Le patrimoine est ce que l’on hérite mais: l’héritage immatériel n’obéit pas aux valorisations des biens classiques qui composent une fortune, il ne se calcule pas en milliards ni même en centimes, il est sans prix, il est inestimable.
Que seraient les Français ou les Anglais ou les Allemands et mille autres peuples et nous, Luxembourgeois, sans notre langue par exemple? Sans nos musiques, nos chants, nos poèmes? Notre littérature, peinture, sculpture, architecture, photographie, danse, sans le théâtre, la comédie, les traditions villageoises et urbaines, celles culinaires comprises?
Depuis des siècles, on fait en Europe et ailleurs des efforts louables pour sauver le patrimoine naturel et artistique. L’argent public commence à manquer (les vagues d’austérité ont fait fondre les budgets – en France, seuls 3,4% du budget de la culture sont encore affectés au sauvetage et à l’entretien des monuments classés tels. D’où cette „solution“ efficace mais au fond détestable: le recours aux mécènes de la Finance et de l’Economie, qui, en contrepartie, bénéficient d’une pub plus ou moins tapageuse. Allez en Italie pour découvrir, avec les grandes merveilles, les noms de ceux qui les restaurent si généreusement.
Vous connaissez l’infotainment. C’est, à la télé, l’information formatée, habillée, présentée pour vous entretenir. L’histotainment est une nouvelle discipline dans laquelle excellent les grands du petit écran. Votre guide est célèbre, il vous fait découvrir en un tour rapide tel musée ou tel palais qui, sans fonds privés, s’écrouleraient. – Nous n’en sommes pas là au Luxembourg où le patrimoine créé par les générations précédentes est assez méthodiquement cherché, trouvé, répertorié, sauvé, mis en valeur. Mais qu’on ne s’en vante pas trop: l’argent est (encore) là et il y a quelques fonctionnaires valeureux qui savent „vendre“ leurs projets à l’autorité politique.
Vivrions nous dans le meilleur des mondes patrimoniaux, alors? Non, hélas! Car l’héritage immatériel, celui déjà cité, est sous-évalué, négligé. Il devient très compliqué, voire impossible, d’obtenir des aides publiques (modestes) pour des initiatives culturelles indispensables pourtant au sauvetage des savoir-faire encore présents. On n’a pas idée combien l’auteur luxembourgeois peine à trouver un éditeur parce que „le marché“ ne permettra pas à rentabiliser le livre. Plus terre à terre encore: essayez, en tant que chorale d’amateurs ancienne de plus d’un siècle, d’obtenir une aide publique pour votre concert annuel! Rien du gouvernement, plus un euro, c’est fini.
Oui, un jour, ce sera la fin de tout un pan du patrimoine immatériel luxembourgeois, parce certains n’auront pas compris en haut que les seules bonnes volontés en bas ne suffisent pas pour relayer l’héritage. Trop noire, cette conclusion? – Il faut bien mettre l’encre forte pour sauter aux yeux des décideurs, afin qu’ils les ouvrent sur ce petit problème en train de grandir.
Culture, oui, mais cultes non.
Il faudrait éradiquer le partis des gens qui croient encore aux revenants, au moins pendant l'élection qui approche.
Mais, cher Monsieur, la capacité de nous exprimer en plusieurs langues est l’un des trésors de notre patrimoine immatériel. Trésor à protéger, à enrichir même!
Ah, Monsieur Sold , n'est-il pas hypocrite , de parler de l'héritage immatériel , de citer notre langue, notre littérature, nos chants et en même temps de rédiger cet article dans la langue de Molière .