sur quatre ans. La mise en œuvre des mesures en question, qui seraient «déjà entièrement financées» selon l’Elysée, devrait passer par une réunion semestrielle des acteurs concernés: pouvoirs publics, collectivités territoriales, associations …

La modestie de la somme globale, du moins à l’échelle des dépenses publiques françaises et de l’ampleur du problème à résoudre, a cependant alimenté aussitôt les critiques de la gauche («Il s’agit de quelques miettes face à un océan de misère!», s’est ainsi exclamé Jean-Luc Mélenchon) comme de la droite. Laquelle a souligné que la seule vraie manière de lutter contre la pauvreté sur le long terme serait, selon elle, de mener une politique qui favorise l’investissement, donc l’emploi, et non de multiplier les charges fiscales et les tracasseries administratives pesant sur les entreprises, sans parler de la baisse – en effet incontestable – du pouvoir d’achat des classes moyennes, et plus que tout des retraités.

Ce «Plan pauvreté», puisque tel est le nom qu’il a aussitôt pris dans l’opinion, repose principalement sur sept mesures, dont la plus spectaculaire est sans doute la création d’un «revenu universel d’activité» … mais pas avant deux ans, tout de même. Il s’agira en fait de la fusion de plusieurs prestations sociales déjà existantes, afin, a précisé M. Macron, de «garantir à tous un seuil minimal de dignité». Ce revenu sera, a-t-il ajouté, «universel en ce que chacun pourra y prétendre dès que ses revenus passeront au-dessous d’un certain seuil», restriction qui, accompagnée de la nécessité de ne pas «refuser plus de deux offres d’emploi raisonnables», fait dire aux critiques du dispositif qu’il n’en est donc pas … universel.

Autre décision annoncée par le président de la République, dont le plan porte à l’évidence une attention particulière à l’enfance: l’augmentation du nombre des places dans les crèches, «pour empêcher qu’un enfant pauvre aujourd’hui ne devienne un adulte pauvre demain», avec un plan exceptionnel de formation de 600.000 professionnels de la petite enfance. S’y ajoutent l’élargissement de l’assurance complémentaire de santé, de l’aide sociale à l’enfance, y compris la distribution de petits déjeuners gratuits à l’école, et la formation obligatoire de tous les jeunes jusqu’à 18 ans. Sans oublier une nouvelle politique d’aide à l’insertion professionnelle sans laquelle, depuis une trentaine d’années (en particulier le gouvernement Rocard de 1988 avec son fameux RMI, le Revenu minimum d’insertion), il n’est pas de nouveau plan d’aide sociale en France … ce qui dit assez sur son insuccès chronique, toutes tendances politiques confondues.

Cet assaut de bonnes intentions en direction des plus modestes n’en est pas moins, chez Emmanuel Macron, une nouveauté, et vise sans doute à marquer une sérieuse correction d’image. Elu au printemps 2017 sur l’idée qu’il allait dépasser le clivage droite-gauche, en prenant au fond à chacune des deux grandes familles ce qu’elle avait de meilleur et en en rejetant les aspects négatifs – «et de droite, et de gauche», se définissait-il alors – il s’est très vite positionné, dans l’esprit du public, comme très libéral en économie, par ailleurs fort soucieux de réduire les déficits publics considérables laissés par ses deux prédécesseurs. La conjonction de ces deux ambitions ne pouvait que droitiser considérablement son image, et le faire rentrer dans le moule de «l’ancien monde» qu’il avait pourtant tellement vilipendé durant la campagne présidentielle de 2017, et son entourage avec lui.

Ce souci d’en finir avec l’image de «président des riches» qui lui colle à la peau n’est certainement pas étranger à cette passion soudaine pour les plus modestes, une passion présentée non sans un certain lyrisme littéraire jeudi. Tout comme, dans un registre évidemment bien différent mais concordant, sa spectaculaire reconnaissance de la responsabilité de l’Etat dans la disparition, sous la IVe République, et en pleine guerre d’Algérie, du jeune mathématicien communiste pro-FLN Maurice Audin, arrêté peu de temps après un attentat qui avait fait huit tués et près de cent blessés, et qui, selon toute vraisemblance, est mort durant son interrogatoire par des soldats français.

Le PCF réclamait en vain cet aveu des autorités depuis quelque 60 années … Et ce geste de Macron peut être de nature, non pas à lui attirer les quelques électeurs qu’il reste au Parti communiste, bien sûr, mais du moins à corriger un peu, là encore, l’image désormais très négative qui est la sienne à gauche.

Le premier adversaire de Macron reste le FN

Mais si l’on en croit les sondages réalisés en vue des prochaines élections européennes, son plus gros souci pourrait bien n’être ni la gauche modérée ou extrême, ni la droite républicaine, l’une et l’autre stagnant à des niveaux de popularité plus que décevants, pour ne pas dire humiliants, pour leurs leaders. Le concept de «président des riches» ne semble aucunement profiter, en effet, en tout cas pour l’instant, à La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, ni aux Républicains de Laurent Wauquiez, coincés respectivement à 12,5 et 14 pour cent des intentions de vote dans le sondage publié hier par Le Figaro, sans parler du PS, encalminé à 4,5 pour cent, ou des Verts, à 5.

Non: d’après la même enquête d’opinion, le véritable danger électoral pour La République en Marche de Macron, c’est plus que jamais le Rassemblement national, nouveau nom du FN de Marine Le Pen: 22,5 pour cent des suffrages annoncés pour la formation macroniste, 22 pour le parti d’extrême droite populiste. Autant dire un coude-à-coude. Le RN jouant obstinément le rôle, et point seulement sur le plan européen, de réceptacle de tous les mécontentements, jadis dévolu au PCF. Et dont le socle électoral et militant est largement composé de gens modestes (c’est notamment, de loin, le premier parti ouvrier français), auprès de qui fonctionne parfaitement la rhétorique sur les sympathies pour les classes aisées et la finance internationale dont le chef de l’Etat est souvent accusé.De sorte que cette (relative) ouverture sociale d’Emmanuel Macron – dont il a tenu à détailler lui-même les mesures, alors qu’il s’agissait plutôt d’un exercice de niveau gouvernemental – pourrait bien s’adresser au moins autant, en réalité, à la partie la plus à droite de l’électorat français qu’à l’opinion de gauche. Après un été raté politiquement, après la calamiteuse affaire Benalla, et alors que la courbe négative des sondages ne s’inverse pas, tout au contraire, l’homme de l’Elysée cherche à reprendre l’offensive et veut attaquer la rentrée avec une image différente. A défaut du «nouveau monde» bien imprudemment promis l’an dernier, un nouveau style?

 

roger wohlfart
16. September 2018 - 17.05

Macron n'a jamais vraiment fait partie de la gauche. Macron est un parvenu, un opportuniste. Quoi qu'il dise, il est le Président des riches. Sa stratégie et son plan contre la pauvreté n' y changeront rien parce qu'ils manquent de conviction.