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Le renouveau

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Les Européens devront se réapproprier leur Union

Il est toujours triste de voir un membre quitter un club, une famille, surtout quand il s’agit d’un membre éminent, fort de caractère, haut en personnalité.

Le Royaume-Uni a choisi, souverainement, de faire désormais cavalier seul. Non pas, comme d’aucuns le diront un peu vite, de se replier sur lui-même, mais plutôt pour redevenir lui-même, une île indépendante, fière de son passé d’ancienne puissance, tournée vers l’Atlantique, parlant en nom propre au sein des instances internationales et décidant seule pour son bien et son malheur.

Les symboles ne trompent jamais. Au pays de Sa Gracieuse Majesté, le volant est resté à droite dans les voitures qui, elles, roulent à gauche. On y règle ses courses en pound, on y tient aux miles plutôt qu’aux kilomètres et le five o’ clock tea n’est pas un archaïsme, il est culturel. Au même titre que la chasse aux renards, les lords, le loden et le tweed. Il ne faut pas rigoler de ce genre de choses. Les peuples ont besoin d’identité et cela ne signifie en rien qu’ils sont fermés à la diversité. Car qui mieux que le Royaume-Uni n’a fait preuve d’une ouverture aux hommes et femmes venus de toutes parts?

Les choix sont libres. Toujours. Même si, à l’origine, il y a des discours biaisés de la part d’un monde politique trop déconnecté de la vie réelle des citoyens, de leurs frustrations, de leur, oui, osons-le dire, de leur inculture grandissante à force d’informations superficielles et en dépit de diplômes plus accessibles que jamais auparavant.

A dire vrai, les Britanniques n’ont jamais aimé de coeur l’Union européenne dont ils ont su tirer profit à force d’opting out et de pressions. Quelque part, ils en sont restés avec Churchill qui prônait l’amitié et la coopération européenne sans pour autant recommander l’entrée dans l’ex-CEE. Cela, De Gaulle, si souvent mal interprété, l’avait bien compris.

Londres veut façonner sa place financière, sans avoir à „dealer“ avec l’Allemand Schäuble; les campagnards veulent vivre tranquille n’en déplaise à l’uniformisation des moeurs et des politiquement correct des lobbies qui confinent Bruxelles dans une surrèglementation sans fin. Un bon cigare ou une pipe odorante ne sont pas à rejeter, quoiqu’on en dise sur le continent …

Et enfin: de quel droit, d’Obama à Merkel ou Hollande, chacun s’est permis de donner des leçons aux Britanniques?

Le pire est ainsi arrivé. Cela prendra du temps de tout renégocier: les accords et traités, les départs des fonctionnaires européens des institutions, des élèves dans les écoles et lycées de Luxembourg et de Bruxelles. Mais là n’est pas l’essentiel.
Lorsqu’un événement est, il faut en tirer le meilleur. Si donc la décision britannique était une chance, une opportunité?

Cette fois, ni les Conseil des ministres, ni le Parlement européen, ni la Commission n’échapperont à l’inventaire. Celui du „machin“ qu’est devenue l’Union européenne, un „machin“ sans coeur ni bon sens. Une „machine“ à produire des directives, des lois, des contraintes dont nul ne veut. Harmoniser, voilà le terme maudit de ces dernières décennies. Harmoniser nos vies, harmoniser nos comportements, harmoniser nos pensées, harmoniser notre naturel, notre façon d’être, dans les moindres détails?

Cela suffit, depuis un bon moment, sauf que les politiques ne le comprennent pas. Parce qu’ils sont sous influence de toute sorte de groupes de pression, au lieu de réfléchir et d’agir par eux-mêmes dans l’intérêt public dans le respect de l’intérêt privé. Nul ne veut du „collectivisme“ aseptisé politique, culturel, économique, social, sociétal. Pas plus que des injustices qu’il n’a jamais réduites.

Londres part. Les pendules sont remis à zéro. L’heure donc d’engager une vaste réflexion par le biais d’un conférence intergouvernementale longue et apaisée comme aux début de la Communauté alors qu’on privilégia la paix à la libre circulation des biens. Si tel n’était pas le cas, parions que le Brexit ne serait que le point de départ d’une dislocation plus généralisée.