Walter Hamber naquit à Vienne (Autriche) le 9 juillet 1902, fils de Siegmund Hamber, né le 26 août 1872 à Vienne, et de Jenny Kohn, née le 21 octobre 1875 à Vienne. De nationalité autrichienne et de confession juive, il travailla d’abord comme employé de banque et habita dans la Neusetzgasse, Vienne 10. Il se maria le 26 octobre 1925 avec sa cousine Félicie Hamber, née le 3 novembre 1904 à Tarnow (Pologne/Russie), avant d’émigrer au Luxembourg. Il s’installa le 17 juillet 1926 au quartier de la Gare à Luxembourg-ville et fonda avec ses beaux-parents une mercerie au 9, rue Goethe. En 1938 il déclara des revenus annuels de 35.000 fr. lux. et une fortune de 400.000 à 500.000 francs. L’entreprise „Joseph et Walter Hamber, textiles et articles de bonneterie“, qu’il avait fondée en 1926 avec son beau-père Joseph Hamber, occupait en 1938 dix personnes et s’était reconvertie à partir de 1934 dans le commerce en gros. A la veille de la guerre Walter Hamber fit fonction de représentant en articles de bonneterie et habitait désormais au 25, boulevard de la Pétrusse. Son activité professionnelle s’étendait à la région de Liège et à toute la Belgique et il possédait une filiale à Strasbourg, 5 rue de Haguenau.1)
Après le décès en 1937 de son associé Josef Hamber,2) Walter fit venir de Vienne son frère Erwin privé de son emploi après l’annexion de l’Autriche. Celui-ci resta au Luxembourg du 22 juillet 1938 jusqu’au 22 janvier 1940 en tant qu’associé de l’entreprise familiale. En janvier 1940 il émigra aux Etats-Unis et s’installa à Seattle.3) Evelyne Gordon-Hamber (1907-2000), sœur de Félicie, épousa un ingénieur belge et réussit à émigrer aux Etats-Unis.4) Son frère Siegmund, mentionné comme trésorier de la Fédération Sioniste de Luxembourg et comme président de l’association sportive juive Makkabi, quitta le Luxembourg pour la Palestine en septembre 1938.5) En mai 1940, il ne restait au Luxembourg que Walter Hamber, son épouse Félicie et sa belle-mère Amélie.
10 mai 1940: une fuite bien préparée
Walter Hamber travaillait déjà avant l’invasion allemande pour les services de renseignements français. Il dépendait du capitaine Alfred Knoll qui sous la couverture d’un directeur de banque à Luxembourg était rattaché au poste de Longwy du B.R.E.M. (Bureau régional d’Etudes de Metz).6) La „Sûreté“ luxembourgeoise était au courant de ses nombreux allers-retours entre la France et le Luxembourg.7) Un groupe d’officiers du 2e Bureau se réunissait pendant la drôle de guerre 39/40 au domicile de Hamber à Luxembourg-Gare.8) Dans la nuit du 9 au 10 mai 1940 Hamber fut averti de l’invasion imminente par Henri Koch, ce qui lui permit d’alerter les membres de la communauté juive du pays. Hamber avait pris la précaution de transporter une partie des stocks de son entreprise à Herseaux en Belgique et à Roubaix en France. Il rejoignit Paris où il participa au filtrage des arrivées de voyageurs à la Gare du Nord et figura, selon Koch-Kent, parmi les donateurs du gouvernement luxembourgeois en exil.9)
Le 20 septembre 1940, Walter Hamber, son épouse Félicie Hamber et sa belle-mère Amélie dite Mila Kranzler se firent délivrer des passeports luxembourgeois par le Consulat général de Belgique à Marseille, ce qui eut pour conséquence de les faire figurer sur un „Relevé d’étrangers ayant réussi à se faire délivrer frauduleusement des passeports luxembourgeois“ dressé par le consulat luxembourgeois en France. Informé de ces faits le ministre des Affaires Etrangères Bech donna l’ordre aux responsables luxembourgeois à Vichy de priver les délinquants de leurs documents: „Si l’une ou l’autre de ces personnes se présentait à votre Office, je ne crois pas, en considération de leur situation malheureuse qu’il y a lieu de prendre d’autres mesures que celle de leur retirer le passeport luxembourgeois et de le remplacer par un passeport d’apatride.“10)
Heureusement, les autorités françaises autorisèrent Hamber à changer de nom „en raison des services exceptionnels rendus au S.R. français (et) dans le but de se soustraire aux recherches des services allemands“.11) Il retrouvait ainsi une identité légale sous le nom de Paul Gauthier et échappait également aux lois anti-juives du régime de Vichy.
