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CinémaL’emprise et l’émancipation

Cinéma / L’emprise et l’émancipation
Tel le gourou d’une secte, Grégoire (Melvil Poupaud) isole peu à peu Blanche (Virginie Efira)

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Le patriarcat et, plus précisément, la domination de l’homme dans une relation amoureuse hétérosexuelle est un sujet actuellement omniprésent et traité continuellement. Dans l’adaptation cinématographique du roman „L’amour et les forêts“ d’Éric Reinhardt, Valérie Donzelli révèle la naissance et l’évolution d’une relation abusive. Si elle recourt à un schéma de narration conventionnel, elle emprunte le bon chemin pour émouvoir.

Tel le gourou d’une secte, Grégoire (Melvil Poupaud) isole peu à peu Blanche (Virginie Efira), sa proie – une femme sensible et naïvement, voire aveuglément à la recherche du grand amour. Le manipulateur sait exactement quelle voie emprunter pour capturer les sentiments de Blanche et surtout comment la faire culpabiliser pour qu’elle reste attachée à lui – la culpabilité étant la chaîne par laquelle il la tient. Malgré un crescendo de romantisme mièvre, presque risible, de subtils indices indiquant le comportement toxique de Grégoire paraissent ponctuellement. S’en apercevoir est difficile quand on est amoureux et qu’on a tendance à idéaliser son partenaire.

Les interprétations puissantes de Melvil Poupaud et de Virginie Efira donnent la chair de poule en créant une tension à couper le souffle, dans les moments tant d’amour que d’explosion. Les acteurs réussissent admirablement à transmettre les émotions au spectateur, qui s’en trouve totalement absorbé par le film. Une certaine distance est créée par les prises de vue de l’extérieur des fenêtres et sans son, ce qui permet d’éprouver la détresse d’une femme désarmée et la difficulté de sortir d’une telle relation par peur. Elle se retrouve enfermée. On a là un exemple concret de la masculinité toxique – un terme bien souvent employé à tort.

Intense expérience

Il n’est certes pas facile de thématiser une question déjà abordée à l’excès sans tomber dans la banalité et les clichés. C’est une histoire assez simple, classique et maintes fois répétée sous différentes formes et pourtant très prenante et excitante pour sa reproduction exacte d’une potentielle réalité. De multiples éléments du film de Valérie Donzelli se rapprochent fortement du film „Les Nuits avec mon Ennemi“ de Joseph Ruben. Les rencontres captivantes et non moins bouleversantes entre l’amour et la haine, le devoir familial et la difficile sortie d’une cage font du film une intense expérience émotionnelle.