Opposons-nous à sa bétonisation partielle prévue pour faire place à une ligne de tramway superflue.
Il a fallu une indiscrétion, un buzz administratif, pour que nous apprenions que des forces pas si obscures que ça, c.-à-d. le ministère des Transports et la Ville de Luxembourg e.a., se proposent de bétonner, une fois n’est pas coutume, le Parc municipal, avenue de la Porte neuve en face de la Fondation Pescatore, du côté de la „Kinnekswiss“, impactée également, pour favoriser la mise en place d’une ligne supplémentaire du tramway, qui relierait „directement“, si j’ai bien compris, le Glacis au centre-ville.
Avec d’autres, dont notamment et surtout l’ancien conseiller communal socialiste Dulli Fruehauf (†), le soussigné a milité il y a plus de trente ans déjà pour que la Ville de Luxembourg dispose de son propre réseau de tramway, à un moment où d’autres forces politiques, le DP en tête, s’y opposaient avec véhémence, en faisant même de leur opposition un argument électoral majeur à l’occasion des élections municipales de 1993.
Entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’Alzette, et aujourd’hui les responsables politiques, toujours le DP en tête, ne se gênent nullement pour se précipiter sur les photos et pour se marcher mutuellement sur les pieds, quand il s’agit d’inaugurer un prolongement ou un bout supplémentaire de la seule ligne de tramway actuelle.
Mais comme disait un célèbre homme politique français: ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent …
Remarque incongrue: il est tout de même plus qu’étonnant que le parti qui dirige la Ville de Luxembourg depuis des décennies, ait été aux abonnés absents lorsque le plus grand projet que la Ville a connu en ce début de siècle, a été discuté, planifié, préparé au niveau politique. On ne cessait, pendant des années, au niveau du DP, de bouder et de boycotter. Le court terme, dans leur cas les prochaines élections municipales respectives, primait tout. L’opportunisme a toujours prévalu par rapport à la vision du développement réfléchi de la Ville. Avec les succès électoraux qu’on leur connaît, hélas.
Voilà pour l’histoire, la petite histoire.
Pour des raisons que je présume seulement, il a été décidé, il y a quelques années, de faire passer le tramway, enfin admis politiquement, depuis le Grand Théâtre en bordure du Glacis et puis par la place de l’Etoile, pour rallier le centre-ville. Le succès a été probant, il a même dépassé nos espérances les plus folles. Mais ce succès ne lui donne sûrement pas tous les droits …
Non à la démolition partielle d’un monument national!
Eh oui, de nos jours il faut considérer la globalité du Parc municipal comme un monument national, un sanctuaire, au même titre que la Cathédrale ou la Mairie, sans parler de la Chambre des députés et son annexe, le Palais grand-ducal, notamment. Imaginez les cris d’orfraie si des sinistres technocrates, conseillés par de sinistres techniciens et avec l’accord tacite ou non, de non moins sinistres politiques, décidaient de faire passer une ligne de tramway par le beau milieu du centre-ville, abolissant au passage des bâtiments historiques ou autres, en tout ou en partie, pour faire place à une nouvelle ligne de ce moyen de transport. Ou si on envisageait de démolir une des tours de la Cathédrale pour y ériger une grande antenne de télécommunication, d’intérêt public bien sûr ….
On doit tout de même s’interroger sur la plus-value, en termes de transport en commun, de cette ligne de tramway envisagée. S’il s’agit à la limite de gagner trois petites minutes pour arriver plus rapidement à la Gare centrale ou au Kirchberg, pas la peine. Le résultat serait inversement proportionnel aux moyens engagés. Actuellement le centre-ville est bien desservi par l’arrêt Hamilius d’un côté, et par l’arrêt Grand Théâtre de l’autre. En plus, la place de l’Etoile, au milieu des deux arrêts précités, est desservie dans sa fonction de pôle d’échange. Si on se casse la tête pour optimiser le tramway, il faut se pencher sur des prolongations utiles vers des quartiers non encore desservis (e.a. Limpertsberg, Merl-Belair, Beggen) ou qui sont appelées à desservir de nouveaux futurs quartiers de la Ville, comme au Kuebebierg-Kirchberg, ou qui ne s’arrêtent pas aux limites actuelles de la Ville.
Positions politiques: tout le monde se planque
La réaction du monde politique concerné par les divulgations non autorisées de la nouvelle ligne de tramway qui passerait par le Parc municipal, en dit long sur l’attitude des uns et des autres. Ceux qui ne loupent pas une occasion de parader devant les caméras pour un oui ou pour un non, font la politique de l’autruche. Il faut savoir que cette expression rappelle la légende selon laquelle les autruches s’enfouissaient la tête dans le sable lorsqu’elles avaient peur, ce qui leur évitait de voir ce qui les menaçait.