Une double activité: Centre des réfugiés luxembourgeois et Famille Martin
La famille Hamber s’installa à La Ciotat dans le même logement que le Dr. Henri Cerf, ancien président de l’organisation juive ESRA. Walter Hamber participa en tant que délégué du groupe de Marseille aux activités du Centre des réfugiés luxembourgeois dirigé par l’ancien ministre socialiste René Blum. Grâce à ses nombreuses relations Hamber devint vite un élément central de l’organisation. Il organisa des collectes, aida à régulariser la situation administrative des réfugiés, fit des démarches pour les personnes internées dans le camp des Milles et rassembla des informations sur la situation au Luxembourg sous occupation allemande.
En mars/avril 1941 Walter Hamber fonda à Marseille, ensemble avec l’avocat Jean Darcy (Metz), le capitaine Alphonse Cerf (Metz), le Dr. Arnold Weidenfeld (Strasbourg), tous originaires de l’Est de la France et de confession juive, un service de renseignement qui fut connu plus tard sous le nom de „Famille Martin“ et faisait partie des Forces de la France combattante. Celui-ci compta 272 agents homologués, dont 18 pour la sous-section Luxembourg dirigée par Fernand Schwachtgen (1910-2000), médecin à Mersch et membre de la direction du mouvement de résistance „Letzeburger Vollekslegio’un“ (LVL). Schwachtgen était assisté par Félix Bruck, ingénieur de travaux publics. Les collaborateurs directs de Hamber en France furent Baruch Weinryb/Wajnryb (1898-1945), réfugié à Montpellier, et Nik Huss (1903-1945) qui lui servit de courrier entre la France et le Luxembourg. Huss avait un commerce spécialisé dans les pièces de rechange pour voitures automobiles, rue de Strasbourg à Luxembourg-gare, ce qui justifiait des déplacements hebdomadaires en France.
Hamber était en relations avec son ancien chef du 2e Bureau, le capitaine Knoll, installé maintenant à Alger, avec le banquier Alfred Levy (Vanden Broeck), réfugié aux Etats-Unis ainsi qu’avec des responsables de l’appareil politico-militaire du régime de Vichy, comme le capitaine Fernand Archen ou le diplomate Ferdinand Sarrien. Archen avait occupé depuis 1936 le poste du 2e Bureau à Luxembourg et fut d’abord responsable de la Police des étrangers à Nice puis attaché à la Commission de l’Armistice à Lyon. Sarrien fut consul général de la France à Liège avant d’être chargé du Bureau des affaires belgo-luxembourgeoises au Service politique des Affaires étrangères à Vichy. Hamber rencontra à plusieurs reprises le médecin luxembourgeois Charles Marx, dont la clinique à Quillan dans les Pyrénées constituait le point d’aboutissement des filières d’évasion et qui à partir de l’automne 1942 organisa la Ligne Elisabeth qui aidait les jeunes réfractaires luxembourgeois à rejoindre l’Angleterre à travers l’Espagne.12)
Renseignements pour Londres
