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FranceLes violences urbaines gagnent en étendue et en brutalité

France / Les violences urbaines gagnent en étendue et en brutalité
Cette image prise à Roubay n’illustre pas une attaque russe en Ukraine, mais le résultat d’actes de violences perpétrés par des soi-disant „manifestants“  Photo: AFP/Denis Charlet

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Malgré un dispositif de sécurité inédit depuis longtemps, puisque quelque 40.000 policiers et gendarmes avaient été déployés sur les différents terrains des émeutes, la violence urbaine s’est déchaînée de plus belle dans la nuit de jeudi à vendredi. Et le président Macron a dû interrompre hier matin sa participation au sommet européen réuni à Bruxelles pour regagner Paris d’urgence, et y réunir à nouveau la cellule interministérielle de crise.

„Des scènes de guerre“, „On se croirait en Ukraine“, „On se sent impuissant face aux casseurs qui incendient nos voitures, nos bus, nos tramways, et pillent nos magasins“: les témoignages des habitants des quartiers où se sont déroulés les épisodes nocturnes les plus violents peuvent paraître un peu exagérés, mais les images qui tournent en boucle sur toutes les télévisions tendent tout de même à les légitimer. Et à semer dans toute la France une inquiétude à laquelle l’exécutif doit maintenant faire face. D’autant plus que ces violences ont à la fois gagné en superficie, et en brutalité.

En superficie: il n’est plus question de simples manifestations de „banlieues chaudes“ de la région parisienne ou même de quelques grandes métropoles régionales et autres quartiers présumés déshérités, les centres-villes aussi en sont désormais la proie. Davantage même, sans doute, car c’est là que se trouvent les bâtiments publics les plus nombreux, à saccager et/ou incendier, les banques avec leurs distributeurs de billets, et les boutiques bien pourvues en articles tentateurs sur lesquels faire main basse: bijouteries, magasins de luxe, ou de sport, comme le grand établissement d’une célèbre marque, dans la prestigieuse rue de Rivoli, au cœur du Paris historique, pillé lui aussi par les casseurs.

En brutalité, aussi. Les policiers et gendarmes sont harcelés de tirs de mortiers d’artifices, caillassés, et parfois victimes de tentatives, heureusement vaines jusqu’à présent, de les brûler vifs. Est cassé ou incendié tout ce qui peut l’être. La palme revenant sans doute, en Île-de-France, à ce dépôt de bus où, pour respecter l’interdiction de circuler édictée par prudence par les autorités régionales à partir de 21 heures, – mesure qui devait être étendue la nuit dernière à toute la France – avaient été parqués douze véhicules, en attendant de reprendre leur service public au matin. Tous ont été intégralement brûlés, de même que de nombreux autres plus disséminés, ainsi que d’innombrables abribus, et une rame de tramway. Coût estimé du remplacement de tous ces matériels par le conseil régional: vingt millions d’euros, que les contribuables franciliens devront fournir.

Contre ce qui bénéficie aux plus modestes

Plus préoccupant encore: ce sont les établissements sociaux qui sont particulièrement visés par les émeutiers. Non pas seulement les mairies et les commissariats de police, mais aussi les centres médicaux, les crèches, les complexes sportifs populaires, et surtout les écoles et les bibliothèques (celle, historique, de Marseille a ainsi été incendiée). Ce dernier choix de cibles par les casseurs est jugé particulièrement inquiétant, car il va bien au-delà du caillassage rituel des forces de l’ordre: ce n’est plus simplement à la légalité et ses défenseurs qu’ils s’en prennent, mais à toute une société et à ses valeurs culturelles. Avec un acharnement particulier contre ce qui bénéficie avant tout aux plus modestes: les transports en commun, l’éducation, le sport et la médecine gratuites …

Comme le drame du jeune Nahel – dont l’auteur, le policier auteur du tir mortel, attend désormais son procès en prison – semble désormais loin! Mais il n’en reste pas moins, pour le chef de l’Etat et son gouvernement, un angoissant problème: comment faire face sans tomber dans une contre-violence elle aussi extrême? Laquelle est particulièrement inenvisageable face à des émeutiers dont la moyenne d’âge est inférieure à 17 ans, tout particulièrement en cette période où les lycées et collèges ont déjà, en pratique, fermé leurs classes.

LFI encourage les violences, le PCF condamne

Certes, les chiffres publiés hier faisaient état de 875 interpellations, dont 408 à Paris, mais aussi de 249 blessés parmi les forces de l’ordre. Et un très fort dispositif de sécurité avait été reconduit pour la nuit dernière. Mais au-delà? La question d’une instauration de l’état d’urgence, réclamée par la droite, est revue dans la discussion hier devant la cellule interministérielle de crise, sans être encore tranchée. Pour au moins une bonne raison pratique: sa mise en œuvre impliquerait un couvre-feu général et l’interdiction des rassemblements, deux mesures qu’à l’évidence le pouvoir ne pourrait techniquement faire respecter, puisqu’il ne parvient déjà pas à contenir les émeutiers.

En attendant, M. Macron en appelle à la „responsabilité“ des familles, des réseaux sociaux et des partis politiques. A gauche, si La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon – dont l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a dénoncé hier „l’irresponsabilité, le cynisme et le mensonge“ – continue d’encourager les violences des casseurs, qu’elle considère comme une légitime insurrection populaire, à l’inverse le PCF condamne les destructions de biens communs, destructions et violences qui, a twitté son secrétaire national Fabien Roussel, „ne servent en rien notre combat pour la vérité et la justice“.