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EschLe choc des cultures: divergences entre occupants et gestionnaires du Bâtiment 4

Esch / Le choc des cultures: divergences entre occupants et gestionnaires du Bâtiment 4
Les conflits au bâtiment se sont même invités dans la campagne électorale. La banderole accrochée par Richtung 22 a été enlevée et détruite en douce.

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Deux associations, Bunker et CELL, ont dû quitter, au début du mois, le Bâtiment 4, contre leur volonté. Derrière les motifs de leur éjection se cachent des visions diamétralement opposées entre le gestionnaire FrEsch et plusieurs occupants sur ce qu’est la culture en général, et le Bâtiment 4 en particulier.

Affreux, sales et méchants. On pourrait ainsi résumer à gros traits la manière dont Richtung 22, CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg) et Bunker, occupants du Bâtiment 4, se sentent désormais considérés par l’association gestionnaire FrEsch ASBL. Sales quand ils se voient se reprocher d’avoir laissé pourrir de la nourriture pour expliquer la pollution de l’eau qu’ils avaient fait établir par un expert. Affreux serait plutôt dû à leur manière „zadiste“ – sous-entendu synonyme de moche – de décorer le Bâtiment 4, mais aussi d’aménager la „piazza“ située devant le bâtiment, d’où le CELL a dû évacuer ses jardins et abris à la va-vite, faute de pouvoir régler l’analyse de sécurité qu’on lui a subitement demandé de présenter. Quant à méchants, ce seraient les mots qu’ont, depuis des années, utilisé les associations Richtung 22 et Bunker pour dénoncer ce qui, à leurs yeux, cloche dans la gestion de ce tiers-lieu, né d’un appel à projets lancée par l’Œuvre Grande-Duchesse Charlotte en 2020 pour pallier le manque criant d’ateliers…

L’annulation d’une soirée organisée par Bunker par l’intermédiaire du collectic noc.turn – actif dans l’exposition de Cueva-Metzeschmelz et au lancement de la Konschthal – est venu ponctuer des mois de tensions et d’incompréhensions, où ce qui semblait possible durant Esch2022 ne le serait plus. Ainsi, pour la tenue de concerts, une nuit blanche avait été demandée et obtenue au nom de la Mesa qui aurait assuré la distribution de boissons. Mais au dernier moment, la commune a retiré l’autorisation, forçant l’annulation de la soirée. Ralph Wathmans, directeur des affaires culturelles d’Esch, explique que la convention avec Arcelor empêche de vendre de l’alcool – même s’il admet que cela a déjà été le cas lors d’une Nuit de la culture –, et d’organiser des soirées après 19.00 h. La soirée, électro jusqu’à 5.00 h du matin, qu’auraient fréquentée jusqu’à 100 personnes, n’avait pas été discutée avec le gestionnaire et n’aurait de toute façon pas été autorisée. FrEsch met en avant les risques de sécurité, après un petit départ de feu dans la cour, lors d’une précédente soirée, qui a occasionné l’usage d’un extincteur ensuite remis à sa place sans être signalé à la hiérarchie.

Gentrification vs sécurité

Entre partenaires proches, ce dernier incident n’aurait sans doute pas été un motif de séparation. „On a passé un an à rénover, à agencer l’endroit, à créer une petite communauté qui se rassemble, qui est contente“, s’offusque un membre de Bunker Arts + Vintage, atelier d’upcycling de vêtements par des artistes. „La décision intervient pile au moment où ça prenait, qu’une communauté se créait artistiquement, culturellement et aussi sociologiquement parlant. En face, on ne voit que le mal.“

L’insécurité pour les occupants se cacherait plutôt dans la mauvaise qualité de l’eau et des problèmes d’amiante dans certains espaces du bâtiment non décontaminé. Sur ces deux sujets, les deux camps s’opposent sur l’origine de la pollution, et dans ce dernier cas sur la responsabilité d’un groupe de musique qui aurait détecté ou, au contraire, déclenché le problème. Démêler le vrai du faux de ces sujets de conflits, parfois graves, qui passent aussi par le renvoi sur le champ de deux facilitateurs au début de l’année et des questionnements sur la manière dont le budget alloué au projet a été utilisée, requerrait davantage une enquête parlementaire qu’une enquête journalistique. Mais ce que révèlent ces déchirements, c’est une rupture de confiance totale et une opposition complète entre deux manières de considérer la culture.

