15 août 2021: ce funeste jour-là, il y a cinq mois, Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, tombait aux sanguinaires mains des Talibans, cette horde de fanatiques islamistes qui, prônant une obscurantiste charia en guise de seule loi, profita de la désastreuse débâcle des troupes américaines pour y instaurer, au mépris de toute considération des droits de l’homme, du respect de la liberté la plus élémentaire, la pire des barbaries politico-religieuses. Seul le peuple afghan, et surtout les femmes, privées aujourd’hui de leur existence même, ainsi réduites au silence sous cette prison ambulante qu’est la burqa, connait l’horrible prix de pareille dictature : un islamo-fascisme que même les nazis d’hier n’auraient pu, dans leurs pires délires idéologiques, concevoir!
Ce fut donc sans la moindre hésitation, et pour sauver aussi quelque peu l’honneur de la civilisation à laquelle j’appartiens, que, face à cette chape de plomb qui s’abattit ainsi soudainement sur ce pauvre, quoique digne, peuple afghan, je me rangeai aussitôt, rédigeant une multitude de tribunes publiques pour la presse, aux côtés du Front National de la Résistance (FNR) Afghane: un triple mouvement – politique, militaire et civil – de résistance, créé le jour même où Kaboul tomba aux mains des Talibans par le jeune mais vaillant Ahmad Massoud, fils de feu le Commandant Massoud, légendaire combattant, dans la mythique vallée du Panjschir, entre les années 1979 et 2001, contre l’invasion soviétique puis, déjà, le pouvoir taliban.
Ainsi est-ce avec détermination et dévouement à la fois que, guidé par d’inaliénables principes philosophiques tout autant que d’impérissables valeurs morales – cet „impératif catégorique“ cher, en matière d’éthique, au grand Emmanuel Kant – j’accompagnai dans deux des principales capitales européennes, Paris et Bruxelles, leur organisant une série d’importantes rencontres politiques et médiatiques, le délégué aux affaires étrangères et porte-parole international de ce même FNR, Ali Maisam Nazari, ainsi qu’un autre de ses membres, Obaid Mahdi, gendre, en plus d’appréciables qualités intellectuelles, de l’ancien Vice-Président de l’Afghanistan, Zia Massoud, frère du Commandant en personne!
Rencontre à Paris avec François Hollande
La première de ces rencontres, mais aussi la plus significative, tant par son poids politique que par sa charge symbolique, fut celle, ce 13 janvier 2022 à Paris, avec l’ancien Président de la République Française, François Hollande, lequel, sensible à cette tragique situation de l’Afghanistan, nous a reçus pendant une heure avec chaleur et bienveillance, manifestant une écoute attentive, dans ses bureaux privés. François Hollande, à cette occasion, s’est aussi longuement entretenu, par téléphone, avec Ahmad Massoud lui-même!
De cette audience, instructive à plus d’un titre, ont résulté ces trois tweets successifs, que je mets ici un point d’honneur à rappeler, pour qui n’y aurait pas prêté attention, par le menu détail:
Le premier tweet, en guise de message tout autant que de gratitude, d’Ali Maisam Nazari: „Ce fut un privilège de rencontrer Son Excellence, l’ancien Président François Hollande. Nous avons discuté de l’actuelle situation en Afghanistan, ainsi que de la menace croissante du terrorisme. Il nous a assurés que la France soutiendra toujours les aspirations démocratiques des citoyens de l’Afghanistan.“
Le deuxième tweet, dans la foulée, d’Ali Maisam Nazari: „Lors de cette rencontre, le commandant Ahmad Massoud a également parlé, par téléphone, avec Son Excellence, François Hollande, lui exposant sa vision pour l’avenir de l’Afghanistan, comment y rétablir la démocratie et y contenir la montée de la menace terroriste.“
Voici l’amicale réponse, assortie d’un bref commentaire, sous forme de tweet là encore, de François Hollande: „Merci à Ali Maisam Nazari, porte-parole du Front National de la Résistance, pour l’organisation de cet entretien téléphonique avec Ahmad Massoud. Je l’ai assuré de tout mon soutien dans sa lutte pour la démocratie en Afghanistan.“
Courage moral et lucidité politique
Au terme de cette fructueuse rencontre? Un soutien de taille, par son impact moral et médiatique, pour le peuple afghan, mais aussi, et peut-être surtout, pour les héroïques combattants de la Résistance contre les Talibans ! Tous nos remerciements donc, pour cet acte de courage moral tout autant que de lucidité politique, à François Hollande!
Mon périple au cœur de l’Europe, avec Ali Maisam Nazari et Obaid Mahdi, ne s’arrêta cependant pas là. Car, cinq jours après cette audience avec François Hollande, ce fut deux des plus importants diplomates du Ministère belge des Affaires étrangères, spécialistes de l’Asie et de l’Afghanistan en particulier, qui, le 18 janvier 2022, à Bruxelles, capitale de l’Europe mais aussi siège de l’OTAN, eurent également la bienveillance de nous recevoir, tout aussi attentifs à nos dires, lors d’une rencontre certes informelle, et en l’absence de la Ministre elle-même (Sophie Wilmès), mais néanmoins riche d’enseignements.
