Le Musée national d’histoire et d’art poursuit son hommage à Edward Steichen à l’occasion du cinquantenaire de sa dispariton en 1973. Sa nouvelle initiative muséale est la suite logique de l’exposition „Inspired by Steichen“ qui trace des liens subtils entre les œuvres des deux artistes contemporains Erwin Olaf et Hans Op de Beeck avec le travail de leur figure tutélaire commune qu’est le photographe natif de Bivange, émigré à l’âge de deux ans aux Etats-Unis avec ses parents.
Les deux artistes ont cette fois été invités à porter un regard nouveau sur la collection de 178 tirages que les héritiers d’Edward Steichen ont légué au musée en mars 1985, et à sélectionner eux-mêmes les vingt nouveaux tirages qui, pour trois mois seulement, à tour de rôle pour des raisons de conservation, sont mis en avant dans le cabinet consacré à la mise en valeur de cet héritage.
L’exposition temporaire „Edward Steichen – The artist’s view“ veut ainsi souligner „l’intemporalité et la puissance d’évocation propres à l’œuvre de Steichen“. D’ailleurs, Hans Op de Beeck, seul des deux artistes présent au moment de l’inauguration de l’exposition, souligne que c’est toujours l’effet produit dans le premier instant par une œuvre d’art, sa capacité à l’emporter dans son atmosphère, qui retient son attention, plutôt que le contexte de l’œuvre, lorsqu’on lui demande d’assurer la curation d’une exposition.
Jeux de lumière
Le vrai fil rouge entre les trois artistes qui „tels trois musiciens virtuoses créent une nouvelle harmonie“ dans leur exposition commune, selon les mots du curateur, Ruud Priem, est la nature et la petitesse de l’homme face à l’histoire et au sublime. Parmi la sélection très personnelle et intuitive faite par les deux artistes des photographies d’Edward Steichen, on retrouve ainsi ces différents thèmes à travers lesquels Steichen montre ses capacités d’expérimentation avec la lumière, lui qui fut un pionnier du rapprochement de la photographie et de la peinture. C’est notamment le cas de la photographie fantomatique du plâtre d’une statue de Honoré de Balzac, sortie de l’atelier d’Auguste Rodin pour être photographiée à la lumière de la lune, ou encore d’une photo capturant l’éclat des lampes de la 6e avenue de New York. Hans Op de Beeck souligne d’ailleurs la proximité entre une de ses techniques favorites, l’aquarelle, et la photographie, à savoir que c’est le support qui fournit la lumière. Mais il en est aussi question dans la sélection de photos de portraits, chers notamment à Erwin Olaf. On retrouvera, parmi les photographies sélectionnées dans cette catégorie, celui, rayonnant, de sa fille Mari, Mary, dans un jardin; celui plus inquiétant du musicien Richard Strauss en 1904, ou encore la pose du bariton, activiste et acteur américain Paul Leroy Robeson en boxeur.
L’hommage à Edward Steichen se fait également à travers des publications. Il y avait eu „The Luxembourg Bequest“, qui présentait une étude académique des 178 photos de la collection du MNHA et proposait six nouveaux essais sur les questions d’identification, de technique, de datation et de conservation des clichés. En ce mois de mars, c’est le catalogue de l’exposition „Inspired by Steichen“ qui est désormais disponible. Il est naturellement édité aux éditions Hannibal Books, qui avait déjà publié les aquarelles nocturnes de Hans Op de Beeck et des clichés de danse d’Erwin Olaf. On y retrouve, à côté des œuvres de l’exposition „Inspired by Streichen“, un entretien très éclairant avec les deux artistes-héritiers de Steichen.
Infos
L’exposition temporaire „Edward Steichen – The artist’s view“ est visible jusqu’au 4 juin tandis que l’exposition „Inspired by Steichen“ est visible jusqu’au 11 juin. Le catalogue de cette dernière exposition, édité de concert par le MNHA et les éditions Hannibal Books, est notamment disponible à la librairie du MNHA (au prix de 45 euros).
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