La filière de Walter Hamber fonctionna de juin 1941 jusqu’à juillet 1943. Elle fut jusqu’en septembre 1942 le seul moyen dont disposait la résistance luxembourgeoise pour communiquer avec les services alliés et avec le gouvernement luxembourgeois en exil.13) Le réseau transmit des renseignements sur la situation politique au Luxembourg, des rapports sur la sidérurgie, les chemins de fer, le système financier, rédigés par des hauts fonctionnaires et des experts, transmit des informations précoces sur l’assassinat de juifs par le moyen de gaz d’échappement14) et réussit l’exploit de fournir les plans de l’usine de fabrication des fusées V1 et V2 de Peenemünde, ce qui permit la destruction de celle-ci par les bombardiers de la RAF dans la nuit du 17 août 1943. Ces renseignements avaient été fournis par de jeunes conscrits du „Reichsarbeitsdienst“, stationnés près de Peenemünde et rassemblés par les agents du LVL.15)
Les relations de Walter Hamber avec le gouvernement en exil furent parfois problématiques. Les auteurs des rapports avaient souvent l’impression de ne pas être entendus et de prendre tous les risques dans une relation à sens unique. Dans les lettres qu’il adressa entre mai et septembre 1942 à René Blum Hamber/Gauthier se plaignit de ne pas recevoir de réponse aux rapports adressés à Londres. Aux demandes de contacts reçues de l’OSS américain et du War Office anglais le gouvernement luxembourgeois proposait invariablement de s’adresser à Louis Knaff, le directeur de la Croix-Rouge luxembourgeoise en France.16)
Le 18 juin 1942 Hamber avertit le gouvernement en exil qu’une partie des jeunes réfractaires réfugiés à Montpellier fréquentaient régulièrement les boîtes de nuit et rentraient complètement ivres et que ces virées nocturnes se faisaient en compagnie du secrétaire de la Croix-Rouge luxembourgeoise.17) Le premier ministre Dupong réagit en envoyant la lettre de Hamber au chef de l’Office luxembourgeois à Vichy qui la fit transmettre aux responsables de la Croix-Rouge à Montpellier, ce qui était conforme à la routine administrative mais contraire à toutes les règles de la clandestinité.18)
En janvier 1942 une série de perquisitions aux domiciles de Hamber-Gauthier et d’Alphonse Cerf ébranla le réseau qui fut protégé par des complicités dans la police de Vichy. Après l’occupation de la zone dite libre, Hamber se replia vers le Lot d’abord et Grenoble ensuite, Alphonse Cerf en Haute-Savoie et Weidenfeld à Lyon. La trahison du chef du groupe parisien, l’ingénieur René Charbonnier19), permit l’arrestation, le 10 septembre 1943, de Hamber et de Weidenfeld à Grenoble. Schwachtgen fut arrêté le 8 octobre 1943 et soupçonné d’espionnage, sans que l’Abwehr réussisse à percer le lien exact avec l’affaire de Peenemünde. Nik Huss fut arrêté en janvier 1944 à Longlaville lors d’une tentative de passage de la frontière luxembourgeoise. Hamber fut déporté d’abord au camp de concentration de Hinzert puis à Mauthausen, en transitant par la prison de Luxembourg-Grund. Le 24 avril 1944 Schwachtgen avait fait la connaissance de Hamber dans la cour de la prison de Luxembourg. Présenté par Huss, Hamber apprit à Schwachtgen qu’il avait été son chef.20) D’après le Mémorial Mauthausen, le camp annexe de Wien-Floridsdorf, où Walter était interné, fut évacué le 1er avril 1945. Au cours d’une „marche de la mort“ d’environ 150 km en direction de Steyr, Walter Hamber fut abattu le 4 avril 1945.21)
