C’est avec le plus grand intérêt que nous avons lu l’excellent article de Stefan Kunzmann dans le magazine Revue qui vient de paraître. Son sujet: Me Vogel. Un homme d’exception, à la culture hors pair, à la sensibilité à fleur de peau et un humaniste comme on n’en compte plus tellement. De lui, les terribles simplificateurs ne veulent voir que les coups de colère et le propos excessif. Au moins a-t-il du caractère et de la personnalité et évidemment, le ténor du barreau qu’il est, est infiniment plus fin qu’il n’y paraît parfois.
Non, cet article n’est pas un plaidoyer pour Gaston Vogel. Le propos est de mettre en évidence que rien dans cette vie n’est anodin et que chaque acte, tout choix, se pèse et a des implications dans le temps.
Qui niera que sans l’holocauste, sans le sort dramatique et odieux réservé aux Juifs d’Europe dans les années trente et quarante, la vie aujourd’hui des Israéliens et des Palestiniens serait différente? Qui peut nier que l’attitude des puissants patrons du Dow Jones et du Cac 40 face au locataire de la Maison-Blanche à Davos, en dit long sur un capitalisme débridé qui n’a plus de composante humaniste à ce niveau?
Regardons autour de nous, dans les maisons de soins, les hôpitaux, les prisons. Oui, le temps de travail, les salaires sont des éléments vitaux. Mais au centre, il y a des patients, de plus en plus âgés, presque toujours malades, fragiles qui ont besoin de soins, certes. Cependant, ne manquent-elles pas, ces personnes, d’écoute, d’attention, de tendresse, ce qui exige des personnels à la fois plus nombreux et à la formation psychologique plus complexe? Evidemment cela a un coût et l’Etat ne peut pas tout. En revanche, il peut réorienter ses priorités, placer l’homme au centre plutôt que le béton, les éoliennes et autres composantes du PIB.
Une personne âgée, dont la dignité n’est pas préservée (soit dit en passant que tout être humain a droit au respect de sa dignité, du bébé au vieillard), que l’on se contente de trimballer en groupes, qu’il faut occuper par des jeux stupides et ridicules, des douches à la va-vite, des repas sans goût et sans amour, réduits à de la bouffe en somme, ne peut trouver cela acceptable. Autant créer de véritables mouroirs.
Bizarrement, ainsi que le sait un Gaston Vogel, alors que la vie et la mort tiennent dans un mouchoir de poche, ce sujet ne fascine pas vraiment dans notre société. Pas de grèves à ce propos, pas de manifestations.
L’indignité et le manque de respect semblent être acceptés. Jusqu’au jour où ceux qui croient que tout n’est qu’argent, croupissent, eux, en chaise roulante en attendant que ça finisse.
Mes respects pour cet article, les commentaires.
...et ajoutez ceux, les "jeunes", pour qui les parents deviennent, dès un certain âge, ordure gênante, et qui font de leurs parents des "clients" de maisons de retraite et autres soins.
...et ajoutez ceux, qui ont d'autres priorités financières que de subvenir aux frais de vie, et pour qui l'Etat doit être une assurance casco perpétuelle et surtout exhonérée de primes ou autres contributions.
Anodin, si on a le fric pour rouler en SUV, entretenir sa piscine, se payer restaurants et vacances, mais pas le fric pour offrir à ses parents le confort primaire d'une fin de vie tant soit peu vivable.
Anodin, si, allez demander une fois les maisons de retraite de vous montrer les listes d’attente de centaines de « clients ». Anodin, si, on a le fric pour faire monter des GOVSAT, mais pas le fric de se permettre assez de lits d’hôpitaux ou des chambres dans des maisons de soin. Faites entrer ces Bettel, Schneider, Mutsch et Cie dans les hôpitaux, maisons de retraite et gardez-les en place au moins pendant une semaine.