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Du sonnant et du trébuchant

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Des actes après les belles paroles?

Drôle de COP21, à Paris où l’état d’urgence proclamé à la suite des attentats du 13 novembre a anesthésié les consciences.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Drôle de COP21, parce que la société civile – elle qui, bien avant que les gouvernements ne prennent conscience des enjeux du réchauffement climatique, a sonné l’alerte – a été contrainte de rester presque sans voix, la grande manifestation pour le climat ayant été interdite à Paris.

Drôle de COP21, enfin, parce que tout le monde sait d’avance que la lutte pour contenir le réchauffement en-dessous des emblématiques 2 degrés est, avant tout, une question d’argent à débourser par les pays riches et pollueurs, pour permettre aux continents pauvres d’entrer dans la danse de la conversion énergétique.

Lors de l’ouverture, avec ses 196 délégations et tout ce que la planète compte de gratin politique, on n’a entendu que du meilleur, cependant. Au niveau des paroles prononcées, même Greenpeace en reste bouche bée, le compte y est. La prise de conscience aussi. Et l’année 2015 y a beaucoup contribué, elle qui a battu tous les records en matière de dérèglement, comme l’a souligné l’amphitryon de l’événement, François Hollande, devenu pour la circonstance le chevalier blanc de l’écologie.

Car, oui, jamais les températures n’ont été si élevées qu’en 2015 dans le monde, jamais il n’y a eu tant de concentration de dioxyde de carbone, et jamais autant „d’événements climatiques extrêmes“, pour reprendre les mots du président français, n’ont sévi sur la planète.

Et ce qui, dans cela, fait le plus peur, surtout aux dirigeants des pays du Nord, c’est que, comme on le constate déjà aujourd’hui, des dizaines de millions de migrants climatiques pourraient se retrouver sur les routes de l’exode dans les années à venir, venant compliquer une situation mondiale migratoire déjà fort encombrante et complexe.

Rares ont donc été les voix discordantes lors de l’ouverture de la conférence, ce lundi 30 novembre, et tout le monde ou presque s’est rangé derrière la formule choisie par Barack Obama dont le pays, avec la Chine, est de loin le plus gros pollueur planétaire. „Nous sommes“, a martelé le président des Etats-Unis, „la première génération à avoir ressenti les changements climatiques“ – il aurait dû préciser qu’il s’agit de la première génération de chefs d’Etat, car ailleurs, chez les donneurs d’alerte, la sonnette d’alarme a été tirée depuis bien plus longtemps –, „mais nous serons peut-être la dernière à pouvoir faire quelque chose.“

C’est fort juste. Mais il s’agit aussi d’un aveu. Celui que les dirigeants du monde ont, jusqu’ici, traîné la patte. On se souvient de la phrase célèbre de Jacques Chirac „Notre maison brûle et nous regardons ailleurs“. Eh bien, on a continué de regarder ailleurs pendant des lustres.

Aujourd’hui, tout le monde ou presque sait qu’il faut appeler les pompiers. C’est un progrès. L’incendie s’est propagé entre-temps, car aux grands pays industriels hyper-pollueurs sont venues s’ajouter des puissances économiques émergentes qui, comme le Brésil, l’Inde ou la Chine, pèsent lourd sur la balance des dioxydes de carbone.

Il n’y a donc plus un simple marchandage Nord-Sud, comme c’était encore le cas lors de la signature du protocole de Kyoto, en 1997. La zizanie entre le Nord et les pays émergents est flagrante, quand il s’agit de demander qui doit payer. Sans oublier que les pays producteurs de pétrole n’ont aucune envie de fermer leurs puits pour ouvrir la voie aux énergies renouvelables.

Or, c’est de cela qu’il s’agit essentiellement à la COP21. Réunir les centaines de milliards qui permettront de reconvertir un monde basé énergétiquement sur les hydrocarbures en une planète se développant au rythme de sources d’énergie dites propres. Une reconversion qui demande du sonnant et du trébuchant, et non pas des paroles.