Félicie Hamber et Amélie Hamber-Kranzler, l’épouse et la belle-mère de Walter Hamber, furent arrêtées le 30 septembre 1943 à Aspet dans les Pyrénées et déportées à Theresienstadt.22) Félicie survécut et retourna au Luxembourg,23) puis émigra aux Etats-Unis et mourut en 1973 à New York.24) Amélie fut tuée à Auschwitz.25)
Siegmund et Jenny Hamber-Kohn, les parents de Walter Hamber, qui étaient restés à Vienne, furent dépossédés de leur maison en septembre 1941, puis déportés le 20/21 juin 1942 à Theresienstadt où Siegmund décéda le 1er janvier 1943.26) Jenny survécut et fut recueillie dans un camp de réfugiés à Deggendorf. Elle reçut en février 1946 une autorisation de séjour de transit par le Luxembourg, „comme il s’agit d’une personne qui a beaucoup souffert pendant la guerre, non seulement en raison de sa qualité d’israélite, mais à raison de ses exploits en faveur des Alliés, partant de notre pays“. Elle alla rejoindre son autre fils, Erwin Hamber, à Seattle (USA), où elle mourut le 15 mars 1953.27)
Mémorial de la Shoah
Cette biographie ainsi que plus de 70 autres biographies de personnes qui vivaient au Luxembourg avant et pendant la Seconde Guerre mondiale et qui ont été persécutés par les nazis parce qu’ils les considéraient comme „juives“, en vertu des lois raciales de Nuremberg promulguées en 1935, peuvent être consultées sur le Mémorial digital de la Shoah au Luxembourg: www.memorialshoah.lu. Ce Mémorial est développé par le Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C2DH) et la Fondation Luxembourgeoise pour la Mémoire de la Shoah (FLMS).
1) ANLux, J-108-0455681, dossier Walter Hamber/Félicie Hamber; ANLux, J-108-0322203, dossier Erwin Hamber: rapport de la Sûreté du 1er juin 1938; ANLux, J-108-0319128, dossier Joseph Hamber, Amélie Kranzler.
2) ANLux, J-108-0319128
3) ANLux, J-108-0322203
4) ANLux, Fonds Blum, Box 12: Lettre d’Evelyne Gordon-Hamber à Blum, 26.5.1945; lettre de Blum à Garreau, Moscou, 4.7.1945
5) Tribune juive, Strasbourg, 1933, 139 ; 8.5.1936, 293; 15.10.1937, 637. Voir aussi ANLux, J-108-0322203.
6) Henri Koch-Kent, Sie boten Trotz (Luxembourg, 1974), 238-239; Henri Koch-Kent, Vu et entendu, vol. 1: Souvenirs d’une époque controversée 1912-1940 (Luxembourg, 1983), 301, 349-351
7) Prof. Dr. Thomas Grotum, Université de Trèves, Fonds Gestapo Trier, dossier Schiltz Martin, GR 28 P8 382, 26: Interrogatoire de Schiltz conc. Hamber et 127: interrogatoire Gangolf conc. Kroll.
8) Service historique de la Défense, dossier d’homologation, témoignage Darcy, 1945
9) La veuve de Baruch Weinryb, qui fut le collaborateur direct de Hamber, réclama la somme de 100.000 fr. au gouvernement luxembourgeois après la guerre. Voir ANLux, PE 303618, 44: déposition du 25 janvier 1946. Hamber possédait un dépôt de 155.000 fr. à Paris et une réserve en or d’une valeur de 100.000 fr. dans un safe à Amsterdam selon ses déclarations à la police en 1938.
10) ANLux, Gtex, 272, annexe à la lettre Bech du 4 janvier 1941. Voir Henri Koch-Kent, Vu et entendu, vol 2: Années d’exil 1940-1946 (Luxembourg, 1986), 173-174.
11) Selon le chef des Services secrets cité par Géry Meyers, La Résistance luxembourgeoise et le renseignement de 1940-1944, Mémoire de maîtrise, Paris IV-Sorbonne, p.40, 1999; SHAT, Archives Moscou, 2e Bureau, Carton 269, Dossier 15172 Amberg (Hamber?).
