Headlines

ForumUkraine: Oubli, ignorance, naïveté, faute politique, mensonge?

Forum / Ukraine: Oubli, ignorance, naïveté, faute politique, mensonge?
Manifestation au Luxembourg en mars 2022 contre l’invasion de la Russie en Ukraine Photo: Editpress/Didier Sylvestre

Jetzt weiterlesen! !

Für 0.99 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Actuellement et ce depuis le 24 février 2022, le souci numéro 1 de toute personne, de tout parti ou autre politique, devrait constituer tout ce qui a trait, de près ou de loin, au conflit ukrainien ou, pour être plus précis, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce problème et ses tentacules innombrables, qui risquent de menacer directement notre avenir, notre existence, nos démocraties occidentales évoluées, avec leurs défauts, certes, notre vivre ensemble, et, pour utiliser un nom tellement usurpé qu’il perd de son sens, nos valeurs, devrait figurer comme chapitre numéro 1 de tout programme électoral de tout parti politique qui se respecte, qui respecte les citoyens et qui ose parler vrai.

Nos concitoyens sont demandeurs de savoir ce qui les attend, de connaître la position de notre gouvernement sur un certain nombre de problèmes qui se posent dans ce contexte ou qui se poseront indubitablement, tôt ou tard.

Avec la prolongation de cette guerre, impossible de faire croire à nos concitoyens que demain on va continuer à raser gratis. (Le dictionnaire nous apprend que cette expression ancienne vient du fait que lorsqu’une personne se faisait raser, elle protestait au moment de payer en évoquant la publicité affichée. Le barbier répondait alors: „Il est écrit que c’est gratuit demain.“ Depuis, l’expression fait référence à quelqu’un qui fait des promesses sans les tenir.)

Je sais que quand on commence à se citer soi-même, la sénilité approche. Mais tant pis, j’en prends le risque. Toujours est-il que dans ces mêmes colonnes en février de l’année dernière, quatre jours après l’invasion russe, il m’est arrivé d’écrire e.a.: „(…) une nouvelle ère politique a commencé.“ Depuis cela se confirme tous les jours. Mais nos partis politiques, de toutes les couleurs, ont-ils vraiment intégré cette nouvelle donne dans leur curseur?

Pourquoi nos partis politiques, tous confondus, se refusent à dire la vérité? Vérité qui, si jamais le conflit cité plus haut continue ou s’aggrave, sera dure à accepter, car les électeurs ne seront pas préparés à vivre une période de disette qui risque de nous concerner tous.

Souvent Winston Churchill est cité pour sa célèbre phrase prononcée en mai 1940, où il disait lors de son premier discours devant la Chambre des communes: „I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat.“ (Je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur.) Nous n’y sommes pas encore, mais nous nous dirigeons ardemment dans cette direction.

Et oui, depuis le 24 février de l’année passée, rien ne sera plus comme avant, le monde a changé complètement de boussole, de repères, de relations internationales, et au Luxembourg nous préférons regarder ailleurs. Nous nous permettons de démarrer une campagne pour les législatives qui risque d’être complètement à côté de la plaque, à côté de la réalité du monde et de l’Europe, voire de la réalité tout court.

Et encore, on n’a pas évoqué l’enveloppe qu’il faudra mettre également sur la table pour régler le coût, immense, de la politique de décarbonisation qui va nous tomber sur la tête. Pas d’indication précise de la part de nos partis politiques, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition.

Langue de bois ou vérité vraie?

Comment, par exemple, un ancien parti gouvernemental, peut-il se lancer dans des engagements électoraux en prônant et en promettant des baisses d’impôts importantes (même généralisées!), dont profiteront surtout les riches, alors que la planète est au bord du suicide politique, guerre en Ukraine et changements climatiques obligent, sans parler des problèmes nationaux comme le logement ou autres, et que les efforts demandés à la communauté internationale, dont nous faisons partie, pour aider l’Ukraine ou vaincre la Russie, ou pour le moins la faire reculer et abandonner les territoires conquis par la force depuis la prise de pouvoir de Poutine, attendent d’autres réponses. On peut donc prévoir que dans un avenir plus ou moins proche, nos efforts militaires, donc nos dépenses militaires, donc nos dépenses budgétaires, risquent de prendre des proportions incommensurables, mais pas seulement chez nous.

Dans ce contexte on peut s’interroger sur le bien-fondé de la position du gouvernement luxembourgeois qui s’est targué, pour faire court, à la suite du sommet récent de l’OTAN, d’avoir pu négocier un rabais sur la contribution du Luxembourg dans le budget global de l’institution.

Est-ce le bon signal envoyé à nos concitoyens? Il est permis d’en douter. Il est de notoriété qu’au Luxembourg, aussi bien les problèmes nationaux qu’internationaux sont réglés par le chéquier. Certes, il y a un calendrier électoral, mais ce dernier doit-il prévaloir le problème global auquel nous sommes confrontés? Encore une fois: il est permis d’en douter! Pourquoi ne pas dire la vérité vraie et préparer nos concitoyens à ce que Churchill nous a déjà enseigné il y a plus de 80 ans (voir plus haut!)? Les élections législatives resteront toujours un épiphénomène par rapport aux chamboulements importants qui nous attendent sur le plan géostratégique, avec leurs conséquences, sous-estimées ou non évoquées.

Et on n’aura même pas encore abordé le problème de la probable reconstruction de l’Ukraine, une fois la guerre terminée, qui va (nous) coûter des centaines de milliards.

