Dans le milieu militaire, cette tactique est utilisée afin de masquer la position exacte d’unités militaires à l’ennemi, par l’émission d’une fumée dense qui peut être naturelle, mais qui est, le plus souvent, produite artificiellement grâce à des grenades fumigènes.
Mais peut-être faut-il (re)commencer par le début.
Fin juillet, transparence oblige (sic), à l’insu de leur plein gré, des informations ont fuité de la part des responsables cités ci-dessus. Elles concernaient une nouvelle ligne de tramway Glacis – Porte-Neuve – Hamilius. Plusieurs variantes étaient évoquées sur plans, que le soussigné a pu consulter incognito dans une administration et qui étaient pratiquement sous-scellées. Pas question de faire des copies ou autres photos.
De rétropédalage en rétropédalage
Première variante, diabolique celle-là, une traversée en diagonale du Glacis vers „Amalia“, en traversant la „Kinnekswiss“, en la coupant même en deux. Sans rechigner. Rapidement, le ministre a dû battre en retraite. Politiquement inacceptable, trop destructrice. Dont acte.
Premier rétropédalage (d’après le dictionnaire, dans le contexte présent, ce terme désigne le fait de revenir en arrière, de revenir sur une décision qui a été prise).
Entre en jeu une deuxième variante qui traverserait le Parc municipal du Glacis, en longeant l’avenue de la Porte-Neuve, vers le boulevard Royal. Cette variante qui semble être celle qui a bénéficié, longtemps, des faveurs du ministre et de la bourgmestre, impacterait toujours fortement le Parc et même la „Kinnekswiss“. Les vestiges de la forteresse qui se trouvent au sous-sol ainsi qu’une trentaine d’arbres centenaires en feraient les frais. Une bande de plus de 30 m mangerait sur le Parc et, en partie, la „Kinnekswiss“. C’est cette variante que le directeur de Luxtram a défendue il y a deux semaines encore, déclarant à l’occasion que les vestiges et les arbres „seraient protégés au maximum“.
Ces paroles ont sonné dans les oreilles du soussigné. Des plans précis existent, ils ont été consultés discrètement dans une administration, pas possible d’avoir une copie ou autre. Le citoyen n’est pas censé, a-t-on l’impression, d’être informé avant que les décisions soient prises définitivement. Dès lors, le bulldozer, à prendre au premier et au second degré, donc à la fois physique et politique, des responsables politiques s’est mis en marche, ratissant tout sur son passage. D’aucuns appelaient cela, il y a des années (lumières?), la démocratie de base (probablement à l’envers!). On va donc mettre le citoyen devant le fait accompli. Des (mauvaises) méthodes aussi vieilles que le mépris du responsable politique vis-à-vis du citoyen, une nouvelle façon tellement ancienne de concevoir la relation entre les deux. Le ministre ose même affirmer que cette variante ne constitue pas une traversée du parc, il joue (faussement) sur la signification du terme „traversée“. C’est vrai qu’on n’a pas toujours un dictionnaire à côté de la main, que l’on soit ministre ou non. Cette variante, au fil de l’évolution du dossier, est, elle aussi, la peur au ventre, abandonnée, pour le moins rhétoriquement, dans la presse et ailleurs, alors que tous les documents consultés démontrent le contraire.
Deuxième rétropédalage? A voir!
Vient la cerise sur le gâteau, comme dirait mon ami Marcel. Devant la levée de boucliers dans la presse, notamment sous la plume d’associations et du soussigné, voilà qu’une nouvelle variante vient d’être pondue et présentée par le conteur d’histoires belges devant le micro complice du journaliste évoqué plus haut. Cette variante se limiterait exclusivement à emprunter la voie bétonnée existante de l’avenue de la Porte-Neuve et n’impacterait pas du tout, mais alors pas du tout, je vous le jure sur la tête de mon ministre, le Parc municipal. Aucune branche d’arbre, aucune brindille, voire aucune feuille ne sera impactée, les vestiges de la forteresse enfouis sous terre, çà et là, ne seront pas touchés, toutes les informations contraires, parues dans la presse, ne sont que, dixit, „des spéculations“. D’après le dictionnaire que j’ai sous la main, ce terme désigne toute construction abstraite, tout commentaire arbitraire et invérifiable.
Quel culot, le mec!
Le citoyen qui répète à l’identique les mots du directeur précité est épinglé et traité de „spéculateur“ par ce même directeur. Quel humour noir, ces Belges, je n’en finirais pas de rigoler si le sujet n’était pas aussi sérieux.
