Larossi Abballa et Omar Mateen, ces assassins qui ont abattu sauvagement leurs proies à Magnanville ou Orlando, inaugurent-ils un type nouveau de criminels? A mi-chemin entre l’islamisme fanatique et la frustration personnelle?
Ils ont, en tout cas, des cheminements vers l’atrocité du crime qui se ressemblent. Tous deux ont superficiellement pris leurs leçons de djihadisme sur Internet. Ce ne sont visiblement pas des „soldats“ envoyés par Daech semer la terreur aux Etats-Unis et en Europe. Il ne s’agit pas non plus de cellules dites dormantes, réveillées par un ordre venu d’en haut. Leur manière d’agir est plutôt celle du loup solitaire.
Certes, l’Etat islamique, bousculé dans tous ses fiefs en Syrie, en Irak, en Libye, trouve, dans ce type de tuerie, une occasion rêvée de se pavaner et ne se prive de ce fait pas de le revendiquer haut et fort. Tout coup porté aux mécréants est le bienvenu. D’autant que les assassins leur viennent généreusement en aide en leur prêtant allégeance à la dernière minute, juste avant d’appuyer sur la gâchette ou de tirer le couteau.
De ce fait, avec ce ralliement de la dernière heure, tant Abballa que Mateen brouillent tous les logiciels des enquêteurs qui, dans l’hystérie ambiante, ont pour premier réflexe d’inscrire ce qui est plus près d’un crime crapuleux dans des logiques d’attentats. Or, le fil qui rattache ces crimes à l’Etat islamique et à ses bandes de tueurs est plus mince que celui qui motive en réalité leur soif de sang.
A mesure que l’enquête avance remontent en effet à la surface des éléments qui court-circuitent la piste du djihadisme.
On apprend ainsi que l’assassin d’Orlando qui, dans un local gay, a mitraillé sans pitié une centaine de personnes, serait, lui aussi, homosexuel. Quelles frustrations se sont alors accumulées dans son cerveau pour passer si brutalement à l’acte? Ne se pourrait-il pas qu’il ait agi par vengeance personnelle? Quant au tueur de Magnanville, les enquêteurs de la première heure ont oublié de mentionner qu’il avait sans doute déjà eu maille à partir avec le policier qu’il a tué à coups de couteau. Une phrase d’Abballa, non retenue dans un premier temps dans le dossier, l’insinue. „Il était venu chez moi, maintenant c’est moi qui viens chez lui“, aurait-il dit à la négociatrice du RAID tentant de le sommer de se rendre.
Là encore la vengeance personnelle semble se mêler de la tragédie.
Quoi qu’il en soit, la justification politico-religieuse que ces deux assassins ont mise en avant en dit long sur la confusion qui règne dans leurs têtes. Et dans les nôtres.
Tout se passe comme s’il y avait à la fois lavage de cerveau, dans lequel Daech est passé maître, et pétement de plombs, ce qui distingue Abballa et Mateen des „guerriers“ qui, au Bataclan ou chez Charlie, ont fauché ceux qu’ils considéraient comme des ennemis et avec qui l’Etat islamique exportait sa guerre.
Désormais, n’importe quel écervelé aux pulsions incontrôlables peut déguiser ses exploits sanglants derrière le voile du djihadisme. C’est inquiétant.
Dans la crispation que nous vivons, cela ne peut que nourrir l’islamophobie qui en est déjà à son comble. A tel point qu’un crime commis aujourd’hui par un musulman détraqué a toutes les chances d’être immédiatement métamorphosé en attentat terroriste.
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