La France est blessée. Elle n’en peut plus d’elle-même, elle qui des décennies durant soignait son rêve de grandeur pour s’apercevoir qu’une ex-colonie ne remercie jamais ex-post, qu’un Domtom coûte de l’argent, que l’intégration est compliquée, qu’un diplôme donné ne pare pas contre l’inculture, que la pauvreté n’est jamais un bien, que le mal-logement engendre la violence, que le non-respect engendre la haine et que celle-ci sera la porte ouverte à la violence.
Bref, la France blessée n’a pas encore compris que toute la classe politique passée et elle-même – tout aussi responsable – ont failli sur deux points essentiels: l’éducation et l’instruction publique.
L’éducation est un devoir familial et celui qui a failli, doit répondre de ses actes. Royal l’avait bien saisi à l’époque et fut copieusement raillée par la caste des intellectuels auto-proclamés.
L’instruction publique exige un investissement majeur, une obligation de scolarité longue, des classes à minima, oui, sélectives pour pousser les forts en thèmes et aider les retardataires, et non pas pour ralentir les premiers et frustrer les seconds. Sur ce point, les acteurs concernés font preuve d’une naïveté et d’une hypocrisie inouïes.
On verra dimanche et au plus tard dans quinze jours, si la France est capable de faire fi de ses démons et de renouer avec sa créativité. In fine, cela ne dépend que d’elle et ni l’Europe ni le monde n’y seront pour quelque chose. Tout est question d’approche et de volonté. Ainsi on peut estimer que le monde numérique de demain, les technologies nouvelles et autres mutations entraîneront des licenciements par milliers. Oui, certes. Comme par le passé. Là n’est pas le problème. Car le prochain cycle économique créera des emplois nouveaux, par milliers aussi. Force sera donc d’être prêts. Ce qui implique une nouvelle pensée, des formations continues et renouvelées, l’envie d’apprendre, de changer, de relever les défis. La fatalité serait de ne jamais voir le positif parce qu’il serait valorisant de se complaindre dans le négatif.
Que Trump soit fou, qu’il souffre d’Alzheimer ou qu’il sache parfaitement ce qu’il veut, importe peu en définitive. Il est le président des Etats-Unis. La question est de savoir pourquoi l’Europe est si complexe et ne comprend pas qu’elle a le dessus démographique, économique, social et culturel. Pas militaire. C’est vrai. Mais à qui la faute, sinon à elle, timorée, soumise, indigne en quelque sorte. Encore une question d’approche et de volonté.
Qualités dont les Russes se souviennent toujours, au-delà des régimes, et dont les Coréens, du Sud comme du Nord, se souviendront en temps utile et en capacité d’endurance si vraiment l’„Amérique“ décidait d’aller trop loin. Car en Corée l’ami n’est pas – au Nord, la Chine, au Sud, les USA – non, l’ennemi c’est le Japon et l’enjeu n’est pas celui que Washington croit. Pas plus d’ailleurs qu’hier au Vietnam. Approche toujours.
Cessons de nous bander les yeux, de croire tous les mensonges qu’on nous sert et qu’on n’appelle pas „fake“, mais „faits“. Hier encore au Vietnam, aujourd’hui en Syrie, hier en Irak ou en Libye, aujourd’hui en Afghanistan, au Pakistan, en Turquie. Oui, la Turquie, que d’erreurs! Y aurait-il encore Erdogan si l’UE avait agi avec sagesse plutôt que par idéologie il y a vingt ans? Non, bien sûr. Fausse approche, sûrement.
Rassurant toutefois que le sondage que publie ce matin le Tageblatt en collaboration avec le grand institut de sondage français IFOP, dont la démarche – disons-le d’emblée – nous a surpris par son professionnalisme, l’excessive gentillesse, la qualification des maîtres d’œuvre, et qui montre que le pragmatisme luxembourgeois a au moins ceci de bon qu’il permettrait – le cas échéant – d’échapper aux excès.
Certes, il y a des différences par groupes d’âges, socio-professionnels, régionaux et surtout par appartenance politique. Dans l’ensemble toutefois, la raison s’écrit avec majuscule. Approche d’un pays qui sait qu’il est petit, sa population de souche quasi minoritaire, la cohabitation une nécessité?
Approche de citoyens conscients que le bien-être relatif est le fruit d’un long travail collectif après des siècles de vraie pauvreté, voire d’exode, et le maintien de ce bien-être conditionné à la créativité nationale, donc réalisable pour qui est volontaire.
Oui, une question d’approche …
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