12) ANLux, Gtex, Correspondance Schommer-Hamber, p. 37
13) Lettres de Paul Gauthier à René Blum, Archives du Centre Jean Kill, dossiers Blum 1 et 2
14) ANLux, CDRR, Schwachtgen, Reiffers, Leger: „Très tôt, nous avons pu transmettre une description d’un camp de concentration en Pologne; nous avons réussi à obtenir un témoignage oculaire luxembourgeois sur le gazage par les SS de Juifs dans des wagons fermés. Cet informateur était employé par l’organisation Todt. Des conducteurs de locomotives qui se sont rendus en Pologne et en Ukraine ont confirmé l’horreur“ (Schwachtgen, p. 20). Ni la date ni le texte du rapport sont connus.
15) ANLux, Gtex, Correspondance Schommer-Hamber, 15-39; André Schwachtgen, Die LVL und die Affäre Peenemünde, 2020. Il s’agit de la publication sous forme de livre d’une série d’articles publiée en 1988 dans la revue „Rappel“ et annotée par Aloyse Raths.
16) Archives Centre Jean Kill, dossier Blum 1, lettre de Pierre Dupong, 17 juillet 1942 (OSS); ANLux, Gt ex, Correspondance Schommer-Gauthier, „Note sur la conversation Knight-Percy-Schommer du 28 novembre 1941“ (War Office)
17) Archives Centre Jean Kill, dossier Blum 1. Voir également: Henri Wehenkel, Entre Montpellier et Montréal. Les oubliés de l’Histoire: René Blum (4), Lëtzebuerger Land, 11 novembre 2022
18) ANLux, Gt ex, Correspondance Schommer-Gauthier, lettre de Gauthier à Blum, 23.9.1942. Gauthier disculpa finalement Knaff de toute complicité.
19) Jugé et fusillé après la guerre
20) SHD, Dossier d’homologation 1945, rapport Darcy, 12 p.
21) https://raumdernamen.mauthausen-memorial.org/?id=16&p=31016
22) http://www.ajpn.org/arrestationdep-31.html
23) ANLux, J-108-0455681
24) https://www.ancientfaces.com/person/felicie-hamber-birth-1904-death-1973/10368980
25) ANLux, J-108-0455681; https://yvng.yadvashem.org/nameDetails.html?language=en&itemId=364778&ind=2: page de témoignage déposée en 1956 sur le site de Yad Vashem par la sœur d’Amélie Kranzler, Helena ép. Grinberg
26) https://www.geni.com/people/Sigmund-Hamber/6000000027328260722; CRT-II-Claims Resolution Tribunal, Certified Award in re Accounts of Jenny Hamber and Siegmund Hamber, https://crt-ii.org/_awards/_apdfs/Hamber_Jenny.pdf
27) ANLux, J-108-0455681, avis du Procureur général de l’Etat daté du 27 février 1946
Sur l’auteur
Henri Wehenkel, études de philosophie à Paris, professeur d’histoire au Lycée technique du Centre à Luxembourg, membre du Conseil de gestion du Musée national de la Résistance, 1985-1995, auteur e. a. de: Der Antifaschistische Widerstand in Luxemburg, 1933-44, Luxembourg, 1985; Entre chien et loup, 17 biographies de personnages controversés, Luxembourg, 2017.
Och no esou laanger Zäit muss ech schlécke, wann ech daat lesen. Mir mussen eiser Jugend daat weidersoën. Et dierf ni vergeess gin.
Guten Tag Herr Wehenkel,
diese drei Artikel sind mir bei der Lektüre Ihres Artikels eingefallen.
▪ Die Vergangenheit bewältigen (21.11.2014)
Konferenz: Welche Verantwortung für die Regierung?
Wie stand die Exilregierung zwischen 1939 und 1945 der Verfolgung und Vernichtung der jüdischen Bevölkerung gegenüber? Dazu sprach der belgische Historiker Thierry GROSBOIS auf Einladung des Jüdischen Konsistoriums, des "Comité Auschwitz" und der Vereinigung "MémoShoah".
