Monsieur Alexandre Loukachenko,
Président de la République de Biélorussie,
Ce 23 mai 2021 a été arrêté manu militari, puis emmené en détention pour un hypothétique délit de „terrorisme“, un de vos ressortissants, Roman Protassevitch, journaliste, de réputation internationale et plus particulièrement en Europe, dont la déontologie professionnelle tout autant que les compétences intellectuelles et qualités morales ne sont plus guère à démontrer au sein du monde libre, civilisé et démocratique en son ensemble.
Nous ne nous prononcerons pas ici – mais peut-être ultérieurement et dans un autre contexte – sur la très contestable méthode, un inacceptable acte de piraterie aérienne, que vous avez utilisée pour procéder à cette arrestation, arbitraire de surcroît, en détournant, au risque de mettre en danger la vie de pas moins de 171 passagers civils et innocents, le vol d’un avion de ligne (vol 4978, reliant les deux villes européennes d’Athènes et Vilnius, de la compagnie Ryanair) alors escorté pour parvenir à cette fin – l’atterrissage à l’aéroport international de Minsk, capitale de votre Etat – par des avions de combat MIG-29, eux-mêmes lourdement armés, pour aggraver la situation et rendre ainsi d’autant plus périlleuse cette opération déjà délicate en soi, de plusieurs missiles air-air!
Certes ne voulons-nous pas nous immiscer non plus, par cette lettre ouverte que nous vous adressons ici, dans les affaires internes de votre pays, ni nous aventurer en de vaines et donc contreproductives polémiques en la matière, bien que l’esprit qui est le nôtre, résolument attaché aux inaliénables principes de la démocratie comme aux non moins imprescriptibles valeurs de la tolérance, ait d’importantes critiques à adresser à votre gouvernance.
Mais ce que, néanmoins, nous vous demandons instamment ici, de manière urgente et toutes affaires cessantes, c’est, au nom de la liberté de pensée et de parole, et suivant en cela ces illustres exemples d’esprit profondément démocratique que furent Emile Zola au temps de l’affaire Dreyfus ou Voltaire au Siècle des Lumières, de libérer votre concitoyen, et notre ami aussi, Roman Protassevitch. Le simple mais noble sens de l’humanité, sinon nos humbles signatures en cette lettre ouverte que nous vous adressons ici officiellement, vous en saura gré!
Au nom, Monsieur le Président, de la dignité humaine, des droits de l’homme et de la femme, sans lesquels il n’est point de politique, sous quels que régimes et en quelles que nations que ce soient, qui vaille, à court, moyen ou long terme!
Signataires en bonne et due forme
Daniel Salvatore Schiffer (philosophe, écrivain, professeur à l’Ecole Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège), Stéphane Barsacq (écrivain, éditeur), Véronique Bergen (philosophe, écrivaine), Hélène Bravin (auteure, essayiste), Jean-Marie Brohm (sociologue, professeur émérite des universités); Brice Couturier (journaliste, essayiste), Luc Ferry (philosophe, ancien ministre français de l’Education nationale), Céline Masson (professeur des universités, Université de Picardie Jules Verne), Eric Naulleau (animateur de programme télévisé); Fabien Ollier (directeur des éditions „QS?“); Robert Redeker (philosophe); Eric-Emmanuel Schmitt (écrivain), Jacques Sojcher (philosophe, écrivain); Guy Sorman (économiste, essayiste); Pierre-André Taguieff (philosophe); Valérie Trierweiler (journaliste); Alain Vircondelet (écrivain, universitaire), Jean-Claude Zylberstein (avocat, écrivain, éditeur).
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