Le chef de l’Etat et ses invités doivent réfléchir sur l’„initiative politique d’ampleur“ annoncée par M. Macron, et censée permettre l’émergence de consensus au moins ponctuels sur différents sujets. Sans pour autant chercher à amener globalement dans le giron majoritaire des formations qui ne souhaitent aucunement s’y rallier.
Ces dirigeants ont répondu à l’invitation présidentielle, mais en prenant soin de préciser qu’il ne s’agissait pas pour eux de voler au secours d’une majorité gouvernementale qui n’est que relative. Pourtant, telle est bien, en filigrane, l’ambition macroniste: non pas, bien sûr, de faire entrer purement et simplement dans la majorité tel ou tel parti d’opposition, mais du moins de pouvoir compter, au coup par coup, sur quelques renforts opportuns, ou au moins quelques abstentions salvatrices sur certains projets de loi.
Car M. Macron mesure sans doute – il a eu tout le temps de méditer sur ce thème lors de ses vacances au fort de Brégançon – combien il serait désolant, pour les Français comme pour lui-même, et pour la trace qu’il voudrait laisser dans l’histoire, que les quelque trois ans et demi qui lui restent à siéger à l’Elysée se déroulent comme s’est déroulée la première année de son second et dernier quinquennat. Mais comment „rebondir“, dans la configuration actuelle?
Déjà „l’après Macron“ pour Darmanin
Outre que la rentrée de septembre est traditionnellement propice aux bonnes résolutions, le chef de l’Etat peut se sentir d’autant plus enclin à y réfléchir que d’aucuns, dans sa propre majorité gouvernementale comme dans l’opposition, ne font guère mystère de travailler déjà à „l’après Macron“. Il n’y a certes là, en principe, aucune offense, puisque constitutionnellement le président sortant d’un second mandat ne peut en briguer un troisième. Mais il y a, au moins, la manière, et on conçoit que le zèle déployé sur ce terrain par son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ait tout de même de quoi l’irriter.
Au point qu’Emmanuel Macron avait dépêché dimanche à Tourcoing, où Darmanin tenait meeting en organisant une grande fête locale, sa première ministre Elisabeth Borne. Comme pour marquer que l’impatient, qui se veut le chantre des classes populaires dont il est lui-même issu, restait tout de même sous surveillance. Le ministre a manifestement su trouver le ton avec ses troupes, tant militantes que policières, mais il lui reste à élargir le soutien qu’il peut avoir dans l’opinion.
Issu du RPR, il vient de bénéficier du soutien explicite de Nicolas Sarkozy, dans le dernier livre de ce dernier, et va répétant que pour l’instant, un triomphe présidentiel de Marine Le Pen en 2027 est plausible, voire probable, s’il n’y a pas un grand sursaut de la majorité. De préférence autour de lui, mais cela, il ne peut encore que le sous-entendre. Il n’est pas cependant seul sur les rangs: son collègue des Finances, Eric Le Maire, ne rêve visiblement que d’une candidature à l’Elysée, de même que l’ancien premier ministre lui aussi issu de la droite, Edouard Philippe.
Une rentrée politique chargée
Dans l’opposition, à gauche, l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a surpris son monde, ce week-end encore, en faisant aux mélenchonistes une offre de services pour conduire, malgré les profondes divisions actuelles, une liste d’union aux élections européennes. En attendant mieux? Accueil mitigé, même si M. Mélenchon a approuvé la démarche. Chez les Républicains, le président du parti, Eric Ciotti, a de son côté réaffirmé, au cours d’un grand meeting à Nice, que le candidat qui s’imposait pour la présidentielle de 2027 était Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Cette agitation pré-présidentielle ne saurait faire oublier les problèmes qui s’annoncent pour cette rentrée, qui sera chargée. Notamment dans l’Education nationale, même si le nouveau ministre, le jeune Gabriel Attal, multiplie les propos rassurants, ou à la Santé. Il y aura aussi la loi sur l’immigration, qui subira les feux croisés de la droite et de l’extrême gauche, et le vote du budget, sur lequel plane déjà le spectre du 49-3 … Sans parler de la situation en Ukraine, au Niger – où l’ambassadeur de France est sommé par les putschistes de quitter le pays.
Bref, pendant que d’aucuns songent déjà à la succession élyséenne, le titulaire actuel et son gouvernement doivent s’attendre à des difficultés de rentrée beaucoup plus immédiates.
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