L’affaire du quadruple meurtre commis jeudi 3 octobre en pleine préfecture de police de Paris par un de ses informaticiens, qui a poignardé à mort quatre policiers avant d’être abattu, a pris une dimension supplémentaire ce week-end avec différentes révélations et la saisine du parquet antiterroriste. Et le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui avait d’abord assuré que rien ne laissait prévoir le drame avant d’être démenti par les faits, est de nouveau sous le feu des critiques.
L’enquête aussitôt lancée, avec en particulier le passage au crible de son téléphone portable, de son ordinateur et de ses relations avec la mosquée de la ville de banlieue parisienne où il habitait, a en effet permis d’établir que l’assassin, Mickaël Harpon, qui travaillait depuis 2003 à la direction du renseignement, avait au contraire adopté au fil des ans ce que le procureur général a appelé samedi „une vision radicale de l’islam“, avec notamment „une approbation de certaines exactions commises au nom de cette religion“ et „sa justification“ des attentats de Charlie Hebdo en 2015.
Six mois plus tard, il s’était d’ailleurs disputé à ce sujet avec deux de ses collègues, qui avaient fait état d’un „comportement anormal“. C’est dire que, dans un milieu aussi sensible que le renseignement policier, qui lui donnait accès, comme informaticien, à nombre d’informations secrètes et aux dossiers personnels de ses collègues, il semble incompréhensible que personne dans sa hiérarchie n’ait éprouvé la moindre méfiance. Et aussi que le ministre lui-même, une fois la tragédie survenue, ait pu se montrer aussi catégorique dans son effort pour calmer des inquiétudes qui dépassaient de beaucoup la seule famille des personnels de police, déjà passablement mécontents pour d’autres motifs.
S’il y a eu des erreurs, il faudra les sanctionner
Un ministre contre qui se multiplient depuis quelques jours les critiques, qui parlent d’„incompétence“, de „dissimulation“, de „scandale d’Etat“, la droite demandant à nouveau sa démission. Lui-même a tenté de se justifier hier sur TF1 et a assuré à propos de son éventuelle démission: „La question ne se pose pas.“ Ajoutant: „S’il y a eu des fautes, il faudra les corriger. S’il y a eu des erreurs, il faudra les sanctionner.“ Sans paraître pour autant se ranger le moins du monde parmi les responsables possibles de ces dysfonctionnements, aux conséquences si meurtrières …
De son côté, le premier ministre Edouard Philippe avait assuré la veille qu’il „gardait sa confiance à Christophe Castaner“ et „refusait les polémiques politiciennes“, mais aussi qu’il allait lancer deux missions d’enquête pour remédier aux défaillances du système. Lequel permet notamment à un agent de la préfecture de police d’y pénétrer sans être fouillé (ce qu’a utilisé le meurtrier pour s’y introduire avec le couteau qu’il venait d’acheter), et de poursuivre sa tâche sans examen alors même que son évolution inquiète ses collègues.
Ce soutien à Castaner, qui voit très souvent sa compétence mise en cause, n’a évidemment pas été affiché sans que le président Macron ait été consulté. Ce qui montre qu’en l’état actuel des choses, le chef de l’Etat n’est pas (encore?) résolu à se séparer d’un ministre qui apparaît pourtant de plus en plus comme le maillon faible de son gouvernement.
De notre correspondant Bernard Brigouleix, Paris
Zu Demaart
il faudrait contrôler si sous la droite il y avait moins de problèmes. Depuis que M. Castaner est à son poste, il faut dire que cela n'arrête pas, mais est ce que c'est de sa faute? C'est facile de critiquer, mais pas de trouver des solutions .