„Je n’avais précisé ni la date ni les modalités de mon intervention, mais soyez sûrs qu’elle aura bien lieu autour du 14-Juillet“, a tenu à rappeler le chef de l’Etat. Dont acte; et d’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il déroge à l’usage qu’avaient fini par établir ses prédécesseurs à l’Elysée. Il n’empêche: dans le climat actuel que connaît l’Hexagone, au lendemain d’une semaine d’émeutes dévastatrices à tous égards, et face à la prolifération des supputations sur un remaniement qui ne vient pas (encore?), on s’attendait à ce que M. Macron, à l’autorité ainsi rafraîchie sinon confortée par la Fête nationale, saisît l’occasion d’une grande explication. Laquelle, de toute façon, ne saurai tarder.
Il est vrai que ce 14-Juillet devait marquer la fin, certes approximative et informelle, de cette période de cent jours qu’il s’était assignée pour relancer son action et apaiser le climat politique et social, après le long tunnel de la réforme des retraites. Or à l’évidence, l’opinion juge très sévèrement les résultats, au demeurant bien difficiles à cerner, de ces fameux cent jours: 78% des Français contre 22 estiment, à en croire le sondage publié hier par Le Figaro, qu’il n’a pas atteint son objectif. Avec trois domaines où leur verdict est particulièrement accablant: la santé, l’éducation nationale, et, plus que tout, „la justice et l’ordre“, domaine où il lui était particulièrement difficile de sembler avoir été performant après les dernières émeutes.
De sorte que le locataire de l’Elysée se retrouve, un peu plus de trois mois après cette imprudente promesse, en situation de devoir repartir de zéro. Avec ou sans Mme Borne à Matignon, qu’il avait chargée d’élargir la majorité et d’ouvrir de nouvelles perspectives à l’action gouvernementale? Selon le même sondage, 65% des personnes interrogées estiment qu’elle doit partir. On peut juger le verdict cruel, voire injuste: ne s’agissait-il pas d’une mission impossible, que seul le chef de l’Etat, justement, eût pu à la rigueur tenter? Mais il est en tout cas sans appel.
Le premier ministre indien invité
Ce 14-Juillet se sera aussi démarqué par trois autres aspects, lesquels doivent à l’actualité nationale et internationale. Le premier est la présence du premier ministre indien Narendra Modi, accueilli avec des honneurs et une chaleur appuyés, même s’il est de plus en plus controversé chez les Occidentaux. Paris a trois raisons de flatter: il est jugé comme le dirigeant du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) le plus à même de faire pression sur Poutine à propos de sa guerre contre l’Ukraine; son pays constitue en outre un contrepoids face à la Chine; et puis il vient de commander 26 nouveaux avions Rafale et trois sous-marins Scorpène, ce qui permet à la France de devancer les Etats-Unis dans les ventes d’armes à New Delhi.
En second lieu, le défilé, déjà très „tricolore“, s’est conclu par des évocations particulièrement patriotiques. Ainsi des trois premiers couplets de la Marseillaise chantés par un chœur militaire; de même pour le Chant des Partisans, emblématique de la Résistance, dont les interprètes formaient une vaste Croix de Lorraine, elle aussi symbole du gaullisme; lecture d’une lettre de Jean Moulin, futur fondateur du Conseil national de la Résistance, martyrisé par les nazis … Il y avait évidemment là un message à l’usage de ceux qui, aujourd’hui, semblent ne plus trop savoir d’où vient cette France dont ils font partie.
Enfin, dans un registre plus léger, de nombreuses communes avaient annulé le traditionnel – et très populaire – „bal du 14-Juillet“ (lequel a souvent lieu le 13 au soir, en fait), et/ou les feux d’artifice prévus, par crainte de débordements inspirés par les émeutes dont elles se remettent laborieusement et coûteusement.
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