La version française de ce mouvement s’appelle #balancetonporc et se propose de briser l’omerta et de dénoncer toute forme de sexisme quotidien ou autres agressions sexuelles. Ce mouvement a incontestablement changé la perception envers l’impunité des agresseurs masculins et même bouleversé la lutte féministe. Il s’agit donc prioritairement de la part des femmes concernées de dénoncer ouvertement les comportements inadmissibles et dégueulasses de nombreux hommes.
Mais ce n’est pas d’agressions ou de harcèlement sexuels dont j’entends vous parler ici et maintenant, mais de harcèlement moral ou professionnel, peut-être moins spectaculaire, mais tout aussi dévastateur. Les auteurs ne sont pas, une fois n’est pas coutume, des hommes mais deux femmes publiques, une députée européenne du Luxembourg d’une part, et la femme du Grand-Duc, appelée abusivement Grande-Duchesse, d’autre part. Et les victimes sont à la fois des hommes et des femmes, employés par l’une ou par l’autre; il y a donc, à chaque fois, une relation hiérarchique dont ces deux dames ont abusé pour maltraiter des subordonnés. Je ne suis pas sûr qu’elles méritent le qualificatif de grande dame, vu leur comportement respectif loin d’être remarquable ou d’une haute qualité morale.
Voilà pour quelques détails introductifs.
Une eurodéputée du DP récidiviste
Il y a deux ans la députée, à l’époque encore membre du DP, depuis ses débuts sous la protection paternelle de l’autre eurodéputé du même parti, avait été suspendue pendant 15 jours de ses activités parlementaires par le président du Parlement européen de l’époque pour „harcèlement psychologique des assistants“. Pas la peine d’entrer dans tous les détails. Toujours est-il que cette affaire avait causé des dégâts, notamment politiques, à Luxembourg comme à Bruxelles.
La renommée du Luxembourg avait pris un coup sur la place publique bruxelloise. Résultats des courses: la députée en question a quitté le parti, mais continue de siéger à côté de l’autre eurodéputé du DP dans le groupe Renaissance (sic) du Parlement européen. A cet autre député, éternel membre du PE, „cela lui en touche une sans faire bouger l’autre“, comme aimait le répéter un ancien président de la République française. En français populaire on dit: „Il s’en bat les couilles“.
Alors qu’on avait l’impression que la tempête s’était calmée entre-temps, pas de nouvelles, ni bonnes ni mauvaises, de cette parlementaire, complètement disparue de la circulation. D’aucuns voulaient déjà lancer un avis de recherche … Aucune parole politique, aucune initiative digne de ce nom, silence radio complet …
Il faut espérer qu’elle n’a pas oublié de prélever son indemnité mensuelle, aucunement liée à un quelconque travail (quel nom étranger!) ou quelque chose qui lui ressemble.
Ce n’est certainement pas un hasard si le nouveau parti politique appelé „faux culs“ avait déjà commencé une drague politique pour ramener cette dame au bercail. Quelle bonne affaire en perspective d’avoir d’un coup magique une élue sans devoir passer par la case élections. Du grand art en perspective pour le nouveau parti qui veut faire du neuf avec du (ou des) vieux!
Et maintenant rebelote!
Fin novembre 2022. Enfin des nouvelles de notre eurodéputée! La voilà enfin au travail? Trop beau pour être vrai!
„Merde alors!“, se serait exclamé notre ministre des Affaires étrangères en y regardant de plus près! La voilà de nouveau sous le feu des critiques pour des histoires analogues à celles de l’année dernière, mais en pire. De nouvelles sanctions l’attendent au coin de la rue. Même si la présidence du Parlement fait profil bas, il se murmure qu’il y aura du lourd en termes de sanctions. Les accusations présumées fusent: exigences incroyables envers ses collaborateurs, charge mentale permanente, huit collaborateurs consommés depuis le début du mandat il y a plus de deux ans, démissions en cascade de membres de son équipe d’assistants, exigences impossibles et changeantes systématiquement, mauvaise ambiance de travail et mauvaise gestion. Dans un quotidien luxembourgeois on mettait même en doute les capacités intellectuelles en parlant de „(…) manque de compréhension et de préparation de cette personne, ignorance des contextes et des procédures politiques“, alors qu’elle est membre de cette institution depuis presque trois ans.
Tout cela est à la fois scandaleux et triste. Alors que les partis politiques sont en train de peaufiner leurs listes pour les deux élections communales et législatives qui se profilent, il faut espérer que des leçons de cet épisode pénible seront tirées.
Alors que la tendance de présenter des candidats qui n’ont aucune culture ou formation ou expérience politiques va croissant, la situation et le comportement de la députée européenne devrait faire réfléchir. Il ne suffit pas de prendre un tel parce qu’il était un excellent sportif, qu’il a battu tous les records de présence à des événements culturels, sportifs, sociaux, ou parce qu’il est un chanteur ou un acteur bien connu, parce que sa binette passe régulièrement à RTL, parce que c’est le fils de son père etc., etc. Mais les responsables de ces listes sauront-ils résister à ces tentations? Il est permis d’en douter.
La femme du Grand-Duc également récidiviste
Autre péripétie du même calibre, mais ailleurs. Dans son édition du 9 décembre, l’hebdomadaire Lëtzebuerger Land (LL) a relaté les tribulations de la femme du Grand-Duc, auto-proclamée Grande-Duchesse, appelée et se faisant appeler abusivement et régulièrement ainsi par une grande partie de l’opinion publique, presse comprise (un tel titre est inexistant dans notre Constitution), face à un certain nombre de collaboratrices et collaborateurs qui travaillent pour la nouvelle Maison du Grand-Duc.