C’est la fin de la capitale européenne de la culture qui semble avoir aiguisé le conflit. En septembre 2022, tout semblait encore au beau fixe quand FrEsch a proposé aux occupants de signer un avenant d’un an à leur convention pour rester jusqu’en mai 2024 et de déposer des projets pour se partager les 250.000 euros alloués à des projets baptisés „Post-Esch2022 carte blanche“. Les événements se seraient précipités lors d’un conseil d’administration en février dernier. C’est pourquoi depuis des mois, le discours du collectif Richtung 22 se fait encore plus offensif contre FrEsch et l’administration communale. Mi-mai, il avait installé à ses fenêtres une banderole „Ceci n’est pas une pub électorale Pim“ pour dire que les événements au Bâtiment 4 étaient le fruit d’un combat électoral. Elle a été décrochée en douce, supposément par des employés de la ville, durant le dernier week-end et brûlée au pied du bâtiment, selon le dernier message posté hier sur les réseaux sociaux par Richtung 22. Depuis hier flotte à sa place une banderole indiquant: „Don’t burn our banners.“ 

S’ils sont bloqués dans les années 90, qu’ils y restent et laissent le reste de la société s’émanciper

Un membre de Bunker

Ce que raconte Richtung 22 donne l’impression d’une reprise en main politique du projet incarné par la contestation du principe d’autogestion au fondement du concept de tiers-lieu culturel. Depuis le début de l’année, de nouveaux artistes auraient fait leur entrée dans les lieux sans passer par le filtre du collectif. A l’inverse, ce dernier aurait reçu la nouvelle mission de se répartir le budget artistique de 70.000 euros du Bâtiment 4 pour financer des projets baptisés „Cartes blanches“, que la commune ne peut financer. „Ce sont les spécialistes du ,diviser pour mieux régner’, on connaît cette formule. Mais en 2023, avec tous les enjeux sociaux politiques, économiques, qu’on affronte en Europe, s’ils sont bloqués dans les années 90, qu’ils y restent et laissent le reste de la société s’émanciper de ces conditions-là“, commente le membre de Bunker. 

Du côté de FrEsch, on concède une attention nouvelle aux règles. „On a fermé les yeux alors qu’on savait qu’il se passait n’importe quoi“, répond Ralph Wathmans. „Nous ne sommes pas propriétaires. Il existe un risque qu’on nous enlève le bâtiment, de mettre en péril le projet.“ C’est d’ailleurs aussi une question de sécurité qui vaut le départ de CELL et de son jardin communautaire. L’association bien implantée à Esch attendait la décision de financement de son projet avant de rendre l’avenant à sa convention et de pouvoir financer la réception de son jardin. Cette dernière a expiré avant de recevoir hier la lettre, indiquant la décision prise le 21 avril de ne pas la financer. „On pensait naïvement, parce qu’on nous avait dit qu’on voulait que nous restions, que nous pouvions laisser les installations dans l’attente de cette carte blanche, que tout allait bien se passer“, témoigne Marine Henry, en charge du projet.

Richtung 22 a obtenu 75.000 euros, mais ne compte pas se taire pour autant. „On a un problème structurel sur la manière dont on gère l’art à Esch“, souligne Gabriel.le de Richtung 22. „On veut de la subculture, des jeunes, quelque chose de dynamique, qui bouge, on veut un projet autogéré, mais la politique qu’ils portent est en fait une politique de gentrification. On veut des grands noms et on laisse les petites mains faire le sale boulot. Maintenant que le Bâtiment 4 roule, les gens qui l’ont fait rouler doivent sortir.“

Les 1,6 million d’euros alloués aux Francofolies passent mal. Ralph Wathmans met en balance les 25.000 spectateurs que draine ce festival et le million d’euros qu’a coûté le Bâtiment 4 jusqu’à maintenant. „On a tout fait pour avoir une culture alternative, même une opposition permanente, c’est super“, dit-il par ailleurs. Par contre, il faut toujours respecter les règles.“ Un récent accord oral avec ArcelorMittal a été obtenu pour une occupation du Bâtiment 4 pour six années supplémentaires. L’heure serait idéale pour une plus grande transparence.

Tola
8. Juni 2023 - 21.50

Reiche Burschen, die Beaux Arts studiert haben und weder Manieren noch von irgendwelche Regeln im Leben nie was gehört haben.