On m’a chaudement recommandé d’aller à Canossa ces jours-ci, de me confesser à la première occasion, de demander pardon, de cacher le plus possible mes anciens agissements quand je faisais semblant de servir mon pays alors que je me suis surtout servi moi-même, de faire profil bas, de regretter d’avoir agi contre l’intérêt de mon parti et d’avoir pris mes collègues de parti, mais surtout mes électeurs, pour des cons, d’avoir seulement agi pour le goût du lucre.
Sincèrement, est-ce que vous n’auriez pas fait pareil à ma place ? Est-ce que après avoir été ministre pendant 15 ans, vous auriez accepté de vous retrouver sur le banc du Parlement, de vous taper des collègues qui n’ont pas le niveau, de faire des discours dans le vide, de vous retrouver en permanence dans la minorité, d’aider gratuitement votre parti à retrouver des couleurs, de renoncer à votre chauffeur et à votre voiture de fonction, de ne plus pouvoir serrer régulièrement la main du Grand-Duc alors que vous avez toujours rêvé d’occuper un jour un trône … mais surtout pas un siège de „simple“ député?
C’est vrai que j’étais persuadé que les élections nationales servaient à mettre en place un gouvernement et non une Chambre des Députés. Si on me l’avait expliqué avant, j’aurais fait autrement, j’aurais accepté le mandat de parlementaire pour lequel mes électeurs m’avaient élu, même si dans la hiérarchie protocolaire, j’aurais été rétrogradé de plusieurs rangs avec la certitude que ceux qui m’auraient précédé sont nuls, alors que les projecteurs m’avaient évité davantage alors que j’avais pris tellement l’habitude de briller, surtout après avoir mis de la pommade sur ma belle chevelure, toujours blonde à 60 ans. Qui aurait encore capté mon sourire artificiel, les rides de mon front qui dégagent une impression de quelqu’un qui est en train de réfléchir en permanence, mon arrogance quasi naturelle qui me donne l’illusion d’être constamment au-dessus du lot, d’être le meilleur selon mes propres critères?
Je demande également pardon (ça ne coûte rien et fait partie de tout opportuniste ou défroqué qui se respecte) pour les différents flops ou couacs pour lesquels j’étais critiqué, mais dont je n’étais nullement responsable. Même si les tractations de la vente d’une partie de Cargolux et de la BIL, notamment, ont brillé par leur manque de transparence, je jure sur la tête de mes électeurs, biaisés certes, que cela n’y était pour rien dans les divers postes que j’ai pu occuper par après. Même l’intervention de l’Etat pendant la crise financière a été surjouée par moi alors que tout simplement j’ai pris l’argent du contribuable pour éviter la faillite d’une banque privée. Mais l’important pour moi a toujours été d’écrire moi-même le „storytelling“ de mes actes (appelé mise en récit ou accroche narrative, une méthode de communication fondée sur une structure narrative du discours qui s’apparente à celle des contes et des récits).
J’espère également que mes électeurs futurs ne se souviendront pas que pendant plusieurs années j’étais à la fois ministre de la Justice, de la Police et de l’Armée, une situation qui était unique et impensable dans tout Etat de droit qui mérite ce nom. Mais pour compenser (compenser quoi?), il m’a fallu un poste qui me fasse apparaître plus grand que nature, ainsi le „law and order“ a toujours été un mantra de la droite pure et dure pour cacher autre chose, pour donner l’illusion de garantir au mieux la sécurité des personnes. J’ai d’ailleurs l’intention d’en remettre une couche dans ce domaine-là, vous ne perdez rien à attendre, j’ai quelques idées là-dessus.
J’espère également que mes futurs électeurs ne se souviendront pas que j’ai toujours été réticent pour toute augmentation du salaire social minimum, ce terme étant pour moi surtout synonyme de coûts supplémentaire pour les entreprises et non un coup de pouce pour ceux qui se trouvent, par rapport à moi, à l’autre bout de la hiérarchie sociale ou salariale.