En fait on se croirait revenu plusieurs années en arrière au moment où le Premier Ministre avait déjà chargé un ancien très haut fonctionnaire de confectionner un rapport sur le fonctionnement de la Cour grand-ducale sous les aspects organisationnels et financiers, sur les problèmes de relations de travail entre cette dame et une partie de ses collaborateurs. C’est vrai que des reproches de harcèlement et de traitements abusifs avaient fusé, voire fuité. Ce rapport proposait également un nouvel organigramme censé mieux organiser et responsabiliser le personnel de la Cour, entre-temps plus de cent (?) personnes. En effet un turn-over trop important, une consommation trop importante d’employés, avec tous les problèmes inhérents à cette situation, notamment financiers et juridiques, avait fini par inquiéter le Premier Ministre qui voulait, à juste titre, davantage de transparence dans un ensemble obscur, une Cour barricadée derrière une enceinte élevée, baladée à tout vent, sans boussole, sans organigramme précis, laissant la porte ouverte à l’arbitraire, à un management douteux et inefficace, peu transparent, au train de vie dispendieux.
En plus des comportements plutôt dignes d’une mégère que de la femme du Grand-Duc. Des événements, des agissements, des fautes graves qui, normalement, auraient mérité une comparution devant le tribunal du travail, ont été gérés „à la luxembourgeoise“, loin des caméras ou autres articles de presse, à l’abri des regards, en tout petit comité. Un chef d’entreprise lambda, accusé de harcèlement moral, aurait certainement connu un traitement moins favorable.
La Cour brûle-t-elle?
Que ce soit clair: il est inadmissible que la femme du Grand-Duc continue allégrement de transgresser les règles élémentaires du droit du travail en bafouant la dignité de ses subordonnés. Peut-être qu’elle ignore, vu sa position, le rôle d’exemplarité inhérent à sa position, surtout dans notre démocratie qui aime s’adjoindre le qualificatif de „sociale“.
Alors qu’on pensait que la messe était dite avec les nouvelles dispositions appliquées, voilà qu’on devrait ressortir de son chalet campagnard l’ancien haut fonctionnaire et auteur du rapport pour reprendre du service. La Cour brûle-t-elle de nouveau? Tout porte à le croire, il suffit de lire le papier non contesté du LL. Pas envie de rentrer dans tous les détails. Le Premier Ministre est demandé à la cabine de pilotage. Il faudra passer à une autre stratégie.
Comme la femme du Grand-Duc semble préférer, et je peux la comprendre, la ville basque de Biarritz et son bling-bling aux longues soirées d’hiver tristes à Colmar-Berg. Comme manifestement elle n’est pas capable de diriger une équipe de fonctionnaires sans faire du grabuge, le LL suggère d’avancer la date de la succession du Grand-Duc. Pas une mauvaise idée, car trop de mauvaises nouvelles en provenance de la Cour grand-ducale pourraient jeter de l’huile sur le feu de ceux qui préfèrent de toute façon une République à cette monarchie d’un autre temps.
Votre serviteur fait d’ailleurs partie de cette catégorie de personnes. Cela permettrait également à la femme du Grand-Duc de se consacrer totalement à „son“ ONG de luxe qu’elle a créée il y a quelques années et qui s’appelle „Stand Speak Rise up!“. Cette dernière se propose de réunir que des gens bien, du gratin, si possible au sang bleu ou tout au moins au portefeuille bien rempli, ou au statut social élevé, pour lutter contre les violences sexuelles en zones de guerre, qui se trouvent heureusement à mille lieues de cette jolie station balnéaire basque, où le gratin en question aime bien se rencontrer dans un entre-soi protecteur. L’ONG citée a l’habitude d’organiser des grands raouts dans un hôtel de luxe à … Biarritz justement (sic), où ces personnes distinguées ont l’habitude de se rencontrer pour réfléchir à la destinée de leur organisation. Certes, on peut évoquer plus facilement les problèmes du monde en dégustant du champagne et des petits fours …
Quelle crédibilité cette dame possède-t-elle encore s’il s’agit de mettre en vitrine à grande pompe et „aux frais de la princesse“ (ou du contribuable) ses engagements humanitaires loin du Luxembourg, alors qu’ici même elle n’est pas capable de respecter le minimum syndical envers ses subordonnés traités comme des sujets, des vassaux.
Dans ce contexte, mon ami JC m’a suggéré de proposer un changement de nom pour l’ONG en question. Elle pourrait s’appeler dorénavant, pourquoi pas, „Sit Down And Shut up!“.
Voilà qui est fait.
Si un des lecteurs du présent papier était appelé à offrir prochainement un cadeau à nos deux récidivistes, par exemple pour un anniversaire ou autre, mon conseil porterait sur un petit objet appelé violentomètre, un outil qui sert à mesurer le climat de violence qui peut régner dans une relation amoureuse ou de travail. Il s’agit également d’un outil de prévention qui montre la toxicité que peut avoir une relation, professionnelle ou autre, et les degrés de violence inhérente, notamment verbale …
Nos deux récidivistes vous remercient d’avance!
WeTwo vous saluons!
* René Kollwelter était conseiller communal de la Ville de Luxembourg pendant 24 ans, député et conseiller d’Etat
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