Notre manque de perspicacité

On s’est fait avoir comme des bleus, dit-on en français populaire. Qu’est-ce qu’on était naïfs. Ce „on“ ne s’applique pas exclusivement à nous, au Luxembourg, mais concerne l’ensemble du monde occidental depuis plus de 20 ans, et surtout depuis la prise de pouvoir de Poutine au début des années 2000.

Pour s’en convaincre, je vous conseille la lecture du récent livre de Raphaël Glucksmann*), député européen social-démocrate et candidat malheureux au poste de vice-président du Parlement européen contre notre compatriote et ami M A. Dans ce bouquin, il démontre par a+b que tout ce que nous avons vécu et vu depuis février 2022 a été écrit quelque part, était prévisible.

Dans le cadre d’un rapport de Glucksmann pour la commission spéciale du Parlement européen sur les ingérences étrangères dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, nous apprenons que „(…) les dirigeants européens ont, pendant des années, autorisé des tyrannies étrangères, la Russie et la Chine en tête, à faire leurs courses au sein de nos élites, à investir dans nos secteurs stratégiques pour nous rendre dépendants, à persécuter ou assassiner leurs opposants sur notre sol, à s’ingérer dans nos élections et à financer des mouvements politiques hostiles à l’Union européenne … Sans jamais leur faire payer le prix de leurs attaques. Notre faiblesse était une invitation à l’agression, notre lâcheté un encouragement à la conquête. Dans le cas spécifique de la Russie, elles ont conduit notre continent au bord du gouffre.“

Tout est dit, ou presque …

Question incongrue: est-ce qu’au Luxembourg, nous ne serions pas bien avisés de mettre sur pied également une telle commission d’enquête, pour regarder de plus près quels sont ou quels ont été nos liens avec ce type de régimes? Qu’en est-il de la „schroederisation“ des esprits, c’est-à-dire ce que Glucksmann appelle encore la transformation de notre classe politique en supermarché dans lequel Poutine et consorts peuvent faire leurs courses en toute quiétude? Quels sont notamment les liens de l’ADR avec la Russie qui expliqueraient peut-être la bienveillance de ce groupuscule vis-à-vis de la Russie, sachant que le président du groupuscule à la Chambre des députés était un agent double à la fois pour la CIA américaine et pour le GRU russe au cours de la guerre froide dans les années 1980? Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi ce Monsieur s’est opposé au Parlement aux sanctions économiques contre la Russie. Et que le parti frère de l’ADR, le Rassemblement national français autour de Marine Le Pen, est financé, depuis des années, directement par des sources russes. D’où sa discrétion sur le sujet. Même si les Américains ne sont pas des anges, dans le cas présent, il faut savoir être du bon côté de l’Histoire et des démocraties. L’ADR doit donc être considéré comme le cheval de Troie de Poutine et un co-pourfendeur des démocraties européennes, notamment.

Sans parler des postes offerts par la Russie, pas pour un plat de lentilles, à des anciens hommes politiques, en Allemagne, en France et même au Luxembourg ou ailleurs. Il est vrai que la plupart étaient dans la nécessité … L’exemple de l’ancien chancelier allemand Schroeder, toujours à la tête d’un géant économique russe, dans le domaine de l’énergie, est un exemple parmi beaucoup d’autres. Lamentable …

Quelles suites pour nous?

Une fois n’est pas coutume, je me contenterai de citer Glucksmann, dont je partage l’analyse, quand il conclut comme suit: „Cette guerre est aussi la nôtre. Nous ne l’avons pas voulue, nous ne l’avons pas cherchée. Nous avons même tout fait pour ne pas la voir venir. Nous avons sacrifié nos alliés et nos principes à la quête d’un partenariat chimérique avec un tyran qui veut notre peau depuis le début. Nous n’avons cessé de céder du terrain, jusqu’à nous retrouver au bord du précipice. (…) Il nous faut donc assumer le rapport de forces qui nous est imposé, et que nous avons fui si longtemps. (…) Comme toujours à travers l’Histoire, les démocraties sont désespérantes de cécité et de faiblesse jusqu’au moment de bascule où elles n’ont plus d’autre choix que d’ouvrir les yeux et d’enfiler le bleu de chauffe, jusqu’à ce moment de bascule où elles se redressent, se mobilisent et prouvent au monde qu’aucun système n’est plus solide et plus juste que le leur. Ce moment de sursaut est venu.“

Oui, cette guerre est aussi la nôtre! Il faut agir en conséquence à tous les niveaux mis à notre disposition. Et être prêt à jeter par-dessus bord certaines vérités, certains conforts, certains positionnements devenus obsolètes …


*) „La grande confrontation – comment Poutine fait la guerre à nos démocraties“, Raphaël Glucksmann, Allary Editions, 2023


* René Kollwelter est un ancien conseiller communal et ancien député

luxmann5656
26. August 2023 - 17.37

Quel triste charabias de RK se basant sur les divagations du fanatique otaniste Glucksmann.
Que l auteur ait au moins la modestie de dire...cette guerre est la mienne et de ne pas se referer au pluralis majestatis et de vouloir entrainer chacun dans cette folie absurde.

jung.luc.lux
26. August 2023 - 11.03

Dieser Krieg ist ein Krieg gegen die Demokratien. (Siehe 1939, 1940)
Mit einem Hitler konnte es keinen Frieden geben. Mit einem Putin kann es keinen Frieden geben.
Island hat den richtigen Weg gezeigt. ( Russische Gesandschaft schliessen und alle Russen zu Putin nach Hause schicken)
Dieser Krieg, ob es uns gefällt oder nicht, ist auch unser Krieg.