Laurent Delahousse est assurément le meilleur journaliste de ces dernières années du PAF, lisez le paysage audiovisuel français. Ce lundi, il présenta coup sur coup deux émissions portraits sur le Parti socialiste français, à quelques mois donc de l’élection présidentielle française. Deux séquences qu’auraient dû suivre tous les journalistes et tous les citoyens tant elles mirent en évidence des années de mensonges, de tricheries, de traîtrise de la part des acteurs, de ceux qui n’eurent pas le courage de dire les faits, rien que les faits.
DSK d’abord. Un marin au long cours du nom de Dominique Strauss-Kahn qui, plutôt que de fréquenter les océans, mena sa barque avec l’aide de ses trois épouses successives, chacune l’aidant à gravir une marche de sa carrière, la dernière – Anne Sinclair – ayant presque réussi à l’amener sur le perron de l’Elysée. Mais c’était oublier les affaires et c’était surtout occulter ce que tout Paris et au-delà savait, son amour des femmes justement. Celles qui le firent tomber plus bas que terre et mirent ainsi fin à l’illusion de ceux qui, au PS, crurent en faire un président.
Ah, qu’ils sont terribles „les enfants de Mitterrand“. Désarçonnés à la mort de leur patron, de leur guide, de leur père spirituel, ils furent des tas de jeunes loups et louves, plein de talent et d’incohérences, à se positionner. Au point de s’anéantir, de se ridiculiser, de se battre. Plus question d’intérêt collectif, d’intérêt de la nation, d’intérêt du peuple. L’échec en 2002, au premier tour des présidentielles de Lionel Jospin, les jeta dans le précipice. François Hollande émergea. Premier secrétaire, il put se vanter de deux scrutins remportés haut la main, municipales et européennes. C’était compter sans le référendum constitutionnel de l’UE qui mit un terme – provisoire crut-il – à ses velléités présidentielles.
Alors le bon François mit en avant Ségolène, la fidèle compagne qu’il trompait déjà. Et lorsqu’elle devenait de plus en plus populaire, il essaya de la convaincre de lui céder la place. Ce fut trop tard. Alors ces caciques du parti, la horde des éléphants se mit en marche pour détruire „l’illégitime“, celle qui prenait des chemins de travers, qui disait ce qu’elle pensait, erreur que ne commettra jamais, n’est-ce-pas?, un homme. Un „grand“ homme, ça complote plutôt.
L’échec face à Sarkozy fut donc et quand l’effrontée se mit à la conquête du parti, grand mal lui prit. Une éléphante fut mise à travers sa route, la souriante, douce, charmante Martine Aubry et, après avoir remporté le scrutin, Royal dut accepter qu’elle avait perdu! Tricherie, obstruction des urnes, etc. François Hollande ne cilla pas. Il avait voulu être président; il le sera donc. Peu importe les dégâts collatéraux. DSK l’aida, involontairement. Un directeur du Fonds monétaire international, menottes aux poings à New York, en prison à Rikers Island, cela met forcément un terme à toute velléité présidentielle. Hollande eut les coudées franches. Il fut élu et tous ses détracteurs du parti redevinrent ses amis: de Fabius à Aubry. Le nouveau locataire, dont l’ex-conseiller Morino dit aujourd’hui avec cruauté qu’il voulait „être président“, mais ne voulait pas „gouverner“, fit quelques belles et courageuses réformes sur le plan sociétal et le plan social. Il résista lors des terribles attentats, mais entre le discours du Bourget et la courbe du chômage, il n’y eut pas photo. Une mauvaise communication, trop de tergiversation et quelques histoires de femmes le firent chuter. Ses ex-ennemis devenus amis devinrent ses pires détracteurs.
Aujourd’hui, l’après-génération Mitterrand se chamaille, se divise, s’affronte. Toujours pour l’Elysée. Pour le peuple? Le bien commun? Voilà une autre histoire.
A force d’égoïsme, d’égocentrisme, de soif de gloire, voilà une bande d’„enfants terribles“, pourtant hyper intelligents, devenus bêtes au point de courir à la perte.
Preuve que l’on n’engendre rarement la progéniture que l’on souhaiterait …
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