Présenté à Dudelange en mars, proposé ce week-end à trois reprises à „L’Arche“, le centre culturel flambant neuf de Villerupt, „The Assembly“ poursuivra ensuite sa route en août à Kaunas, l’autre capitale européenne de la culture. Il pourrait l’année prochaine poursuivre son bonhomme de chemin dans des festivals de musique électronique, de réalité virtuelle ou, comme la référence en la matière qu’est le MUTEK de Montréal, d’un festival qui met en valeur les projets mêlant les deux comme „The Assembly“.
L’hybridité de ce spectacle est d’abord née de la volonté de deux complices, Charlotte Bruneau et Catherine Elsen, de „combiner [leurs] centres d’intérêt“, comme l’explique la première nommée. „Je viens plutôt du théâtre, de l’expression directe (le chant, le mouvement, la parole). Charlotte est réalisatrice virtuelle. A l’origine, il y avait une vision.“ Le défi pour la réaliser était de créer un espace dans lequel se passent différentes choses en même temps, où coexistent différents médias. Il a fallu recourir à de nombreux autres techniciens, comme l’architecte artiste Laura Manelli qui a conceptualisé l’espace scénique et rejoint par la même occasion la direction artistique, Mad Trix, une entreprise d’informaticiens et ingénieurs du son active dans les technologies interactives et bien d’autres encore.
„Parfois il y a symbiose“
Mettre en scène cette technologie, c’est ne pas négliger son importance, mais ce n’est pas pour autant la considérer avec naïveté et candeur. „On ne veut pas que la technologie remplace l’humain. Mais on désire montrer qu’ils coexistent. L’humain doit donner de la place à la technologie. Elle est comme un acteur. Parfois, elle se retire à son tour. Parfois, il y a symbiose“, explique Catherine Elsen. „On ne peut plus vraiment penser le collectif humain sans la technologie“, observe pour sa part Charlotte Bruneau. „Ce n’est jamais ni bien ni mauvais. Cela dépend de ce qu’on y injecte.“
Le thème du rituel collectif, à une époque où la technologie est plutôt associée à l’individu, est paru fécond à Charlotte Bruneau. L’ancienne réalisatrice de documentaires „classiques“ voulait quitter sa zone de confort en explorant la réalité virtuelle. Elle n’a pas été déçue tant les possibilités et les découvertes sont nombreuses. „On a la possibilité d’utiliser les sens différemment ou de changer les règles du jeu sur la manière dont on interagit avec notre univers physique. Il était intéressant de voir comment on pouvait prendre quelque chose d’aussi simple que le rituel, à la base de notre humanité, et de le retraduire dans une expérience virtuelle.“
Le spectacle est donc composite. Il y a la réalité virtuelle à laquelle peuvent prendre part en journée jusqu’à cinq personnes simultanément et protégées du regard des autres par une toile, pour une durée de 15 minutes, dans des cycles qui en comptent le double et se répètent pendant quatre heures. Dans l’univers virtuel, on vient à la rencontre de la „Mémoire de la voix“, le personnage principal du spectacle. Elle produit des soundshapes, dont on suit le chemin et la voix, ou alors qu’on tape pour entendre des bribes de la performance. Ensuite, les cinq joueurs, à travers leurs avatars, s’adonnent dans une cave à un rituel collectif.
S’ajoutent une installation qui propose une chorégraphie mécanique et interagit quand on touche certains de ses éléments ou passe devant des lightspots qui déclenchent des sons. La voix de Catherine Elsen est présente aussi dans la musique électronique qui accompagne l’installation et dans le monde virtuel. Ce sont des mots et des bruits du corps, qui ont été samplés par le musicien et concepteur sonore, Pouya Ehsaei.
Le troisième élément, ce sont les différentes performances de Catherine Elsen. Elles durent de cinq à dix minutes durant chaque cycle de l’après-midi. En soirée, il n’y a pas de réalité virtuelle, mais une performance de chant et de théâtre plus longue de cette dernière qui invite les spectateurs à parcourir l’espace en sa compagnie. Dans sa performance vespérale, Catherine Elsen chante l’histoire de la Mémoire de la voix, qui d’abord isolée, ne sait pas s’exprimer, pour ensuite entrer en contact avec les gens et finalement créer le rituel. Les chansons sont inspirées de pratiques de chant collectif telles le blues et le mantra et questionnent la possible reconnexion des gens entre eux à travers le souvenir d’une origine partagée. Les textes dits explorent, à travers une économie de mots, la musicalité et la matérialité de la langue souvent négligées dans notre pratique quotidienne … parfaitement réelle.
Infos
Représentation les vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 mai.
14-18 h: Rituel sonore et installation VR (entrée libre sans réservation).
20 h: performance-co (entrée libre sur réservation).
Au centre culturel „L’Arche“, Esplanade Nino Rota à Villerupt (France).
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