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Plus bas que bas

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Quand la politique perd toute décence

A priori, les temps de la politique-spectacle auraient dû être derrière nous. Vaine espérance. C’était oublier qu’à partir d’un certain seuil de responsabilités, beaucoup de personnes planent, se détachent de la vie réelle et décollent vers un univers restreint, limité aux conseillers spéciaux, aux visiteurs du soir, aux groupes de réflexion, aux participants triés sur le volet, aux réunions et comités des „entre-soi“, chacun reflétant le même mode de penser et d’agir.
Le pouvoir, sous quelque forme que ce soit, isole. Il le fait d’autant plus que les fameux entourages adoubent plutôt que ne jettent la contradiction. Dans le droit fil, le sentiment d’impunité n’est pas loin.

En France, on avait pu constater ce phénomène avec Jacques Chirac à la mairie de Paris. Et les Tiberi n’en tirèrent aucune leçon. Il est vrai que ce genre de comportement, les emplois fictifs et les votants décédés figurant en bonne place, était légion. Point n’est besoin de rappeler les casseroles de Nicolas Sarkozy. Mais il serait injuste de ne pas vouloir admettre que la gauche aussi a eu plus d’une triste figure de proue en la matière, l’affaire Cahuzac étant encore dans les esprits.

Aujourd’hui, l’Europe a désespérément besoin d’une France vitale et forte pour être ce contre-pied politique et économique indispensable pour former un tandem équilibré avec l’Allemagne. Equation qui ne sera possible que si les Français parvenaient à élire un président hors pair. Or, quel choix se présente à eux?

Les primaires réussies de la droite et du centre ont fait émerger contre toute attente François Fillon. Celles, avortées par la discorde et la triche, de la „belle alliance populaire“, ont fait de Benoît Hamon un présidentiable. L’échiquier se serait donc composé de Fillon à droite, flanqué à son extrême de Marine Le Pen, Hamon à gauche tenu en laisse à sa gauche extrême par Jean-Luc Mélenchon, enfin quelques candidatures marginales et un outsider faisant figure „d’homme nouveau“, Emmanuel Macron.

Mélenchon est un ambitieux, un excellent orateur, une tête brillante et un idéologue. Hamon a tout partagé au PS avant de croire en sa chance en reprenant à son compte quelques idées nouvelles – dont le revenu universel – jaillies ailleurs (notamment en Suisse). Il doit tenter d’amadouer Mélenchon et est redevenu plus conciliant avec l’aile dite sociale-démocrate du PS après sa rencontre avec le président. Ce qui sortira de cet imbroglio est tout sauf convaincant.
François Fillon, tombeur de Sarkozy et de Juppé, est la plus récente surprise de la palette des présidentielles.

Conservateur pur et dur, catho plutôt intransigeant, très libéral sur le plan économique et chantre de la morale. Avant de tomber de son piédestal comme un vulgaire chef d’agence bancaire qui aurait puisé dans la caisse. Le propriétaire du manoir de la Sarthe, ex-sénateur, député, ex-ministre et premier ministre fut toujours méprisant face aux faiblesses d’autrui. Lui, le féru de courses automobiles, de chevaux et de grandes et belles familles catholiques à la progéniture nombreuse, belle et très bien éduquée, aurait eu besoin de payer et faire payer des emplois fictifs à sa discrète Galloise d’épouse? Une femme qui répond au beau prénom de Penelope et à laquelle personne n’a encore demandé si elle était au courant d’avoir eu un „job“, elle qui déclarait publiquement dans des interviews que la mère au foyer qu’elle fut s’ennuyait un peu …

La légalité et la morale sont deux paires de manches d’un même balai. Celui qui devait nettoyer de fond en comble les méandres de la République, mais aussi ceux de la vie publique. Pour le coup, c’est raté.

Que Fillon tienne le coup ou pas n’est plus la question. Les dégâts sont faits puisque la France n’aura jamais de président fort dont elle a urgemment besoin.

Marine, un recours? Comme si la fille de Jean-Marie et la tante de Marion Maréchal-Le Pen pouvait être une alternative. Facile de jouer la carte du patriotisme, de l’anti-européanisme, de la peur des étrangers qui voleraient le pain et l’identité. Ça marche évidemment parce que les vrais pauvres et vrais exclus n’en peuvent plus, parce que les classes moyennes sont étouffées et qu’à l’heure du commerce du café digital, le populisme fleurit. De là à croire que „Marine“ serait une bouée de secours!

Les politiques et avec eux la Politique tombent plus bas que bas quand ils se prostituent: pour l’argent et par l’argent, donc par l’enrichissement personnel et par leur obéissance aveugle des diktats du monde de l’argent.
Davos fut cette année un cru haut de gamme en la matière et la preuve que les dirigeants politiques n’ont pas davantage que le monde des affaires compris les enjeux démocratiques de notre époque.

Oui, les peuples européens en ont assez. Non, il ne s’agit pas de les calmer avec des pourboires pour éviter la „révolution“, c’est-à-dire l’arrivée progressive au pouvoir de l’extrême droite.

Il faut, tout bonnement, changer de fond en comble le système de la répartition des richesses sur notre planète.
Ce n’est pas du Stilnoct que demandent les citoyens, mais des vies décentes.

Et que voient-ils?
Que rien n’a changé depuis 2008 où la crise bancaire s’est déclenchée (en Europe, ce fut un coup de fil de BNP Paribas, ce que l’on omet généralement de dire).
Rien, puisque seul le petit cercle des riches s’enrichit de plus belle.