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„C’est dans l’air du temps“: Voler moins pour aller mieux

„C’est dans l’air du temps“: Voler moins pour aller mieux

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Le réchauffement climatique incite des citoyens à remettre en question leur usage de l’avion. La tendance ne devrait pas contourner le Luxembourg.

Par Jérôme Quiqueret

Dans le Top 10 des bonnes actions écologiques que les citoyens peuvent accomplir, renoncer à un vol transatlantique figure en bonne place. Et c’est un pas plus facile à franchir que les deux seules autres mesures plus effiaces: renoncer à un enfant et renoncer à la voiture.

C’est ce qu’a en tête Olivier, citoyen converti au zéro déchet, lorsqu’il explique chercher encore les mots pour annoncer à ses parents qu’il renonce au voyage tous frais payés pour la Nouvelle-Zélande qu’ils veulent lui offrir. Selon le site atmosfair, un tel voyage aller-retour est responsable de l’émission de 12 tonnes de CO2 par voyageur, soit six fois plus que les émissions recommandées pour un citoyen par an. La somme additionne aussi bien les 4,1 tonnes de CO2 émis aux 7,9 tonnes auxquels équivalent les émissions de vapeur, d’ozone et de méthane.

«Flugscham»

Mais en la matière, la distance ne fait pas tout, la répétition des voyages peut aussi rapidement faire exploser le compteur. Les citoyens suédois ont ainsi commencé à réviser leurs pratiques. Sur les sept premiers mois de l’année, les passagers sur les vols intérieurs ont baissé de 8,8%. La Suède est le pays où fut forgé le concept de „flygskam“, traduit en „Flugscham“ en allemand et en „avihonte“ en français. L’apparition sur la scène publique de sa jeune ressortissante Greta Thunberg et la médiatisation de ses voyages par le rail et la mer ont médiatisé le terme.

On ne retrouve pas d’association luxembourgoise parmi les 120 du réseau Stay Grounded, fondé en 2016, autour de luttes contre l’agrandissement d’aéroports. La jeunesse luxembourgeoise n’est pas pour autant insensible au thème. „C’est certainement quelque chose de débattue dans notre génération. Beaucoup réduisent voire éliminent l’avion. On n’a pas de mouvement qui se nomme ‹Flugstreik›, mais beaucoup de gens y prêtent attention“, affirme Zélie Guisset, membre actif du mouvemement «Youth for climate Luxembourg». „En tout cas, tous sont d’accord pour dire que les alternatives non dépendantes de l’énergie possible doivent être beaucoup plus accessibles, plus répandues.“

Quand voyager est associé à prendre l’avion

Pour le grand rassemblement européen du mouvement à Lausanne durant l’été, les jeunes ont vu la difficulté à faire venir tout le monde en train. „Il y a beaucoup d’extensions d’aéroports en cours. Par contre, beaucoup de trains de nuit n’existent plus, ce qui rend le voyage difficile“, observe la jeune bachelière.

L’appel à renoncer à l’avion sonne parfois comme un appel à abandonner un droit à visiter la planète. Zélie Guisset n’a pas l’impression de faire un sacrifice en renonçant à son droit à visiter la planète. „Dans un autre sens, ce serait aussi un sacrifice pour notre futur de poursuivre cette culture de prendre l’avion.“

«Je prends mon temps»

Issu de la génération précédente, Fränz, artiste indépendant, n’a jamais fait sienne cette culture. Dès son premier voyage adolescent, l’avion lui a semblé trop précipiter les choses. „Pour moi voyager ce n’était jamais prendre l’avion, c’était toujours vivre le voyage. Je ne me dis pas: ‹Je pars en vacances donc je prends l’avion.’“

Cela fait plus de 15 ans que le quadragénaire n’a pas volé. Au plaisir de prendre son temps se sont surajoutées les considérations écologiques. Le train lui offre un traveling permanent stimulant et des traversées de l’Europe épiques. Mais cette source d’inspiration est désespérément trop chère. „On est dans une Europe unie et il faut encore payer un surplus pour franchir une frontière.“

Luxair aux aguets

Si les Voyages Emile Weber constatent les prémisses de tendance nouvelle, au niveau des particuliers comme des entreprises, c’est celles visant à obtenir „des solutions qui offrent une compensation de l’empreinte carbone du vol“. Ces compensations sont soit opérées par les compagnies elles-mêmes soit proposées par l’intermédiaire d’instruments en ligne comme Myclimate ou Atmosfair. Le client s’y voit proposer de compenser son voyage par l’investissement dans un projet de développement.

Luxair risque de proposer prochainement ce type de démarche. En attendant, au Findel, le phénomène du renoncement à l’avion ne se fait pas ressentir. „C’est un phénomène que l’on suit. Mais au Luxembourg, on n’a rien remarqué de particulier“, confie Laurent Jossart, executive vice-president de Luxair Luxembourg Airlines.

Taxes sur le kérosène 

Ce dernier pronostique avec prudence que ce mouvement se fera ressentir d’ici cinq à dix ans. „C’est dans l’air du temps. Ça fait partie, dans une entreprise, des choses que l’on prépare, par des ‹risk assessments›. Plutôt qu’un risque, c’est un mouvement citoyen dans lequel on devra s’inscrire. Le monde évolue dans cette direction-là. On ne va pas faire de la résistance“, affirme Laurent Jossart.

Luxair met en avant le fait que ses avions à hélices qui composent la majorité de sa flotte ont une efficacité énergétique supérieure de 30 pour cent aux autres modèles. Une voiture consommerait autant au kilomètre qu’un passager sur un de ces avions dès un taux de remplissement de 50 pour cent. Cela devrait lui permettre de tirer son épingle du jeu quand des taxes sur le kérosène entreront en vigueur, pour s’ajouter aux droits d’émission que les compagnies doivent déjà payer.

L’alternative du rail

Pour l’ouverture ou la fermeture d’une destination, les critères écologiques n’entrent pas en jeu, concède Laurent Jossart. Luxair n’a pas davantage à craindre des initiatives politiques qui fleurissent chez les voisins pour limiter les vols domestiques quand une alternative par le rail existe.

Il n’existe pas de vol domestique au Luxembourg. Par contre, sur la liaison Sarrebruck-Berlin qu’elle assure trois fois par jour, les autorités enjoignent déjà aux écoles de lui préfèrer le train. Là où le rail fonctionne, l’avion a du souci à se faire.

n der Parad
4. September 2019 - 10.07

Vous voyez juste,hélas, la majeure partie des protagonistes du ,,zéro-avion,, oublient que les compagnies aériennes et les motoristes travaillent d'arrache-pied au développement de moteurs propres,ce qui n'est pas une mince affaire!

titi
4. September 2019 - 9.33

Il est permis de rêver! Bonne idée, maismalheureusement irréalisable. La majorité des gens ne sont pas prêts à renoncer à leurs vacances outre mer. Avec la globalisation, les échanges commerciaux se multiplient à une vitesse vertigineuse de sorte que l'avion reste le seul moyen de transport et de déplacement répondant aux exigences de l'ère moderne.