Headlines

Biennale d’architecture à VeniseLe space mining sera le sujet du pavillon luxembourgeois

Biennale d’architecture à Venise / Le space mining sera le sujet du pavillon luxembourgeois
Le projet „Down to Earth“ est porté par deux architectes et chercheuses à l’université du Luxembourg: Francelle Cane et Marija Maric Photo: Antoine Espinasseau

Jetzt weiterlesen! !

Für 0.99 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le Luxembourg sera représenté à la très politique 18e édition de la Biennale d’architecture de Venise avec le projet „Down to Earth“ développé par deux chercheuses en architecture, qui questionnent la limite des ressources et la volonté d’y remédier par la conquête des ressources extraterrestres.

„Ce sera une année particulière pour la biennale et pour nous-même“, déclarait mardi la ministre de la Culture, Sam Tanson, à l’heure de présenter le projet retenu pour représenter le Luxembourg à la biennale d’architecture de Venise du 20 mai au 26 novembre. Pour le Luxembourg, la nouveauté est dans l’attribution durable à l’établissement public Kultur | lx, chargé de représenter les artistes luxembourgeois à l’étranger, tout en maintenant la collaboration avec le Luxembourg Center for Architecture (LUCA).

Pour la Biennale, la première est que la curatrice en charge de cette 18e édition est issue du continent africain. Il s’agit de Lesley Lokko, d’ascendance ghanéenne et écossaise. Celle-ci a donné une forte coloration écologique à cette édition en en faisant un laboratoire pour le futur. „[La Biennale d’architecture] emprunte sa structure et son format aux expositions d’art, mais il diffère de l’art en des aspects critiques souvent inaperçus“, écrit-elle dans sa profession de foi. „Au-delà du désir d’écrire une histoire, les questions de production, de ressources et de représentations sont centrales dans la manière dont une exposition d’architecture vient au monde, mais sont rarement reconnues ou discutées. Depuis le début, il était clair que le geste essentiel du Laboratory of the Future serait le changement.“

L’architecture est ainsi amenée par la curatrice à se pencher sur les crises de l’humanité de manière très concrète, à assumer la responsabilité qui est la sienne dans l’amélioration du niveau des débats sur les plans climatiques, politique et éthique. Le projet retenu à l’unanimité du jury parmi treize dossiers colle parfaitement à cette aspiration. „Down to Earth“ interroge la pertinence du space mining, dont le Luxembourg est devenu un fer de lance. Il est porté par deux architectes et chercheuses en architecture à l’université du Luxembourg: Francelle Cane, doctorante au sein de la Chair of Urban Regeneration dont le sujet de recherche est la ruine à travers l’étude du sol, et Marija Maric, post-doctorante qui a travaillé sur le rôle des stratégies médiatiques dans la communication, la conception et la globalisation de projets urbains. „Cette délocalisation de l’exploitation des ressources d’une planète Terre épuisée vers ses coulisses ‚invisibles’, corps célestes, planètes et, finalement, la Lune elle-même appelle à une réflexion urgente sur l’impact que pourrait avoir un tel changement sur notre manière d’appréhender les notions de territoire, de ressources et de biens communs“, écrivent-elles dans la description de leur projet.

Un projet en trois volets

„Down to Earth“ explore ce que cette nouvelle course vers l’espace doit à „la logique extractiviste du capitalisme [aux] effets environnementaux et sociaux destructeurs“ et veut questionner l’appropriation par des entreprises privées de „biens communs planétaires“ mais aussi les relations entre exploitation minière et géopolitique.  Pour aborder le sujet, Francelle Cane et Marija Maric entendent reproduire un de ces nouveaux lieux secrets qui ont essaimé ces dernières années à travers le monde, à savoir les „lunar laboratories“ dans lesquels sont testées des technologies d’extraction minière. L’Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust de l’université du Luxembourg en dispose d’un au Kirchberg.

Or, ces lieux ne sont, à leurs yeux, „pas uniquement des espaces d’expérimentation scientifique, mais également le lieu de la fabrication médiatique de ‚imagerie des technologies humaines sur la lune“, soulignent les deux chercheuses. A l’Arsenale, un laboratoire lunaire sera reconstitué en suivant scrupuleusement le protocole de construction de telles installations, constituée d’un bassin rempli de sable basaltique et de roches artificielles. Il deviendra le lieu idéal pour questionner les récits, l’endroit où se déroule la „performance“ de l’extraction. Les visiteurs/euses pourront y accéder depuis une plateforme où seront accessibles les contenus développés à cette occasion: le film, les résultats d’un workshop et la publication.

Le film de 32 minutes, principalement tourné au Luxembourg, mais faisant des détours dans le monde entier, fut tourné avec le photographe et réalisateur Armin Linke, un des rares jusque-là à avoir photographié des laboratoires lunaires. Le workshop intitulé „How to: mind the Moon“ est organisé en collaboration avec le Centre canadien d’architecture et un groupe de chercheurs internationaux. Il traite de l’histoire des matériaux. Chaque chercheur participant, spécialisé dans l’exploration de l’espace et l’extraction, choisira un matériau dont il établira sa nouvelle carte d’identité à travers une lecture critique de son histoire, son utilisation ainsi que les enjeux géopolitiques ou raciaux qui en entourent l’exploitation. La publication intitulée „Staging the moon“ rassemblera des textes des deux curatrices et des photos d’Armin Linke et de Ronni Campana. 

Le LUCA a mis sur pied un programme-cadre pour accompagner cette Biennale au Luxembourg. Il invite le 22 mars à une conférence de Léa-Catherine Swacka, senior lecturer de l’université de Manchester, sur l’histoire de la Biennale, le 19 avril à une table ronde avec des curateurs et curatrices d’anciens pavillons luxembourgeois et le 21 septembre à la première conférence publique des deux curatrices au Luxembourg.