Par ailleurs je suis en train de réfléchir à la meilleure manière pour cacher, jusqu’en octobre, mon hostilité fondamentale à toute forme d’indexation des salaires, même si mes tranches indiciaires à moi, à chaque fois, crèvent tous les plafonds. Mais je n’y suis pour rien si dans notre société, les compétences, les carnets d’adresse, les études et diplômes, sans parler du paraître, sont rémunérés à leur juste valeur, surtout si on y ajoute un appétit pécuniaire et un goût inné pour occuper le plus de postes possibles et imaginables. Heureusement que j’ai décliné, contrairement à d’autres anciens ministres socialistes, des postes dans diverses entreprises ou banques russes, l’Ukraine nous salue …
Pour contrer les malveillants j’ai d’ailleurs prévu de raconter le bobard classique consistant dans l’affirmation qu’en briguant le poste de Premier ministre je gagnerai à peine un tantième de mes revenus actuels, tout en sachant que depuis dix ans j’ai eu le loisir de bien remplir ma cagnotte, placée dans diverses banques de la place ou à l’étranger. La preuve que l’amour du prochain, la plus grande fumisterie qui existe chez les nantis, n’a jamais empêché quiconque à penser d’abord (ou uniquement?) à soi!
Pour l’instant je suis en train de réfléchir de quelle manière je pourrais agir pour cacher mes agissements dans l’affaire „Bommeleeë“, vous savez le plus grand scandale judiciaire au Luxembourg, à côté de l’omerta entourant les prêtres pédophiles. Certes, je connais les auteurs de ces attentats qui sont localisés à l’ancienne direction de la Police, mais je ne cesse de déclamer et d’utiliser la pirouette „qu’il me manque les vrais preuves“. J’espère qu’aucun journaliste d’investigation prendra à bras-le-corps ce sujet pour le remonter à la surface, j’ai trop à y perdre, notamment ma proximité et mon amitié pour un ancien directeur de la Police, un voisin presque.
Voilà, on arrive à la fin de ma confession.
J’espère qu’en octobre les électeurs ne m’en voudront pas d’avoir toujours pris les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.
J’espère que la courte campagne électorale permettra d’éviter qu’on parle trop du passé et, surtout, de mon passé. Je ferai tout pour ne parler que des lendemains, même s’ils ne chantent pas.
Sachez que pour ne pas nourrir la polémique, je raconterai également des bobards pour détourner l’attention des sujets qui brûlent, je ferai tête basse ou le canard à chaque fois qu’on cherchera à me flinguer.
Pour ce faire je compte sur l’appui, ouvert ou discret, de mes vrais amis qui m’ont désigné président de la Chambre … de commerce.
Je me sens obligé de faire fonctionner le retour d’ascenseur. Mais pour ce faire il faudra attendre l’après-élections …
Bien à vous
(s) Luc Brieden
@trotinette josy - Dat hei ass och éen vun denen, déi éen jorelang net heiren huet, an fir Wahljoer kommen se aus dem Keller.
Das schreibt genau der Richtige. Wer im Glashaus sitzt sollte nicht mit Steinen um sich werfen.
Schued dass CSV keen aneren an senge Reien huet wéi de Lucky Luc fir erem déi lang erhofften führend Roll an onser Politik ze spillen.De René Kollwelter huet genau d'Fonktionnement vum L.L. beschriwen, alles gesot. Huet CSV wirklech keng aner Leit an hire Reien fir erem den sozialen Charakter vun der CSV an de Virdergrond ze stellen? Losst iech beroden vum Jean-Claude Junker, dee seet iech wéi en e Spëtzekandidat opbaut . Virwat net e jonken kapabelen Kandidat oder Kandidatin deen/déi bewissen huet, dass en/se déi Roll kann erfellen. Wann d'CSV dess Kéiër erem net an d'Regierung kennt, ass CSV um Enn.
Wéi soot den Conter zu eis Bouwen, liest dem Molière säin Tartuffe, dann wësst dir wéi ët hei an der Politik leeft.
Tja, hätte mer ërem sou een vun Nazareth den d'Pharisäer aus dem Tempel géif geheien.
Mais oui. Les Gerd Schroeder,Semedo,Strauß,Trump,Berlusconi,BoJo...la liste est infinie, ont tous agi pour le bien du peuple. Mais Lucky Luc n'hésite pas de revenir à bord quand il s'est mouillé les pieds.Alors qu'il pourrait se retirer aisément avec les pensions qu'il touche. Les chrétiens ont plusieurs problèmes.Mais le pire est qu'ils n'ont pas de successeur pour JCJ et leurs électeurs disparaissent lentement par usure et décès. La prochaine défaite pour les chrétiens se montre à l'horizon.
it is perfect ..
Luc =könnt vu Luce
vläicht geet elo emmen eng Liichtchen op!