Pas facile de se glisser entre les deux donneurs de leçons européens que sont la France d’Emmanuel Macron et l’Allemagne d’Angela Merkel qui ne ratent pas une occasion de tirer la couverture du côté du couple franco-allemand, réduisant les autres partenaires à la portion politique congrue.
Pourtant c’est dans ce domaine que Jean-Claude Juncker brille le plus, comme il l’a encore une fois magistralement démontré à Strasbourg, mercredi dernier, lors de son discours sur l’état de l’Union. La pluie et le beau temps en Europe, il peut les faire lui aussi, dit-il en substance, en mieux même, puisqu’il n’est pas prisonnier des pressions d’élections nationales et sait donc s’élever au-dessus de la mêlée.
Il a par conséquent mis le paquet à Strasbourg, caressant dans le sens du poil tantôt le président français fraîchement élu, tantôt la chancelière allemande en passe de l’être. Mais en fin connaisseur des rivalités entre la France et l’Allemagne, il a faufilé un certain nombre de pierres personnelles dans le débat, affaire de montrer que le capitaine du navire européen habite, quoi qu’on en pense, à Bruxelles, et non à Paris ou Berlin.
Pierres puisées, comme pour montrer qu’il connaît mieux que quiconque ses classiques, en partie dans le traité de Lisbonne où elles dormaient, faute de volonté des dirigeants européens. Comme, par exemple, l’inattendue proposition de la fusion des présidents du Conseil européen et de la Commission lancée en fin de discours pour en garantir l’effet. «Le paysage européen serait plus lisible et plus compréhensible si le navire européen était piloté par un seul capitaine», a assené Juncker. Capitaine naviguant, il faut le dire, alors qu’un vent favorable semble souffler sur l’Europe.
Après les grandes tempêtes qui ont failli la faire chavirer. Enflées par un euroscepticisme, voire un anti-européanisme criants qu’elles étaient, et dont le Brexit et la crise migratoire ont été la pointe de l’iceberg.
Or, paradoxalement, le départ de la Grande-Bretagne, pour complexe qu’il s’annonce, pourrait offrir l’occasion de ressouder les volontés des membres restants. Tel est en tout cas le pari de Juncker qui, dans la foulée, propose d’élargir Schengen et l’euro à tout le monde ou presque. Et de mettre à la tête de ce dernier également un seul pilote qui serait à la fois commissaire et chef de groupe. En taisant toutefois soigneusement les cas polonais et hongrois.
L’idée, on le voit, est de permettre à Bruxelles de prendre le contrôle du navire européen et d’empêcher qu’il ne soit poussé dans trop de directions opposées. Encore faut-il que tombe le verrou des vétos. Le voilà donc également partisan de l’injection d’une bonne dose de majorité qualifiée dans le processus décisionnel.
Pour dire en somme que l’Europe va économiquement mieux, autant en profiter pour que politiquement il en soit de même. Mais là où le bât blesse – et le désarroi des citoyens vient en grande partie sinon essentiellement de là – c’est que les peuples, fragilisés par l’ultra-libéralisme, ne voient, eux, point d’embellie à leur horizon, et, peut-être davantage encore, se sentent emprisonnés dans un carcan normatif, alors qu’ils rêvent de liberté.
Le captaine dont le navire lui échappe.
Madame Fonck, cela ne sert à rien de tourner comme le chat autour de la bouillie brûlante, quoique ce soit indiscutablement un sujet intéressant sur le plan journalistique. La vérité de ce discours abracadabrant de notre ancien premier ministre, d’ailleurs comme tous les précédents discours, sont pour l’observateur aguerri rien d’autre qu’un dernier soubresaut d’un capitaine vieillissant et fatigué, avant de quitter un navire endommagé par l’usure. Celui-ci n’a depuis le début de son mandat, rien su restaurer, même pas la carlingue. Il s’est en fait rendu à Bruxelles sans sa casquette de capitaine, après avoir subi la tempête du scandale Luxleaks. Il maintient comme ses prédécesseurs, le crédo passionné d’une petite élite politique, qui sur la scène européenne déclare les bienfaits de l’unification, quoique le théâtre autour de lui, se trouve en feux et en flammes. Les soi-disant élites qui gravitent autour de lui, tentent sans émettre la moindre réserve morale et sans trop de connaissances suffisamment fondées, dans l’espoir de prolonger le scénario européen, dans un espoir de créer un super état européen, dont personne n’en veut. Ni moi ni vous Madame, soyons honnêtes. Quel horreur pour les citoyens de l’ancien continent, qui auront encore moins à dire, que dans leurs états actuels.
„Le paysage européen serait plus lisible et plus compréhensible si le navire européen était piloté par un seul capitaine“, a assené Juncker. Capitaine naviguant, il faut le dire, ...alors qu’un vent contraire souffle sur l’Europe e fraîchira bien plus encore. Il faudrait un capitaine pour qui priorité est le salut du navire et de ses occupants, et non pas un "capitaine Schettino" qui montera dans la chaloupe en premier!!