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Ordinateur et intelligence artificielle

Ordinateur et intelligence artificielle

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L’humanité va-t-elle du bon vers le meilleur, ou est-elle sur le chemin de sa propre abolition, et par-dessus le marché par elle-même? La machine de Turing (= ordinateur), tout comme l’homme, n’aura-t-elle prochainement pas seulement de la mémoire pour appréhender, retenir et restituer, mais aussi de l’esprit, comme nous appelons chez l’homme ces facultés consistant à concevoir, penser et inventer, plus toutes les autres facultés cérébrales qui lui sont données?

Comme la mémoire et la capacité d’apprendre sont déjà actuellement avérées chez la machine, celle-ci aura-t-elle un jour encore d’autres contenus de conscience/subconscience semblables aux nôtres, par exemple de la créativité, du cœur, évidemment au figuré, et pendant que nous y sommes, différenciera-t-elle le bien du mal, le juste de l’injuste, le beau du laid, le solipsisme (= auto-égocentricité exclusive) de l’altruisme (= préoccupations actives pour autrui) et ainsi de suite … Et comment ces items seront-ils mis en œuvre par la machine, selon quels critères et d’une façon pareille à la nôtre, ou totalement différente? Difficile à se représenter!

Continuons encore: Sera-t-elle une entité qui en fin de compte acquerra sa liberté par rapport à ses concepteurs humains, lesquels passeront au second plan de ses préoccupations, et les humains par contre, finiront-ils leur propre quête de savoirs, affects, éthiques et j’en passe, en devenant, si tel n’est pas déjà le cas, suite à un inattendu renversement des rôles, les exécutants voire dans la pire des hypothèses les esclaves, au sens propre, soumis au bon vouloir de ce qui ne fut au départ qu’un «engin» créé par leur propre inventivité?

Alors science-fiction ou non?

Lire à ce vaste sujet Ray Kurzweil et consorts, tous issus de l’enseignement de l’IA (= intelligence artificielle), qui prédisent la domination sur le monde de l’IA pour 2036 déjà, donc dans 19 ans. Alors science-fiction ou non?

Attention, je ne veux pas évoquer ici les robots utiles au commun des mortels, comme les tendeurs de gazon, ou ceux qui aident les infirmières à transbahuter les malades du brancard sur la table d’op, ni non plus ceux des fabriques d’automobiles évitant désormais aux ouvriers des chaînes de montage la répétition à outrance de gestes stéréotypés comme visser toujours le même écrou et vraiment faits pour attraper le tournis, comme Charlie Chaplin dans les «Temps modernes», mais ces machines informatiques qui ont battu le champion mondial d’échecs Kasparov en 1997 avec l’ordinateur Deep Blue, et de nouveau en 2016 avec l’ordinateur Deep Mind, de Google, et celui, mondial également, du champion de Jeopardy récemment avec l’ordinateur Watson, sans parler du jeu de go.

Mais je me demande effectivement à propos de ces machines ou engins «pensants» (et programmés ad hoc!) si on pourra finalement qualifier une telle entité d’animée, oui, je veux dire vivant de vie, pensante et palpitante à l’instar de ses créateurs humains, lorsque par-dessus le marché elle aura trouvé, ainsi que d’éminents professeurs d’IA opinent dans certaines universités USA, le moyen de se reproduire, non au sens de copulation mais d’auto-réplication de ce mot (comme lorsque la dernière cellule universelle commune à l’origine de l’arbre du vivant s’est mise un jour à le faire).

Il ne me semble en effet nullement absurde ni exclu a priori qu’elle puisse et veuille se perpétuer ainsi ad aeternum, d’une manière sui generis, donc à sa façon, alors que grâce aux progrès de la maîtrise/abolition des maladies, ces «engins humanisés» seront pour les croyants du transhumanisme, devenus éternels, au moins en partie, cette partie étant évidemment constituée par la part de leurs organismes et fonctions transférés depuis l’homme, l’homme présent, celui de notre temps actuel. Cette nouvelle entité courra peut-être des risques et périls inconnaissables et pas du tout pareils à ceux que dans «son temps» (il s’agit bien du nôtre, en train de se passer!) l’homme a pris et continue de prendre, et en l’occurrence celui de l’extinction de son espèce? Qui peut le dire? (Je m’imagine un instant que je mène cette conversation avec celui de mes grands-pères que j’ai eu encore la chance de bien connaître, et il me prend ou pour déprimé ou pour fou …!)

Or ces questions sont décisives. Je les avais un peu abordées en marge d’un Forum récent de Tageblatt intitulé «De l’air frais dans l’azur» à propos de la négu-entropie (qualifiée aussi d’extropie = diminution du désordre dans un système clos, par opposition au concept physique d’entropie de Sadi Carnot), donc accroissement de l’ordre en acception positive.

Et l’autre jour ce même journal a évoqué la chirurgie robotique – les choses étant comparables en radiothérapie – disponible également au Luxembourg et contribuant un maximum à l’élaboration du plan d’intervention et à la précision des gestes du thérapeute, lequel conserve cependant tout son pouvoir de décision et aussi toute la responsabilité quant aux actes à poser et posés effectivement.

En dernière instance … le chirurgien

Il est essentiel de savoir qu’en dernière instance ce n’est pas le robot mais toujours le chirurgien qui décide et opère, autrement dit c’est lui qui appuie sur le bouton! Mais le fait est que l’interrogation «qui fait quoi?» brûle réellement les lèvres de tout humain tant soit peu réfléchissant.

La suite dans notre édition de demain.

Dr. Nicolas Hoffmann, directeur honoraire de la Commission européenne, ancien chef de son Service médical