Nous nous trouvons dans l’appartement vide d’un détenteur d’œuvres d’art fortuné où tout est contrôlé par des intelligences artificielles. Un groupe de cambrioleurs y fait pénétrer un de leurs complices, mais le plan ne se déroule pas comme prévu. L’intrus se retrouve emprisonné comme en conséquence de ses actes à cause d’une défaillance du système d’alarme bloquant toutes les issues.
Nemo, le cambrioleur interprété par Willem Dafoe, coincé au dernier étage d’un immeuble totalement insonorisé, doit lutter pour survivre dans un lieu supposé être un lieu de confort, mais qui pour lui se transforme en un véritable „locus terribilis“. À cela s’ajoute un bug du régulateur de température, ce qui l’oblige à s’adapter à de très grandes variations entre le chaud et le froid. Nemo devient donc non seulement l’otage de la technologie, mais également sa victime.
L’intensification des états et des sentiments du personnage se transmet au fur et à mesure que l’action progresse – grâce aux effets sonores, aux prises de vue, au jeu d’acteur et au montage. La lenteur du film ainsi que son côté répétitif mettent le spectateur dans la peau du cambrioleur qui passe plusieurs mois enfermé dans la monotonie. Un autre exemple de la transmission détaillée de l’état physique de l’emprisonné serait l’illustration de la soif excessive par des gros plans de ses lèvres sèches et l’animalité avec laquelle il se jette sur chaque goutte d’eau qu’il trouve. Une pluie à torrent dehors met également en exergue l’inaccessibilité à l’eau à l’intérieur de l’appartement.
L’évolution du personnage suit le schéma classique des films où l’acteur principal se retrouve désarmé dans un endroit isolé de tout contact humain, généralement dans un environnement sauvage tel qu’on peut le voir dans „Seul au monde“ de Robert Zemeckis ou „L’Odyssée de Pi“ d’Ang Lee. À l’inverse, dans „Inside“, l’évolution se déroule dans un penthouse autogéré par la technologie. Ainsi, l’autonomie totale de la technologie devient tout aussi dangereuse et imprévisible que la nature sauvage. Un autre point où Vasilis Katsoupis s’écarte du schéma narratif classique sur lequel se basent les fictions sur l’isolement d’individus, est le fait qu’un criminel se retrouve pris au piège de ses propres manipulations (comme dans „Ascenseur pour l’échafaud“ de Louis Malle), ce qui est un contraste par rapport aux innocentes victimes des lois de la nature.
En tant que spectateur, on ressent de la compassion envers le personnage principal, malgré le fait que ce soit un malfaiteur. La défaillance des systèmes technologiques fait prendre conscience du danger de la confiance totale aux intelligences artificielles et le retour à l’état animal de Nemo face à une situation inextricable est une réflexion sur l’être humain en tant qu’être sauvage.
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