Als er vor zwei Jahren die Liste der jüdischen Schulkinder veröffentlichte, die luxemburgische Beamte nach dem Kriegsausbruch im Auftrag der deutschen Besatzer zusammengestellt hatten, löste Denis SCUTO einen wahren Sturm aus. Seither mehren sich die Konferenzen der Historiker, die sich damit auseinandersetzen. Das Interesse ist gross.
Der belgische Historiker und Theologe Thierry GROSBOIS, der an der Uni Luxemburg europäische Politik lehrt, hat sich intensiv mit der Haltung der luxemburgischen Exilregierung im Zweiten Weltkrieg beschäftigt. (...) "Ab 1942 hat die Exilregierung gar nichts mehr gemacht."
(Claude WOLF, Tageblatt, 21.11.2014)
▪ Bericht an die Welt - Geschichte eines Staates im Untergrund
Autor: Jan KARSKI. Aus dem Französischen von Franke REINHART und Ursel SCHÄFER. (2012)
Als Hitler Polen überfällt, flieht der junge Offizier Jan KARSKI gen Osten - und läuft den Sowjets in die Arme, die ihn an die Deutschen ausliefern. Er flieht und schlägt sich zur polnischen Untergrundbewegung durch. Jüdische Partisanen schleusen ihn ins Warschauer Ghetto und in ein Konzentrationslager ein, wo er Augenzeuge der Judenvernichtung wird. KARSKI gerät in die Fänge der Gestapo, wird gefoltert, flieht erneut. Seine wichtigste Mission im Widerstand führt ihn schließlich quer durch Nazi-Deutschland nach England und Amerika, um Anthony EDEN und Franklin D. ROOSEVELT persönlich Bericht über die Greueltaten der Nationalsozialisten zu erstatten - aber sie glauben ihm nicht.
Jan Karskis "Bericht an die Welt" ist ein bewegendes Dokument persönlichen Mutes und politischer Verantwortung, ein historisches Zeugnis allerersten Ranges - Zeitgeschichte, die sich liest wie ein Kriminalroman. (Suhrkamp, Juli 2012)
▪ USA wussten von Nazi-Euthanasie (27.01.2017)
Von Dr. Rafael MEDOFF, israel-nachrichten.org
Der Autor ist Direktor des "David S. Wyman Instituts für Holocaust-Studien" in Washington, DC.
Forschung: USA wussten von Nazi-Euthanasie und Vergasungen aber blieben stumm - Vor dem diesjährigen Internationalen Holocaust-Erinnerungstag am 27. Januar wurden neue Details darüber bekannt, wie viel die Franklin D. ROOSEVELT-Regierung über die Euthanasie-Politik der Nazis wusste und warum die USA nicht reagierten. Der deutsche Historiker Thorsten NOACK beschreibt in der letzten Ausgabe der wissenschaftlichen Zeitschrift "Holocaust and Genocide Studies", wie der berühmte Journalist William SHIRER die systematische Durchführung der Tötung von Menschen mit körperlichen oder geistigen Behinderungen durch die Nazis öffentlich machte. Auf den Seiten des "Life"-Magazins und "Reader’s Digest" enthüllte SHIRER Anfang 1941 schreckliche Details des Programms, das als Prototyp für die Massenmordtechniken des Holocaust dienen würde. Zur Zeit von Shirers Artikel waren Zehntausende von Deutschen mit körperlichen Behinderungen vom Hitlerregime hingerichtet worden. Insgesamt wurden schätzungsweise 200.000 "untaugliche" Personen als Teil des von den Nazis genannten "T4"-Programms vergast. Auf der Grundlage der 1999 durch das "Simon Wiesenthal"-Zentrum unternommenen Forschung verfolgte NOACK Shirers Entwürfe und Notizen, um erstmals die Quelle der schauerlichen Nachrichten zu