Où que l’on aille et quelle que soit la conversation que l’on écoute ici et là, c’est toujours la même inquiétude devant la montée des populismes et des partis de l’extrême droite que l’on entend. En revanche, on entend peu discuter des raisons du phénomène et on ne saurait exclure que les mêmes qui s’inquiètent ne seront pas des électeurs des mouvements incriminés.
Il aura pourtant fallu des décennies de politiques erronées pour amener les plus modestes, puis les classes moyennes, à voter pour des candidats indignes. Indignes parce qu’ils font appel à la peur et proposent des solutions trompeuses, telle la sortie de l’UE et de l’Euro ou encore la fermeture des frontières ou le rejet des autres. Ah, l’autre!
Tout un chacun est autre pour autrui. Mais tous sont des êtres humains et dès lors dignes de respect. Et le problème identitaire n’existe que dans les pays qui manquent de confiance en eux-mêmes, qui ne se battent pas pour un cadre de règles communes, fermement applicables à tous et à toutes, avec, en appui, un système d’éducation nationale et laïque comme gage de future cohabitation civilisée.
Une condition préalable reste toutefois la juste répartition des richesses et une justice sans failles. Or, au fil du temps, depuis le milieu des années 70, les écarts n’ont fait que se creuser. La classe moyenne, issue d’une classe ouvrière qui avait su – et pu – hisser ses enfants à un niveau supérieur, a été voulue et pensée par la bourgeoisie à la fois riche et bien-pensante parce qu’elle devenait nécessaire. Tant sur le plan politique qu’économique. Depuis lors, elle est devenue gênante, envahissante, peut-être trop sûre d’elle. D’où l’exercice systématique de la remettre à sa place.
L’avenir de la progéniture encore élevée dans le „trop plein“ n’est plus un automatisme. Le rapport entre le coût de la vie et les salaires perçus s’est détérioré, et sur le plan sociétal, les nouvelles générations, souvent plus préoccupées (ne généralisons pas toutefois) par leur bien-être personnel, découvrent qu’elles sont embrigadées dans un carcan, alors que leurs libertés se réduisent à des comportements individuels plus ou moins marginaux, sortes d’alibis pour mieux masquer qu’elles sont totalement dépendantes de la volonté de quelques-uns, très riches, très loin d’elles et omnipuissants.
La politique parviendra-t-elle à inverser ce cours fatal des choses? On aimerait le croire, comme on aimerait que ce bel édifice qu’est l’UE à sa base saurait se réformer de l’intérieur et se concentrer sur l’essentiel. Il faut toutefois convenir avec lucidité que la politique est elle aussi, à l’instar des citoyens, sous contrôle et l’Europe par conséquent
à l’image de son impuissance.
La résurrection populiste est, dans l’immédiat, un danger avec lequel il faudra vivre.
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