Il était quand même extraordinaire de constater, au moment où ces projets ont fuité, qu’aucun responsable communal ou gouvernemental était disposé à prendre position, ou à répondre aux questions légitimes des citoyens. Personne pour assumer un projet déjà très avancé, personne pour faire le service après-vente. C’est vrai que la plupart étaient en train de bronzer sous les tropiques, mais de nos jours le téléphone portable d’un homme politique, dans ces conditions, se trouve toujours à côté de la crème solaire.
Et voilà qu’on envoie le directeur belge de la société Luxtram au charbon. Ses paroles au sujet de la préservation „le plus possible“ de la Kinnekswiss étaient tout sauf rassurants. Là où on attendait un politique pour expliquer le bien-fondé de la destruction partielle envisagée du Parc municipal, on a dû se contenter des paroles brouillonnes d’un employé, fût-il l’employé no 1. Mais pourquoi aucun politique, communal ou gouvernemental, des quatre grands partis politiques confondus, majorité par-ci, opposition par-là, n’a cru bon de donner des explications et de prendre position. Même un simple communiqué explicatif a fait défaut.
Couardise? Lâcheté? Manque de courage politique? L’ensemble du monde politique, Pirates inclus, a fait le canard, a botté en touche et a regardé ailleurs. Il n’y avait que le premier échevin de la Ville de Luxembourg avec son air d’éternel premier de la classe pour (mal) défendre la politique du tout-béton du Collège échevinal, sans même évoquer le bétonnage partiel futur du Parc municipal. Même le candidat vert déclaré au poste de bourgmestre n’a pas pris position. Le comble!
Et les autres? Tout le monde a fait le canard!
En effet, la bétonisation envisagée en face de la Fondation Pescatore s’inscrit dans une (trop) longue liste de ce type de projets où le béton est roi: Cloche d’Or à Gasperich, place Guillaume, pont Buchler et prolongement, place de l’Europe à Kirchberg, Gare centrale, place de Paris, etc., etc. La liste n’est pas exhaustive, loin de là. Le ministre et la bourgmestre semblent se disputer le trophée du meilleur bétonneur et concourent pour recevoir prochainement la „bétonneuse-en-or“, un trophée qu’il faudrait créer pour récompenser le meilleur dans cette discipline pas encore olympique.
Un sujet majeur pour les prochaines élections municipales!
Avec d’autres, le soussigné est déterminé à faire du projet de la destruction partielle du Parc municipal, un sujet majeur l’année prochaine à l’occasion du renouvellement du Conseil communal de la Ville de Luxembourg. Peut-être que d’ici-là l’opposition municipale se sera réveillée pour prendre cette opposition à bras le corps. Si tel ne sera pas le cas, il faudra prendre les choses directement en main … Avec tout le respect qu’on doit au directeur de Luxtram, ce n’est quand même pas à lui de déterminer le tracé qui va défigurer le Parc municipal.
Il ne faut plus rester les bras croisés devant la bétonisation croissante d’espaces communaux ou autres. Alors que la brèche énorme creusée dans l’extrémité sud du Gruenewald au Kirchberg pour accueillir le tronçon du tramway vers l’aéroport était „limite-supportable“, le trajet de la Porte neuve et du Parc municipal est insupportable, superfétatoire, superflu, sans objet, mal conçu et participe d’une minéralisation sans limites et généralisée de l’espace public. Ici et maintenant le soussigné s’abstient de monter sur les grands chevaux de l’écologie, du réchauffement climatique et autres, mais force est de constater qu’aujourd’hui la verdure, les arbres et autres espaces naturels sont d’une importance capitale dans tout projet urbanistique d’envergure. Question: faut-il chercher l’erreur chez les hommes de l’art, les architectes de tout poil, pour la plupart incapables d’intégrer davantage d’éléments naturels dans leurs projets? Ou s’agit-il d’une démission du monde politique qui rechigne à imposer ses vues aux opérateurs immobiliers et autres bétonneurs professionnels qui se font des couilles en or à tout va? Dans ce contexte, le futur grand projet urbanistique du Fonds de Kirchberg au Kuebebierg me fait déjà peur, rien qu’à y penser.
Une autre question me vient à l’esprit: Où s’est cachée la nouvelle ministre de l’Environnement? Faudra-t-il lancer un avis de recherche? Elle est bien placée pour s’exprimer sur le sujet qui nous préoccupe. A quoi bon faire des discours sur la biodiversité le dimanche, inaugurer des mini-projets „biodiversifiés“, alors qu’on ferme les yeux (et la bouche) en semaine quand de gros projets qui détruisent massivement des espaces énormes déjà „biodiversifiés“, sont sur la table?
Si vous rencontrez prochainement des politiques en ville ou ailleurs, harcelez-les jusqu’à ce qu’ils s’expriment clairement et sans fioritures sur le projet ad hoc.