identifizieren, die er der amerikanischen Öffentlichkeit mitteilte. NOACK schließt, dass es sehr wahrscheinlich ist, dass Jacob BEAM, der als dritter Sekretär in der US-Botschaft in Berlin diente, die Informationen an SHIRER weitergegeben hatte. BEAM (1908-1993) war einer von einer Handvoll amerikanischer Diplomaten in Deutschland, die von deutschen Anti-Nazi-Dissidenten über das Euthanasie-Programm informiert wurden. Er und seine Kollegen übermittelten zwischen dem März 1940 und dem März 1941 mindestens zehn Berichte über das Thema an das US-Außenministerium. "BEAM war der einzige Beamte, der nach Ansicht der Archivquellen dafür bekannt war, auf eine Reaktion des Staatsekretariats auf die NS-Euthanasie Tötungen gedrängt zu haben", schreibt NOACK. Das US-Außenministerium ignorierte Beams Vorwurf, den Massenmord öffentlich zu verurteilen. Diese Haltung stand im Einklang mit der Vorkriegsstrategie von Präsident Franklin D. ROOSEVELT, die Politik Hitlers nicht ausdrücklich zu kritisieren, um die diplomatischen und wirtschaftlichen Beziehungen Amerikas zu Nazi-Deutschland nicht zu gefährden. ROOSEVELT unternahm in jenen Jahren alles, um die Nazis nicht zu beleidigen. Zum Beispiel bat er seinen Botschafter in Berlin, William DODD, seine jüdischen Bekannten in Chicago davon abzuhalten, Pläne für einen öffentlichen Prozeß gegen Hitler aufzugeben. 1938 verbot ROOSEVELT dem Innenminister Harold ICKES eine Rede zu halten, in der ICKES geplant hatte, über das Leid der Juden in Europa zu berichten, unter Verweisen auf Hitler und den Nazismus. Die Regierung blockierte Kongress-Resolutionen die Kritik an den Nazis übten und entschuldigte sich sogar bei Hitler, als der Bürgermeister von New York City, Fiorello LaGUARDIA, ihn "einen Fanatiker, der den Frieden der Welt bedroht" genannt hatte. Die ROOSEVELT-Regierung war nicht nur gegen den Boykott Nazi-Deutschlands durch amerikanische jüdische Gruppen in den 1930er Jahren, sondern ging weiter. Sie erlaubte es, deutsche Waren mit dem Namen einer bestimmten deutschen Stadt oder Provinz zu etikettieren, anstatt daß sie mit "Made in Germany" gestempelt wurden, in der Hoffnung, die Verbraucher über ihre Herkunft zu täuschen. Erst nachdem jüdische Führer gedroht hatten Klage zu erheben, unterbrach die US-Regierung diese Praxis. Möglicherweise trat das ungeheuerlichste Beispiel für die Unterwerfung der US-Regierung auf, nachdem wütende deutsche und Vichy-französische Beamte sich gegen Ende 1940 in Washington beschwerten, dass der US-Journalist Varian FRY jüdische Flüchtlinge aus Frankreich schmuggelte.
Staatssekretär Cordell HULL warnte FRY, "nicht die Gesetze der Länder zu umgehen, mit denen die Vereinigten Staaten freundschaftliche Beziehungen unterhalten." Als FRY die Warnung ignorierte, weigerte sich die US-Regierung den Pass von FRY zu erneuern und zwang ihn, Frankreich zu verlassen und seine Rettungsmission zu beenden. Man könnte sagen, dass die Sabotage von Frys Rettungsarbeit, sowie das Schweigen der USA in Bezug auf das Euthanasie-Programm, in gewisser Weise die Antwort der ROOSEVELT-Regierung auf den Holocaust selbst voraussah.
(Dr. Rafael MEDOFF, Israel-Nachrichten, 27.01.2017 )
MfG
Robert Hottua