Dernier rétropédalage, jusqu’à nouvel ordre
En fait, aujourd’hui, nous sommes confrontés au troisième rétropédalage endéans de quelques semaines seulement. Arrêtons-nous-y un instant pour commenter cette drôle de façon de communiquer qui rend tout dialogue politique impossible, voire tarabiscoté. L’arme utilisée est celle du poker menteur, en société un jeu de dés basé sur le bluff ou, en politique, une action ou manœuvre visant à tromper quelqu’un. Mais même cette variante risque de connaître son rétropédalage dans quelque temps. En effet, l’utilité même de ce tronçon est loin d’être claire, le principe de la nécessité même n’a pas encore été démontré, le coût immense n’est pas défini, les dégâts collatéraux précis sont encore un mystère, pour la plupart.
Au cas où cette troisième variante connaîtrait, à l’instar de ses prédécesseurs, des jours difficiles, je propose aux responsables de prévoir une variante supplémentaire consistant à faire décoller le tramway pour éviter tout impact négatif sur la biodiversité de la ville, en train d’être bétonnée partout.
Mais blague à part.
Cette façon de changer en permanence de pied rend tout débat démocratique impossible et c’est exactement le but recherché. On ose critiquer une proposition, voilà qu’on nous sort du chapeau magique une deuxième, tout en reniant la première, et ainsi de suite.
Nouveau mot d’ordre depuis quelques jours: l’avenue de la Porte-Neuve sera plus belle après que maintenant. S’il vous plaît: défense de rigoler, place au cynisme absolu! Les expériences récentes de bétonnage systématique laissent craindre le pire.
Des mots, toujours des mots, alors que les citoyens demandent du concret. Il est de notoriété que les géants de l’immobilier, depuis des années, dirigent la politique urbanistique et architecturale catastrophique de la Ville de Luxembourg. Voilà maintenant qu’ils sont rejoints par de soi-disant technocrates qui dessinent leurs lignes, si possible droites, sur leur ordinateur sans tenir compte de l’âme d’une ville, de ses exigences humaines et écologiques, voire historiques. Et la soi-disant élite politique, tous partis confondus, suit le cortège, bouche cousue et lunettes obstruées.
Question centrale, au-delà de toute autre considération de protection: à qui profite le crime, à qui profite ce futur tronçon probablement né dans la tête d’un technocrate ou d’un bureau d’études avant d’atterrir sur le bureau d’un responsable politique, dont la tâche principale consistera en fin de course, à procéder à une inauguration sous les feux de la rampe?
Ça va pas la tête?
Le meilleur pour la fin, comme un pousse-café.
Des mauvaises langues prétendent que la justification majeure de la nouvelle ligne concerne un problème situé … place de l’Etoile.
Lisez bien.
Il s’agirait de permettre au futur tramway qui ira vers Strassen/Mamer, de mieux négocier le virage délicat situé au niveau de la place mentionnée. En d’autres termes, il y aurait un problème majeur si le tramway, en provenance de l’arrêt Faïencerie, devrait rejoindre la route d’Arlon, l’angle du virage serait trop aigu, au niveau de la place de l’Etoile. Tel ne serait pas le cas si la rame, en provenance de l’avenue Emile Reuter, donc du boulevard Royal, après avoir traversé le parc, le long de l’avenue de la Porte-Neuve, pourrait filer tout droit via la place de l’Etoile vers Strassen/Mamer et vice versa. Il faut savoir que ce problème existerait seulement pour les rames en provenance de Kirchberg, mais pas pour celles, remplies certainement davantage, en provenance de la Gare centrale, qui passeraient sans problème par la rue Emile Reuter pour „traverser“ la place de l’Etoile, pratiquement tout droit.
Cet argument ne tient pas la route, il est inacceptable dans la mesure où, pour régler un mini-problème place de l’Etoile, on crée un maxi-problème au niveau du Parc municipal. Pourquoi ne pas prévoir un changement de rame place de l’Etoile pour les voyageurs en provenance de Kirchberg direction Strassen et, au retour, pour ceux qui veulent faire le trajet Strassen – Kirchberg?
Pourquoi laisser faire les technocrates et autres spécialistes qui se foutent royalement du parc et qui ne voient que leur petit problème par le bout de la lorgnette (d’après le dictionnaire: ne s’intéresser qu’aux détails d’une chose, qu’à son aspect accessoire et en exagérant l’importance).
Sans même évoquer les coûts financiers … exorbitants!
„Ma hu mir se dann nach all?“
Ça va pas la tête?
* René Kollwelter est un ancien conseiller communal et ancien député.
Zitat: „Ma hu mir se dann nach all?“
Ma déi Fro kann een sech bei där aktueller Regierung zurecht stellen!