Et pourquoi pas un référendum communal?
Selon les réactions des uns ou des autres, il faudra sans aucun doute recourir à un référendum communal pour trancher le problème et pour donner une réponse claire et nette au monde politique, qui semble être quasiment unanime pour procéder à la bétonisation sous rubrique. Il faudra donner la parole aux citoyens de la Ville pour éviter la réalisation du projet funeste (d’après le dictionnaire: qui porte avec soi le malheur et la désolation, est de nature à entraîner de graves dommages).
Mais peut-être l’approche des élections municipales aidant, cette initiative populaire ne sera pas nécessaire, une fois que les responsables politiques, de tout bord, sortent de leur bunker et se seront exprimés clairement.
Wait and see! Mais il faut se préparer au pire! Il faut organiser dès aujourd’hui la riposte pour être prêt le moment venu!
Citoyens de toutes les couleurs politiques, rassemblez-vous!
Résistez!
Opposez-vous!
* René Kollwelter était conseiller communal de la Ville de Luxembourg pendant 24 ans, député et conseiller d’Etat.
PS: Pour préparer une telle riposte, l’auteur de ces lignes serait intéressé à connaître l’avis de ses lecteurs et des citoyens. Exprimez-vous à la suite de ce papier, sur votre page fb ou à l’adresse e-mail suivante: renekoll@hotmail.com.
Superfétatoire! Oder auch: so überflüssig wie ein Kropf. Ich bin ganz einverstanden mit Herrn Kollwelter.
@een aus der staat :
Aus dem Artikel geet net ervir, dass de René Kollwelter mat dem grénge Minister geschwat soll hunn. Et kléngt éischter esou, wéi wann de Géigendeel de Fall wier.
De René Kollwelter schéisst mat politeschen a journalistesche Kanounen op den Tram.
@ Erasmus
Tip top a ween huet iech dât verroden? Sôt ons et w.e.g.
All déi, di hei jäizen waren 1975 fir d'lescht am Park.
@oswaldcl
1- Ass de René Kollwelter net virun e Won gelâf.
2- Ass hien e fridleche Mënsch a schéisst net mat Kanounen.
3- Huet hien sech ganz bestëmmt bei deem öhhh... Bausch informéiert.
4- Wann der nach ëmmer net vestânen hut wourëm et geet, da sidd der schwéier vu Begrëff.
Amplaz virun de Won ze lafen, mat Kanounen op den Tram ze schéissen an eng Anti-Tram-Ambiance eropzeschwieren, hätt den Här Kollwelter sech solle beim grénge Minister iwwert de Sënn an den Zweck vun der neier Tramslinn informéieren.
Ech verstinn nach ëmmer net, wat hie mat sénger Actioun bezweckt.
Ech géif dem René Kollwelter absolut recht ginn, säin Text ass exzellent (an och ironësch köstlech) geschriwwen an inhaltlech absolut zoutreffend. Kleng Korrektur zum Ursprung vum Tram, op dëser Plaz ee Rappel "pour la petite histoire": Ech war derbäi, als GAP-Partei-Member an als Member vun der Stater Verkéierskommissioun, wéi mir no Virgab vum estiméierten Abbes Jacoby als AG Verkéier vun der GAP, d'Iddi "Een Tram fir d'Stad" lancéiert, propagéiert an engagéiert ënnert d'Leit bruecht hunn, eng Iddi, déi ech perséinlech scho laang virdrun hat. Ech hu mech direkt gefrot, wat deen Irrsinn do soll, den Zentrum ass beschtens bedéngt, d'Prioritéit soll absolut am Ausbau vun der Streckeféierung leien. An nach, a firwat net: den "Tram fir den Osten" aféieren (Iechternach bspw.) - et géif nach sou vill dozou ze soen, niewt deem, wat hei scho geschriwwe ginn ass....
@ oswaldcl/
Fréier sin och z.B. Pärdskutsche gefuer .... mee elo si mer 2022 an déi sin verschwonnen. Dir liewt an der Vergangenheet. Zu Lissabon
ass den Tram nach ëmmer gefuer a net elo eréischt gebaut gin.
A propos Pärdskutschen, wann déi Gréng nach e puermol an der Regierung sin da gin d'Pärdskutschen och erëm aktuell.
Absolut richteg Ren. Et geet duer mat deem Getrams matzen durch d'Staat. Déi do geplangten onnéideg Streck schléit ower elo dem Faas de Buedem aus.
Fréier ass den Tram och laanscht de Palais gefuer, an hien huet zum Stadbild gehéiert. Zu Lissabon kann een haut nach op der Linn 28 duerch déi enk Gaasse fueren. Dat ass esouguer en absolute Must fir Touristen. Dofir verstinn ech dem Här Kollwelter séng Opregung net.