Certes ne m’appartient-il pas, pour des raisons de discrétion tout autant que de protocole, de révéler ici la teneur de nos échanges. Qu’il me soit néanmoins permis de dire que c’est avec une grande attention, faite tout à la fois d’intérêt et de solidarité, que ces deux éminents représentants de la diplomatie belge nous écoutèrent également.
Au premier rang des préoccupations, en tous points légitimes, de la diplomatie belge? La volonté, efficace et concrète, de venir en aide, sur le plan humanitaire, au peuple afghan, dramatiquement esseulé, affamé, exsangue et désespéré ! Le souci de préserver dans ce pays, comme en toute démocratie digne de ce nom, les droits de l’homme et, bien évidemment, des femmes, aujourd’hui menacées par le radicalisme taliban, tant dans leur intégrité physique que psychique! Et puis, last but not least, réduire le plus possible, sans toutefois interférer dans les affaires internes de l’Afghanistan, cet extrême danger que représente pour nos démocraties modernes, libres et laïques, le terrorisme international à partir, précisément, du sol afghan!
Pour un Afghanistan libre et démocratique
Conclusion, au terme de ce voyage politico-diplomatique entre Paris et Bruxelles? C’est à Ali Maisam Nazari lui-même, porte-parole du Front National de la Résistance, que nous laisserons ici le soin de répondre.
Ainsi, réputant illégitime le pouvoir, pris la seule force, des Talibans, lesquels ne jouissent d’aucun crédit politique auprès du peuple afghan en sa très large majorité, mais prônant, au contraire, un Afghanistan libre et démocratique, sans distinction de race, d’ethnie, de nationalité, de religion, de culture, de langue ou de sexe, mais dans l’absolu respect des diversités sociales et composantes tribales, c’est vers un Afghanistan résolument moderne et séculier, basé non plus sur un pouvoir hyper centralisé et quasi monarchique, mais bien sur un modèle pluraliste et de type fédéral (à l’instar de la Belgique, de l’Allemagne ou de la Suisse), que le Front National de la Résistance, le seul parti qui vaille aujourd’hui aux yeux des Afghans, souhaite donc voir, par la voix d’Ahmad Massoud, ce pays évoluer, réintégrant ainsi, au nom des droits de l’homme et de la femme, de l’égalité et de la fraternité, de la tolérance même, sa véritable place, pour le bien de l’humanité, au sein du concert des nations.
Autant dire que le combat, en Afghanistan, pour la liberté comme pour la paix, est aussi le nôtre, en Occident, pour la civilisation elle-même, sans laquelle il n’est point d’humanisme qui vaille!
Tel est l’impérieux motif, précisément, pour lequel l’ONU, pas plus que l’OTAN ou l’UE, ne devrait jamais reconnaître l’abominable régime de ces nouveaux barbares que sont les Talibans!
Honte à l’Occident
Telle est aussi la raison pour laquelle le Front National de Résistance, à l’instar de la société civile afghane en son ensemble, condamne fermement et désapprouve non moins vigoureusement les négociations ces jours-ci, à Oslo, capitale de la Norvège, de certains pays occidentaux avec ces mêmes Talibans: pareille initiative, de la part de ces dirigeants politiques, se révèle être, hélas, une énième trahison du peuple d’Afghanistan!
D’autant que dans ladite délégation talibane figure un certain Seraj Haqqani, aujourd’hui Ministre autoproclamé de l’Intérieur, mais naguère l’un des terroristes d’Al Qaïda les plus sanguinaires, recherché par Interpol et le département d’Etat américain lui-même (avec une récompense de 10 millions de dollars pour sa capture), responsable de multiples attentats meurtriers à travers le monde, avec des milliers de morts innocentes et, pour ces terribles méfaits, longtemps incarcéré, sous haute surveillance, dans la tristement célèbre prison de Bagrâm.
Bref: une honte, de la part de ces pays occidentaux, ces actuelles négociations d’Oslo, sous la houlette de pareils criminels, en vue de normaliser ses ultérieures relations avec cet ignoble régime dictatorial des Talibans!
D’où, urgente, cette interrogation: comment l’Europe, celle-là même que nous avons appelé de nos vœux, peut-elle accepter, sans vergogne, pareille forfaiture? Pis: c’est elle-même, ses plus nobles idéaux, qu’elle trahit ainsi, quels que soient ses arguments, fussent-ils certes de bonne foi, pour se justifier! L’Histoire jugera …
* L’auteur est philosophe et écrivain, conseiller spécial pour l’Europe du FNR.
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